dimanche 26 avril 2009

9-HAITI, UNE NATION REBELLE

PAUL G. MAGLOIRE – PROSPECTIVES

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère

9-Haiti, une nation rebelle et désespérée pour mieux

Quand Président René Préval fit remarquer dans sa réponse à l’allocution de Madame Hillary Clinton, la Secrétaire d’État des Etats-Unis, visitant le pays le 16 avril dernier, qu’il était temps, après environ 50 années, de mettre fin à l’embargo économique contre Cuba, était-on en train de vivre enfin le réveil de l’âme altière des preux de 1804 en notre Président, ou un paradoxe tout simplement ? Car, au retour du chef de l’État au Sommet des Amériques, le pays est devenu la risée de certains leaders de la région et nous attendons encore la réplique indignée de Monsieur Préval, pour tout au moins qu’il fasse le point sur certains faits et nous redonne un peu de notre fierté de peuple.

En effet, la presse n’a cessé de répéter les déclarations du Premier Ministre de Trinidad et Tobago, Patrick Manning, qui accueillait le Sommet. Ce dernier déclara avec son collègue de Saint Vincent et Grenadines, Ralph Gonsalves, que c’est une honte d’avoir un pays comme Haiti dans la région et fit comprendre qu’ils n’étaient pas vraiment intéressés de savoir comment notre pays était arrivé dans un tel état de délabrement, mais que les leaders de la région devaient faire quelque chose. L’écho de ces déclarations désobligeantes s’est répandu au moment qu’une vidéo aussi, très troublante, circulait sur le Net. Cette vidéo a montré une scène où le Président du pays cherchait à attirer l’attention du Président Américain, Barack Obama, en le tirant par le bras sur les côtés, en dehors de tout protocole et que le President américain se désengagea pour saluer la Présidente de Chili qui était en face de lui. Cet impair pourrait être imputé au fait que Président Préval ne fait pas grand cas de l’étiquette. Mais, n’existe-t-il pas un lien entre ce fait et les déclarations des 2 leaders de la région ? Je vais essayer de démontrer que ce lien existe.

L’Obligation à la vérité
Ceci dit, il y a des questions liées à la Rencontre de Washington du 19 avril dernier qui méritent des éclaircissements. Par exemple, les 324 millions annoncés, par la Première Ministre, représentent à peine le tiers du milliard qui était prévu de sortir de cette rencontre pour financer les projets que le gouvernement compte lancer dans les deux prochaines années. Mais, Madame la Première Ministre a déclaré aux journalistes qu’elle était satisfaite, car elle avait préparé l’opinion publique à s’attendre à très peu, en mentionnant, avant son départ pour la rencontre, qu’elle allait chercher uniquement 125 millions d’aide directe pour le budget.
Nous avons déjà appris depuis le processus de ratification de la Première Ministre qu’elle a de grandes difficultés à dire la vérité. Mais, elle a cherché à faire avaler, sans retenue, la couleuvre que ses démarches ont été un succès. En effet, l’échec de cette rencontre est presque passé comme une lettre à la poste. Car, les responsables du gouvernement se sont bien gardés de dire quel était le montant total des projets qu’ils comptaient présenter aux bailleurs de fonds à Washington ? Quel est le montant que les bailleurs ont promis par année sur les deux prochaines années ? Et, quel est le montant total que les bailleurs ont promis de donner directement au gouvernement pour compléter le budget 2009-2010 ? Si ces réponses étaient données sans de faux fuyants pour chercher à noyer le poisson, il apparaitrait que le gouvernement n’a pas les fonds pour mener à terme le budget. Et compte tenu de l’engagement pris qui interdit que le déficit du budget soit financé par la banque centrale (BRH), les autorités seront très bientôt acculées à faire des coupes sombres dans l’administration et à mettre de l’ordre dans leur gestion, en réduisant les gaspillages, la corruption et en apportant une amélioration dans l’efficience de leur gestion. D’ailleurs, des mesures de ce genre pourraient porter les bailleurs à considérer une enveloppe additionnelle, malgré que les nouvelles venant du Canada fassent savoir que ce pays n’est pas prêt à donner directement de l’argent au gouvernement Préval/Pierre-Louis, à cause de la corruption. N’est-il pas temps que nos politiques soient tenus responsables de nous dire la vérité, au lieu de nous mettre face à des situations de fait accompli qui expliquent que des leaders caribéens pensent que nous sommes, aujourd’hui, une honte pour la région ?
De l’autre, le Sénat Haïtien a voté le budget 2008-2009 sans discuter des résultats de la Conférence de Washington et de l’état financier du pays. Comme d’habitude, ce budget ne reflète aucune mesure d’envergure en faveur des grands problèmes que confronte le pays. Seulement 15 millièmes du budget ont été alloués aux municipalités, là où il faudrait au moins 20%. Ensuite, au moment de la célébration de la « Semaine d’action mondiale de l’éducation », un mouvement qui vise l’éradication de l’illettrisme, l’analphabétisme et encourage l’éducation universelle, le Sénat s’est donnée « bonne conscience » en allouant la modique enveloppe de 3 millions de gourdes à la Secrétairerie d’Etat à l’Alphabétisation pour l’achat de matériels. Il n’y a pas même eu une discussion sur le programme d’alphabétisation qui avait été inauguré, en grande pompe, avec l’appui de Cuba et portait le titre suggestif « Yo si puedo », ou en créole, « Wi, nou kapab » ; semblable au slogan électoral de M. Obama, en anglais « Yes, we can ». Gardons donc l’espoir, qu’un jour, les slogans dans notre pays ne seront plus uniquement que des slogans.
Des Elections au-dessus de tous soupçons ?
On peut apprécier qu’entre Monsieur Préval et Madame Pierre-Louis il y a une division du travail de gouvernement. On se rappelle que la Première Ministre ne cessait de répéter qu’elle n’allait pas se mêler des affaires d’élection dans le pays. On croit, ainsi que sa concentration serait les affaires économiques, comme la négociation qu’elle a menée à Washington avec les bailleurs de fonds internationaux, même si les résultats laissent à désirer.
Donc, le grand rôle, en ce qui concerne les élections, reste l’affaire du Président. Ainsi, il faut se demander est-ce que le Président est en train de réussir à organiser des élections en faisant un pied de nez à Lavalas, au Sénateur Boulos, à la population et en quelque sorte aux partis politiques, en un tour de main. En effet, ce sont tous les grands perdants de ces élections. La communauté internationale, de son côté ne se tire pas si mal. Elle voulait des élections, elle est servie. Car, à aucun moment Président Préval n’a déclaré qu’il voulait vraiment que des élections libres, honnêtes et démocratiques se réalisent dans le pays, comme le souhaiteraient les bailleurs de fonds internationaux.
Mais, Professeur Paul Collier (qui se passe maintenant de présentation) discutant de la nouvelle approche de la politique étrangère des Etats-Unis, définie par Madame Hillary Clinton, comme l’utilisation de la force de façon intelligente (smart power), dit qu’il existe une base de légitimité dans cette approche. Car, si la communauté internationale sous la demande du Conseil de Sécurité des Nations Unies, fournit le personnel et l’argent pour les opérations dans les pays sortant de conflits, comme dans le cas d’Haiti, elle a le doit d’exiger des résultats. Monsieur Collier qui discutait de son dernier livre « Wars, Guns and Votes » disait que la meilleure façon dont la communauté internationale peut mesurer les résultats de sa mission est dans les élections. Il a ajouté qu’il n’avait pas pu convaincre Washington d’appuyer les demandes de fonds du gouvernement haïtien et ces élections devraient contribuer à faire avancer ce dossier.
Donc, Président Préval a délivré des élections. Maintenant la question est de savoir si ces dites élections rencontrent les conditions minimum, pour mériter d’être désignées sous le terme « démocratique. »
Une élection partielle, même dans les pays à forte tradition démocratique, peut avoir un taux de participation très faible, sans enlever sa légitimité aux joutes. Et pour répéter le Président du Sénat, le Dr. Kelly Bastien, aucune loi de la République ne fixe un taux minimum de participation qui soit acceptable. Donc, si la balance ne penche pas trop en faveur des candidats proches du pouvoir, si les magouilles et les irrégularités ne sont pas trop scandaleuses, comme dans le cas du Département du Centre, et si le taux de participation se situerait aux environs des 10%, il y aura des pressions pour que les résultats soient acceptés comme crédibles et rentrent dans les annales de la république. En fait, il y a l’argent et le prestige des membres de la communauté internationale sur place qui ont, avec la MINUSTHA principalement, la mission de faciliter le bon déroulement du processus démocratique. De l’autre, les partis politiques qui ont gagné des sièges ne voudront pas y renoncer, non plus, en faveur d’une autre joute dont l’issue n’est pas garantie. Enfin, les membres de la société civile et même la population, en générale, qui commence à ne plus croire dans des élections qui semblent ne pas apporter un vrai changement dans le pays, pourraient être en faveur qu’on en finisse…
Cependant, la communauté internationale va retenir que dans un pays à faible tradition démocratique aussi, des élections libres et honnêtes ne peuvent se réaliser sans un engagement et une détermination du gouvernement en place de les supporter. Compte tenu des déclarations du Président de la République et de la Première Ministre, il semble que la bonne foi du Conseil Electoral devrait suffire à garantir le succès de ces joutes. Comme quoi, ils seraient prêts à dire qu’il ne faut pas les blâmer. Ils étaient en dehors du coup. En politique, il est toujours plus facile d’éviter une crise que de la résoudre. Compte tenu de la crise qui s’annonce, Président Préval, comme le principal responsable de la stabilité de l’État et des institutions, a beaucoup dans son assiette. Il doit faire des bouchées doubles pour éviter que le pays descende plus bas encore.
On ne veut pas continuer en disant qu’il n’y a jamais eu des élections d’un haut niveau démocratique, d’ailleurs, pendant le premier mandat du Président Préval. Donc, il n’y avait pas beaucoup d’espoir sur celles-ci non plus. Ainsi, le rôle équivoque joué par l’appareil d’État est questionnable et paraît même répréhensible, pour dire le moins. Considérons, par exemple, le cas du financement accordé aux partis politiques et celui de la gestion du transport en commun. Ce sont deux cas que je connais bien, pour avoir eu des responsabilités directes à ce niveau, durant les élections de 2006. Donc, il y a eu des précédents qui pourraient servir d’exemple, si vraiment on voulait bien faire.
C’est sûr que l’argent qui est prévu pour les partis politiques devait servir à financer leur campagne et à payer les frais des mandants qui doivent les représenter aux bureaux de vote. Si le Ministère de l’Intérieur a choisi de donner cet argent juste un jour avant le vote, il semble qu’il l’aurait fait uniquement sous pression ou pour cacher le fait que les candidats proches du pouvoir eux, roulaient sur de l’or. Ensuite, le fait d’interdire que le transport en commun soit en service ce jour-la, pourrait-être tout simplement une mesure visant à réduire le taux de participation général. Car, les candidats qui sont liés au pouvoir eux, avaient suffisamment de ressources pour motiver et accompagner ceux qui veulent voter pour eux. En fait, c’est du devoir de la police de présenter au Ministre de l’Intérieur et à la Première Ministre un plan strict de réduction des risques. Cela a été le cas pour les élections de 2006. Malgré que les risques fussent bien plus élevés à cette époque, la police a accepté l’option d’établir des périmètres de sécurité autour des centres de vote et de laisser libre cours au transport en commun dans le pays, afin de faciliter le vote.
Mais, la grande surprise de ces élections, c’est que les principaux incidents enregistrés impliquent, de près ou de loin, des individus liés au gouvernement. La foule a dénoncé la main du Ministre de l’agriculture dans les désordres qui se sont déroulés dans le Centre du pays. Il s’en est défendu avec force de n’avoir pas été impliqué en faveur d’un candidat. Il a dit, aussi, que le matériel de son ministère présent dans la campagne d’un candidat a été juste une coïncidence.
S’il n y avait pas tous ces problèmes on aurait pu objectivement mesurer le mot d’ordre «Opération portes fermées » lancé par le parti Fanmi Lavalas et Président Préval aurait pu se féliciter que c’est durant son second mandat que le règne de Lavalas a pris fin dans le pays. Donc, il faut attendre encore la prochaine échéance électorale pour voir...
La recherche d’une nouvelle direction
Le Vème Sommet des Amériques était dominé par la demande des pays de la région pour que les Etats-Unis mettent un terme à l’embargo économique contre Cuba et que ce pays puisse retrouver sa place au sein de l’Organisation des États Américains. Le Président Américain, Barack Obama, avait annoncé une ouverture avant d’arriver au Sommet. Il a dit que son gouvernement était prêt à engager le dialogue avec le régime castriste, Mais, un changement de politique de son pays ne se fera pas du jour au lendemain.
Mais, Président Obama était surtout intéressé à un nouveau départ des relations entre son pays et la région en privilégiant un rapport d’égal à égal, entre partenaires. En fait durant les huit années de régime du Président Georges Bush, la région avait été négligée par les Etats-Unis qui se concentraient sur la guerre de l’Afghanistan et l’Irak. Président Obama et une grande majorité des leaders de la région voulaient profiter de ce sommet pour mettre l’accent sur les impacts de la crise économique mondiale. Après avoir connu 6 années consécutives de croissance, les pays du Sud de l’Amérique et de la zone caraïbéenne allaient, comme le reste du monde, entrer dans une récession économique. On estime que la région pourrait avoir 6 millions de pauvres en plus et 4 millions de travailleurs à entrer en chômage pour l’année 2009. La faible croissance économique sera responsable également pour l’augmentation de la faim, de la mortalité maternelle, de la mortalité infantile et de la déperdition scolaire dans l’hémisphère.
Pour éviter une régression sur les acquis de ces dernières années, le Vème Sommet visait à discuter de la possibilité que des politiques sociales, économiques intégrées soient élaborées et mises en œuvre dans la région. Au centre de ces politiques serait la lutte contre la pauvreté, la faim et la sécurité énergétique par la production des énergies renouvelables afin d’augmenter le bien-être et la sécurité des peuples de la région. Mais, la politique de sécurité énergétique basée sur les énergies renouvelables serait en quelque sorte contraire à la politique suivie par le Vénézuela et ses alliés, dans le cadre du Petrocaribe et de l’Alba. Car, les pays membres de cet accord sont encouragés à consommer les produits pétroliers. En fait, une réduction sensible des produits pétroliers entrainerait la baisse de la demande sur le marché et moins de pression pour l’augmentation des prix du pétrole. Cependant, le coût d’exploitation du pétrole du Vénézuela étant très élevé, le maintient du pétrole à un prix bas rend les exploitations pétrolifères du Vénézuela peu rentables. Ainsi, il est clair que la stratégie que veut suivre les Etats-Unis est contraire à celle du Vénézuela. Par exemple, le Vénézuela a fait don à Haiti de trois usines électriques, dans le cadre de l’Initiative Bolivarienne, Alba. Mais, le pays doit acheter le pétrole du Vénézuela, au prix du marché, pour faire fonctionner ces usines. Pourtant, si ces usines fonctionnaient à partir du biodiesel que nous pouvons produire dans le pays, on aurait évité de continuer à s’endetter vis-à-vis du Vénézuela, mais aussi, des dizaines de milliers d’emplois auraient été créés dans la production du biodiesel.
Les sept pays de l’Alba qui sont Bolivie, Cuba, Dominique, Honduras, Nicaragua, Saint Vincent et les Grenadines et Venezuela n’ont pas signé la Résolution Finale du Vème Sommet des Amériques. Ils exigeaient que la déclaration fasse mention de la levée de l’embargo économique contre Cuba et de son retour dans l’organisation des Etats Américains. Nous ne savons pas si Président Préval qui avait mentionné la nécessité de la levée de l’embargo également, a signé la Résolution ou s’est aligné sur l’Alba. Car de retour au pays, après le Sommet, il a quitté l’aéroport rapidement sans rencontrer la presse et il n’y a pas eu de note de presse de la Présidence à ce sujet.
En fait, l’attitude ambivalente de Président Préval prive le pays d’un support réel de l’un ou l’autre des courants qui traversent la région, et le pays en fait les frais. Il semble que beaucoup d’observateurs commenceraient à croire que le quinquennat de ce second mandat est presque déjà un échec, tant les réalisations sont minimes. Donc, il est temps que Monsieur Préval applique l’un de ses conseils qu’il avait donné. Il doit nager à grandes brasses pour sortir le pays de cette embarrassante situation.
Création de 150,000 emplois
Si on avait besoin d’exemple pour nous encourager à lancer une mobilisation pour créer du travail pour les jeunes du pays, le Président français, Nicolas Sarkozy vient de nous l’offrir. En effet, Monsieur Sarkozy a déclaré qu’il allait investir, immédiatement, environ 2 milliards de dollars (1.3 milliards d’euros) dans la formation et l’emploi de 500,000 jeunes. Car, le chômage dans la classe d’âge de 15 à 24 ans a augmenté de 32% cette année. Le plan de Monsieur Sarkozy pour les jeunes envisage de recruter environ 320 mille apprentis, entre juin 2009 à juin 2010. Malgré que le budget de la France accuse un déficit, le chef de l’État français croit que les jeunes méritent toute son attention, car ils représentent l’avenir du pays.
Un programme de travail de cette envergure, pour créer de l’emploi pour 500,000 jeunes sur 2 ans, nous force à rêver. Mais, il doit être clair pour nous que les jeunes Haïtiens sont aussi l’avenir de notre pays. Ainsi, nous ne pouvons pas continuer à les ignorer. Pourquoi ne pas tenter de créer 500,000 sur 10 ans ici. Donc, tout simplement, une affaire d’échelle et de sens de responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens.
Il semble que M. Préval est très préoccupé de sa relation avec les pays de l’Alba, sous l’égide du Venezuela de M. Chavez ; tandis que Madame Pierre-Louis voit l’avenir du pays et, peut-être, son avenir politique, en encourageant les investissements étrangers. Bien sûr, c’est en ce sens qu’il faut comprendre que le Directeur du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Kahn déclara, lors de la Conférence de Washington, en présence du financier Georges Soros, l’ancien patron de Madame Pierre-Louis, que non seulement le secteur privé, mais les investisseurs étrangers doivent prendre avantage du cadre économique que le pays cherche à offrir, pour investir, afin de tirer des profits sur le long terme. Le responsable du FMI ajouta que le support de la communauté internationale ne servira pas à grand-chose, si Haiti ne lance pas son propre effort pour relever les défis qu’il confronte aujourd’hui. Jusqu'à présent, malheureusement, on ne voit pas les signes que Madame la Première Ministre va pouvoir profiter de ses contacts pour lancer, au moins, un programme d’envergure qui marquerait son passage à la tête du gouvernement.
Une personne qui pourrait aider Madame Pierre-Louis à réaliser son projet s’appelle Johanna Mendelson Forman. En effet, Madame Forman publia un texte de support avant la Conférence de Washington, pour montrer que la situation que traverse Haiti mérite toute l’attention des membres de la communauté internationale et un grand effort d’investissement. Madame Forman n’est pas à son coup d’essai en faveur du pays. En effet, Dr. Forman est un membre influent de la communauté politico-intellectuelle de la capitale américaine, surtout en ce qui concerne la sécurité régionale et a contribué dans l’articulation du concept de « Smart Power » qui est mise en application par le Département d’État aujourd’hui. Et en tant que membre du Centre pour les Etudes Stratégiques Internationales (CSIS), consultante pour des agences du gouvernement américain, et une ancienne conseillère de haut niveau de la MINUSTHA, elle est une spécialiste de la question Haïtienne. En 2007, Dr Forman témoigna devant le Congrès des Etats-Unis sur le rôle que la production du Jatropha (Medsiyen-Béni) pourrait avoir dans la construction de la stabilité et de la paix en Haiti.
Mais, quand Dr Forman était venu en Haiti, en octobre 2007, à la tête d’une délégation formée de Monsieur Mike Lu (President de l’Association Brésilienne des Producteurs de Jatropha), de l’industriel Warren Jackman, accompagné de l’économiste Pierre Brisson, pour présenter le Jatropha comme une planche de salut pour Haiti, l’accueil fut froid pour ne pas dire hostile. Le boycottage était coordonné depuis le Palais National.
Alors, j’ai essayé de parler au Ministre de l’Agriculture que je connais depuis qu’il était Directeur des Ressources Naturelles au Ministère de l’Agriculture et que moi je plantais des arbres, pour comprendre la logique du comportement du gouvernement. Mais il avait refusé de prendre mon appel. A l’époque, beaucoup de choses m’échappaient.
Après que le Palais National avait pris la décision de saboter le passage de la délégation conduite par Madame Forman, le gouvernement fut récompensé en signant un accord avec le Vénézuela pour la construction de 3 centrales électriques qui doivent utiliser le pétrole acheté du Vénézuela, en lieu et place du biodiesel qui serait produit de nos sols arides. Mais, les proches du Président Préval ont grassement bénéficié de cet accord. Et qui sait, bien d’autres personnes encore ? Car jusqu'à aujourd’hui où j’écris ce texte, la Première Ministre n’arrive pas à fournir le rapport sur l’utilisation des fonds que le pays devait tirer des crédits offerts par l’accord de la Petrocaribe. J’ai même appris que si le Président voulait changer son choix et autoriser la production du biodiesel dans le pays, la vérité sur l’utilisation de ces fonds viendrait du Vénézuela. C’est en ce sens, qu’un ancien ministre du Gouvernement Alexis, m’a dit, que c’est ce dossier qui est la cause réelle du départ provoqué de Monsieur Alexis. Car, celui-ci n’avait pas compris les jeux macabres qui expliquent que des banquiers de la place utilisent les membres du gouvernement, et cela au plus haut niveau, pour se lancer dans des transactions qui ne visent qu’à les enrichir personnellement. Ensuite, ils paient des commissions à ces gens comme à de vulgaires courtiers.
Alors, on doit commencer à comprendre pourquoi notre pays se porte si mal et donne autant de dégouts et que Président Obama aurait montré du dédain au Président Préval qui avait essayé de le tirer par le bras. Pourtant, c’est le President américain, lui-même qui avait demandé d’avoir à sa table le Président d’Haiti et la Présidente de Chili.
Mais, l’opportunité n’est pas encore perdue, si Dr Forman peut initier la formation d’un groupe visant à produire le biodiesel à partir du jatropha (Medsiyen-Béni) dans le pays. J’ai appris que Madame Pierre-Louis serait disposée à lancer un vaste programme de production de biodiesel à partir de plantation de Medsiyen-Béni qui entrainerait la création des dizaines de milliers d’emplois.
La plantation de Medsiyen-Béni pour la production du Biodiesel crée une moyenne de 5 emplois par hectare. Donc, la mise en exploitation de 30,000 hectares de terre dans les régions semi-désertiques du Nord, du Nord-Est, de l’Artibonite, du Plateau Central et dans le Sud du pays, peut bien créer les 150,000 emplois en question. Mais, mettre en exploitation 30,000 hectares de terres va prendre beaucoup plus que 2 années qui est le reste de temps que le gouvernement Préval/Pierre-Louis reste à courir. De toute façon, il est bien temps que nous apprenons à débuter des programmes que le gouvernement qui suit doit achever, au nom de la continuité de l’État. En fait, les hommes et femmes du gouvernement passeront, mais le pays continuera à vivre.
Mais, nous ne savons pas si Monsieur Préval continuera « idéologiquement » à s’y opposer à l’effort de création de 150,000 emplois, au nom de ses alliés de l’Alba et de ses amis banquiers, en mettant à coté les intérêts des jeunes qui sont sans travail.
Les intérêts stratégiques d’abord
A son arrivée au Vème Sommet des Amériques, Barack Obama avait déclaré qu’il entend proposer la création d'un nouveau partenariat des Amériques sur l'énergie et le climat… Et sur les nombreux emplois du futur que le continent pourrait créer en coopérant sur ces thèmes. Quand les intérêts stratégiques des Etats-Unis rencontrent les nôtres, nous ne pouvons pas perdre les opportunités qu’on pourrait en tirer, en dansant. Car nous n’avons pas le luxe d’avoir des milliards de pétrodollars en réserves. Ce que nous avons et qui augmente chaque jour, ce sont des centaines de milliers d’enfants qui ne vont pas à l’école et des milliers de parents qui chaque soir les envoient au lit sans savoir comment ils vont les nourrir le lendemain, après qu’ils ont été au lit sans rien manger de la journée.
On se demande, si la visite en Haiti de la Secrétaire d’État Américain, Hillary Clinton, en route pour le Sommet des Amériques, n’était pas pour demander à notre Président d’intégrer dans son discours la question de l’environnement, un élément essentiel de l’agenda du gouvernement des Etats-Unis et qui est supporté par la majorité des pays de la zone. Lors de cette visite, Madame Clinton a annoncé que le gouvernement Obama travaillait pour trouver une solution aux mesures de déportation qui pourrait frapper 32,000 de nos frères et sœurs qui sont en condition illégale aux Etats-Unis. Et un effort spécial allait être entrepris par Washington, avait dit la Secrétaire d’État, pour assurer que notre pays trouve les ressources financières pour faire face à la crise économique que le monde traverse aujourd’hui. Mais, on a vu, en retour, que Président Préval défendait plutôt, durant la conférence de presse donnée à cette occasion, l’agenda du Groupe d’Alba conduit par le Président Chavez qui voulait que la question de Cuba domine les débats, pour éviter de parler des énergies renouvelables.
Malheureusement pour Haiti, les choix d’association et d’alliance de notre Président ne sont pas les plus favorables pour le pays et pour ses besoins de développement. Par exemple, il cultive une relation avec Taiwan, quand une relation avec la Chine aurait pu assurer au pays des financements pour de grands projets. Et maintenant sa relation avec les membres de l’Alba va nous coûter gros. Car, nous ne devons pas être naïfs. Les fonds promis, TPS, biodiesel et autres, tous font partie d’un seul et même paquet. A ce niveau, il est bien de citer le journaliste de Vision2000, Valery Numa qui aime dire, « pour réussir il faut savoir choisir ses alliés. »
La différence que 40 années peuvent faire !
La scène de voir le paysage du pays par avion que la Très Honorable Gouverneure du Canada, Michaelle Jean, a décrit récemment, comme la vue d’un animal blessé, je l’ai vu 40 ans plus tôt, comme un gosse, et j’étais tout émerveillé par ce panorama si idyllique qu’il semblait sortir d’une œuvre d’art et c’était ce genre de paysage qu’on nous disait où vivaient les séraphins. C’était une époque. Jai revu ce panorama pas très longtemps de cela, et j’ai vraiment ressenti une grande douleur montée de cette terre et entendu les gémissements d’un être au bord du trépas. Comment, pouvons-nous, au mépris de toute humanité, laisser mourir notre environnement et que ceux qui nous gouvernent peuvent se réveiller chaque jour et se sentir bien dans leur peau ? C’est sûr que nous vivons dans un pays qui donne honte à nos voisins. Mais, nous pouvons changer cela…

Merci et à un autre Soleil !
25 Avril 2009

8-LA RÉFORME DE L’ÉTAT

PAUL G. MAGLOIRE – PROSPECTIVES

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère

8-LA RÉFORME DE L’ÉTAT

S’il existait un instrument pour mesurer les tensions dans un pays, les mesures, en ce qui concerne Haiti, seraient au niveau le plus élevé. L’International Crisis Group qui est spécialisée dans l’analyse des informations pour déceler l’apparition des crises dans le monde, pense que Haiti renferme tous les ingrédients pour une explosion à n’importe quel moment, compte tenu de la grande pauvreté du peuple, le déficit dans la capacité du gouvernement de bien gérer le pays, l’expansion du trafic de la drogue, la corruption qui gangrène le pays à tous les niveaux et les échéances électorales de cette année qui peuvent exacerber le rapport des forces en présence, en conflit ouvert. Ce groupe pense que le pays a besoin d’une aide internationale de 3 milliards de dollars pour traverser ce cap difficile. Cependant, une telle somme serait deux fois supérieure aux premières prévisions budgétaires du gouvernement qui prévoyaient un plafond de 60 milliards de gourdes, soit environ 1.5 milliards de dollars, au taux courant de la gourde, sur un budget estimé à 100 milliards de gourdes que les parlementaires, dans leur sagesse, avaient jugé bon de retourner au gouvernement pour une révision réaliste.
La Première Ministre, Michèle Pierre-Louis, a fait le dépôt du budget révisé qui est cette fois-ci d’environ 94 milliards de gourdes, compte-tenu que des sources de revenus et l’aide espérée des bailleurs de fonds internationaux avaient été corrigées à la baisse.
Cependant, la grande surprise est arrivée, quand Madame Pierre-Louis, annonçant son voyage à Washington, pour rencontrer les bailleurs de fonds internationaux, déclara que sa mission serait satisfaite de trouver une contribution de 125 millions de dollars des bailleurs pour supporter le budget. Mais, elle ne nous a pas dit, d’où allait venir le reste du budget ? Il n’est pas très clair comment 125 millions de dollars, soit environ 5 milliards de gourdes, seraient suffisant à combler le déficit du budget de 94 milliards de gourdes, à un moment où les revenus du pays qui étaient de moins de 38 milliards de gourdes l’année dernière, sont en déclin cette année. Est-ce qu’il n’est pas temps que la Première Ministre nous traite en adultes et nous dit clairement l’état de la situation?
Est-ce qu’on nous prend pour des canards sauvages?
Ce n’est pas la première fois que des démarches ont été entreprises pour trouver des fonds pour compléter le budget de l’année fiscale en cours. President René Préval avait personnellement engagé le prestige de sa haute stature de Président de la République dans un voyage à Washington, le 5 février dernier, pour tenter de rencontrer M. Barack Obama, le nouveau Président des Etats-Unis, afin de solliciter une contribution directe de 100 millions de dollars. Cette tentative, comme nous le savons, échoua de façon lamentable. Mais, il semblerait que le voyage de la Première Ministre serait mieux préparé et les dossiers qui seront présentés aux bailleurs seront bien ficelés. Donc, cela permettra de crier à la victoire, sitôt que les promesses de fonds seraient au-dessus de la somme de 125 millions de dollars. Mais, les besoins en fonds du budget 2008-2009, en termes réels, sont au-dessus du milliard de dollars. Si l’engagement des bailleurs est au-dessous de cela, le pays pourrait entrer dans une situation économique très difficile. Et compte tenu que les crises économiques peuvent se traduire en crise sociale et de là en crise politique, donc, avec un peu d’imagination on peut deviner le reste.
Alors, la question qu’il faudrait se poser, c’est pourquoi la Première Ministre fixe le palier du succès de sa mission à Washington à un niveau si bas qui ne rencontre en rien les besoins stipulés dans le budget présenté par son gouvernement au Parlement Haïtien?
Car, dans les officines du pouvoir, depuis le gouvernement de Jacques Edouard Alexis, on parlait que sur la base du Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DNSCRP) de solliciter près de 7 milliards de dollars, sur une période de 5 ans, des bailleurs de fonds internationaux pour financer un certain nombre de projets. Une première rencontre de préparation sur le sujet a été tenue à Port-au-Prince, le 25 juillet 2006. Mais, au fur à mesure que le dossier n’avançait pas, il y avait une révision à la baisse dans les chiffres. Au moment du départ de Jacques Edouard Alexis de la Primature, on parlait qu’une rencontre à Washington pourrait récolter la somme de 3 milliards de dollars. Cela était basé sur un raisonnement qui croit que si les bailleurs de fonds s’étaient engagés à financer le Cadre de Coopération Intérimaire, sous le gouvernement intérimaire, à hauteur de 1.1 milliard de dollars, aujourd’hui, avec un gouvernement légitime au pouvoir, ce montant devrait être beaucoup plus élevé. Pas besoin de parler du peu de logique de ce raisonnement, ou de demander s’il y avait des projets suffisamment valables pour absorber de tels investissements ?
L’étonnant est de voir que cette théorie a été supporté du temps du Premier Ministre Alexis et est suivie par Madame Pierre-Louis, aujourd’hui. Car, le budget présenté au parlement avait fixé l’aide internationale autour de 1.5 milliards de dollars. Pourquoi, avant la rencontre à Washington le 14 avril, les chiffres sont si bas ? Il semble que le gouvernement veut nous cacher une vérité de la palisse. Car, de 1.5 milliards dollars à 125 millions, il y a beaucoup plus qu’un pas. Jusqu'à présent, on savait que le mois d’avril était celui des poissons. Maintenant, il est également celui des illusionnistes qui nous vend la lune pour du fromage. Il parait vraiment qu’on nous prend tous pour des canards sauvages.
Sortir du Désordre Organisé
Le gouvernement Pierre-Louis est arrivé au pouvoir, il y a déjà 6 mois de cela, avec un grand crédit de beaucoup de secteurs qui voyait en elle la possibilité qu’un courant de rectitude et de compétence traverse le pouvoir en place, pour une fois, au moment où le pays en a grand besoin. Mais, la montagne a accouché d’une souris. En effet, pendant les quelques mois de gestion de Madame Pierre-Louis, la corruption a frappé le pays comme un fléau. Malgré que le pays fût déjà classé parmi les plus corrompus du monde, le score s’est encore aggravé. Comme quoi que nous cherchons à battre notre propre record. On peut citer, en exemple, les différents affaires et scandales qui ont défrayé la chronique récemment : tels que l’Affaire Alain Désir, l’Affaire ONA, les 197 millions de dollars du fonds d’urgence, pour ne citer que cela.
La Première Ministre, elle-même, croyant bien dire, déclara que personne ne pourrait résister à ce flot d’argent cash de l’Affaire Alain Désir. Des jeunes avec qui je discutais sur les affaires du pays, sentant très mal l’insulte de la remarque de la Première Ministre, me dit qu’une telle déclaration provenant d’un micro trottoir serait insultante ; mais venant de la cheffe du gouvernement, leur dit, qu’il faut quitter ce pays au plus vite, même à la nage.
Donc, c’est un tel environnement et une absence de résultats aussi qui donnent de la fatigue aux bailleurs de fonds internationaux. L’impression qu’on tire quand on parle aux membres de la communauté internationale, c’est un sentiment de net découragement. Il semble que le pays aurait perdu tous ses ressorts et ne peut plus rebondir. Nous sommes considérés comme un État en faillite. En effet, plus de 90 millions de dollars, par exemple, ont été dépensé pour acheter des équipements pour la Compagnie Nationale d’Equipements, (CNE). Pourtant, cet argent aurait pu accomplir de nombreux travaux d’infrastructure et aurait créé beaucoup d’emplois, si des entreprises privées étaient engagées pour exécuter ces tâches avec beaucoup plus de savoir faire, d’efficacité et de supervision.
Ces genres de choses même dans les bonnes périodes sont inadmissibles. Maintenant que les fonds sont très rares avec la crise financière internationale, les bailleurs ne se sentent pas capables de continuer à verser des fonds au gouvernement s’il n’y a aucun engagement à fournir des résultats visibles et à arrêter le gaspillage et la corruption.
Des déclarations en ce sens sont venues, d’ailleurs, de M. Luis Alberto Moreno, qui est le Président de la Banque Inter-Américaine de Développement, l’hôte de la rencontre des bailleurs. Il a averti qu’Haïti ne pourrait pas bénéficier de prêts supplémentaires de l’institution financière. Le pays allait bénéficier uniquement de dons, et en ce sens une enveloppe de 100 millions lui sera accordée, en tout et pour tout. Dans l’ensemble, on peut croire que l’aide des bailleurs internationaux, en dehors du Venezuela, serait très limitée cette année. Mais, nous savons qu’avec l’appui du gouvernement des Etats-Unis on pourrait obtenir une rallonge avec des exigences de meilleur comportement et de meilleures performances. Nous savons aussi, en vrais coquins, nous sommes toujours près à dire oui quand nous sommes coincés et à oublier très vite nos engagements.
Et surtout qu’un refus des bailleurs de fonds à supporter le gouvernement arriverait au moment critique de l’organisation des élections sénatoriales partielles. Cela jetterait le discrédit sur la capacité du gouvernement de survivre et pourrait influencer l’issue de ces élections dans laquelle la communauté internationale a sa propre crédibilité en jeu. Donc, il faut s’attendre à des promesses. Le problème viendra avec les décaissements.
Ensuite, il y a la question de la période cyclonique qui s’annonce et les experts croient que le pays est encore moins préparé à subir des cyclones dans l’ordre de ceux qui se sont déferlés sur Gonaïves en 2008, laissant des milliers de résidents de la zone aux abois. Mais, les fonds alloués par le parlement dans le cadre des $197 millions pour secourir et réhabiliter les zones sinistrées n’ont pas fourni de résultats et le rapport que la Première Ministre a promis de donner, sur l’utilisation de ces fonds, se fait attendre encore.
La Création d’un « Master Plan »
On pourrait encore avoir l’opportunité de trouver 3 milliards de dollars à investir dans le pays, même dans cet environnement de crise financière internationale, si nous mettions de l’ordre dans nos affaires et s’il y avait un plan d’investissement qui sortirait des sentiers battus.
Il semble, jusqu'à présent que ce gouvernement a été incapable de venir avec un plan d’une telle envergure, malgré ses belles promesses de dynamiser l’économie et de créer de la croissance susceptible de fournir des emplois et une augmentation des revenus pour les familles démunies. Le pays, comme Sœur Anne attend et va attendre encore jusqu'à la venue des Saints de l’Apocalypse pour voir la concrétisation de telles promesses.
En absence d’un effort local viable, nous avons la communauté internationale qui cherche à combler le vide. Disons que l’international a horreur de ce vide. Ainsi, vint le Rapport Collier. En fait, le dossier qui sera discuté à Washington, a été revu et corrigé par une équipe formée des membres de l’international et particulièrement d’un assistant de Collier. Mais, personne n’ignore que les meilleurs plans ne sont que de simples exercices intellectuels, tant qu’il n’existe pas la volonté politique réelle de les appliquer.
Création d’un Appareil d’État Moderne
La cheffe du gouvernement a promis encore que l’issue de la rencontre de Washington va, enfin, permettre de créer des dizaines de milliers d’emplois. Pour gérer une économie capable d’absorber des milliards de dollars d’investissement et créer des dizaines de milliers d’emplois chaque année et maintenir une croissance accélérée, il faut une administration publique moderne. Monter une telle capacité, pourrait commencer par la transformation de ce système que nous utilisons actuellement qui doit devenir plus agile, plus efficace et moins corrompu. Il devrait graduellement subir les changements nécessaires pour répondre à nos besoins de développement et de justice sociale.
Nous devons commencer par la ré-articulation des secteurs de gestion de l’État en une dizaine de ministères sous l’égide de la primature et établir des missions claires. Cette nouvelle articulation doit suivre une politique de déconcentration et de décentralisation. Voici une articulation qui pourrait répondre à la situation actuelle :
1) La Primature :
1-1 Le Secrétaire d’État chargé de l’Orientation et de la Coordination
1-2 Le Secrétaire d’État chargé de l’Information et de la Communication
1-3 Le Secrétaire d’État pour les Relations avec le Parlement et les Partis Politiques
2) La Chancellerie Haïtienne :
2-1 Le Secrétaire d’État pour les Affaires Etrangères et les Cultes
2-2 Le Secrétaire d’État pour les Haitiens Vivants à l’Etranger
2-3 Le Secrétaire d’État à la Coopération Bilatérale, Régionale et Décentralisée
2-4 Le Secrétaire d’Etat du Tourisme et du Développement des Sites d’Accueil
2-5 Le Secrétaire d’État aux Relations Haitiano-Dominicaines

3) Le Ministère du Plan :

3-1 Le Secrétaire d’État du Plan, de l’Evaluation Administrative et du Niveau de Vie
3-2 Le Secrétaire d’État à la Modernisation et à la Réforme Administrative
3-3 Le Secrétaire d’État à la Coordination des Organisations Non-Gouvernementales
4) Le Ministère de l’Intérieur :
4-1 Le Secrétaire d’État à la Défense Nationale et aux Affaires Frontalières
4-2 Le Secrétaire d’État aux Collectivités Territoriales et à la Décentralisation
4-3 Le Secrétaire d’État à la Protection Civile et à la Prévention des Désastres
4-4 Le Secrétaire d’État de l’Emigration et de l’Immigration
4-5 Le Secrétaire d’État pour la lutte contre le Trafic de la Drogue et la Contrebande
5) Le Ministère du Progrès Economique et des Ressources Humaines :
5-1 Le Secrétaire d’État au Travail et à l’Emploi
5-2 Le Secrétaire d’État à la Formation Professionnelle et Technique
5-3 Le Secrétaire d’État à la Condition Féminine, de la Famille et de l’Enfance
5-4 Le Secrétaire d’État pour le Support aux Handicapés et aux Personnes Agées
5-5 Le Secrétaire d’État pour l’Intégration des Zones Marginalisées
6) Le Ministère de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et du Sport :
6-1 Le Secrétaire d’État à la Formation Académique et à l’Enseignement Supérieur
6-2 Le Secrétaire d’État à l’Education Permanente
6-3 Le Secrétaire d’État de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs
6-4 Le Secrétaire d’État de la Culture et des Fêtes Populaires
6-5 Le Secrétaire d’État pour les Activités Civiques et Communautaires
7) Le Ministère de la Santé Publique et de la Population :
7-1 Le Secrétaire d’État de la Santé Publique et de la Prévention Sanitaire
7-2 Le Secrétaire d’État pour les Soins et la Formation des Cadres Médicaux
7-3 Le Secrétaire d’État aux Affaires d’Alimentation et de la Qualité de la Vie
7-4 Le Secrétaire d’État pour les Urgences Nationales, Régionales et Locales
8) Le Ministère de la Justice et de la Protection des Vies et des Biens :
8-1 Le Secrétaire d’État pour les Affaires Judiciaires
8-2 Le Secrétaire d’État pour l’Etat Civil et l’Identification Nationale
8-3 Le Secrétaire d’État de la Police et pour la Sécurité des Vies et des Biens
9) Le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement National :
9-1 Le Secrétaire d’État pour l’Aménagement Territorial, le Cadastre et le Logement
9-2 Le Secrétaire d’État des Travaux Publics
9-3 Le Secrétaire d’État de l’Energie et des Mines
9-4 Le Secrétaire d’État pour l’Environnement et les Ressources Naturelles
9-5 Le Secrétaire d’État pour la Technologie et les Télécommunications
9-6 Le Secrétaire d’État pour le Transport Aérien, Ferroviaire, Maritime et Routier
10) Le Ministère de l’Economie et des Finances Nationales et Régionales :
10-1 Le Secrétaire d’État pour les Finances, la Taxation et les Revenus Publics 10-2 Le Secrétaire d’État pour le Budget National et Régional 10-3 Le Secrétaire d’État à l’Ordonnancement et à la Fonction Publique
Il faut noter que ces reformes peuvent être mises en place sans réviser la Constitution.
Finissons avec la gestion sans vision et la navigation à vue
Le Plan Collier représente un minimum sur lequel les donneurs peuvent s’entendre pour chercher à sortir du pétrin que représente la situation du pays. Car, ils considèrent que si le pays entrait en crise une fois encore, les gains de ces 5 dernières années seront perdus. Donc, si le Plan Collier peut servir comme point de départ pour une discussion avec les bailleurs, tant mieux. Mais, pour réussir le pays a besoin d’un plan qui peut engager tous les secteurs de la société, surtout les jeunes et rien n’est dit à ce sujet.
N’importe quel plan susceptible d’avoir une bonne chance de réussir doit intégrer les jeunes à tous les niveaux de ses activités. L’un des rôles principaux d’un Secrétaire d’État à la Jeunesse serait de veiller à ce que cette intégration soit effective et se fasse selon des normes et des objectifs qui puissent préparer les jeunes à prendre la relève dans la société de demain.
Par exemple, dans le secteur de l’environnement, les jeunes doivent former les cadres de ce secteur. Il est vital pour nos jeunes que l’écologie du pays ne continue pas à se dégrader afin d’éviter qu’ils héritent d’un monde pollué où la dégénérescence de l’écosystème élimine la possibilité pour la population de vivre dans un milieu sain. Nous devons nous rappeler que le thème qui avait été retenu cette année pour la Journée internationale de la jeunesse est « Les jeunes et les changements climatiques : il est temps d’agir ». Donc, chaque jeune Haïtien doit se demander comment agir et prendre les actions appropriées pour contribuer à l’amélioration de l’environnement du pays.
Actuellement, il n’existe pas une meilleure façon de fournir un minimum d’équipement aux populations localisées en dehors de la capitale, sur le plan de la santé publique, de l’énergie, des télécommunications et de l’Internet ; du développement d’un système de transport, intégrant routes, ports et aéroports, qu’en aménageant trois villes régionales modernes, servant de points focaux pour les régions du Grand-Nord, du Grand-Sud et du Grand-Centre. Un gouvernement qui veut amener le pays aux 21 nièmes siècles doit lancer plusieurs programmes pour créer des opportunités pour les jeunes dans le cadre d’un plan ambitieux. Si nous voulons vraiment sortir le pays de la léthargie, cela doit être un engagement, comme si c’était le cas d’aller à la guerre pour défendre notre droit à l’existence et celui de vivre dans un pays décent.
En effet, moderniser notre production agricole veut dire la transformation de nos jardins en plantation mécanisée, la transformation des paysans en agriculteur et la capacité d’obtenir de meilleures récoltes qui doivent être conservées et empaquetées afin d’arriver sur les marchés locaux et internationaux dans d’excellentes conditions, grâce à un réseau de distribution approprié. Pour survivre dans un environnement de grande compétition avec les produits venant de l’étranger, il faut moderniser et produire à plus bas prix. Et il ne va pas y avoir de modernisation de la production agricole sans équipements et sans un encadrement technique et un financement approprié. Donc, nous avons besoin de ces jeunes qui ont déjà une formation de base pour les engager dans l’apprentissage technique afin d’accompagner les producteurs dans le secteur alimentaire du pays.
La mise en place d’un réseau télématique supporté par satellite et couvrant tout le pays, doit permettre d’offrir des services de formation technique à distance aux jeunes des zones rurales afin qu’ils puissent continuer à étudier pendant qu’ils offrent leur service dans les zones éloignées des centres de formation professionnelle. Ce réseau sera utilisé aussi pour faciliter que les programmes de mise à niveau soient offerts et étendus à toute l’administration publique déconcentrée et décentralisée. Les universités pourront, de leur coté, utiliser ce réseau pour la formation à distance des étudiants. La formation à distance, malgré certaines faiblesses, offre à des étudiants la possibilité de recevoir une formation de qualité en suivant des cours selon leur budget, n’importe quel jour et à n’importe quelle heure du jour, quelque soit l’endroit où ils se trouvent et recevoir le diplôme de leur choix pour améliorer leur compétence, en fonction des opportunités de s’adonner à une activité de production ou de création. Ce chanel pourrait être utilisé par les chambres de commerce, aussi, et les associations de travailleurs également, comme les syndicats, pour offrir, au besoin, des services à distance à leurs membres.
Par exemple, le Ministère de l’Equipement qui doit remplacer celui des TPTC ne sera pas une simple affaire de changement de nom. Il s’agira d’apporter des solutions à des problèmes qui actuellement constituent des handicaps à l’efficacité et à l’absorbation des fonds fournis par les bailleurs de fonds internationaux. Le nouveau système a été conçu afin qu’il soit plus agile et en mesure de répondre aux besoins du secteur en suivant des procédures modernes pour accompagner l’effort de construction nationale et l’exécution des grands travaux.
A l’époque où j’étais Conseiller Spécial du Gouvernement, il y a un problème qui s’est présenté à un moment critique du désastre provoqué aux Gonaïves par le cyclone Jeanne. En effet, parallèlement à l’effort de secours pour les milliers de victimes, le gouvernement voulait débuter la phase de réhabilitation de la ville. La plus grande partie des fonds devait venir des bailleurs de fonds. Le problème, les spécifications exigées par les bailleurs disqualifiaient presque toutes les entreprises haïtiennes. A l’époque, les compagnies étrangères refusaient de travailler au pays, compte tenu du climat d’insécurité et le coût de l’assurance. L’une de ces spécifications étaient la demande qu’une compagnie soit d’une certaine dimension et puisse démontrer avoir l’expérience dans la gestion de projet de grande dimension pendant un certain nombre d’années. Malgré, que je partageais le point de vue de ceux qui croyaient que ces spécifications étaient favorables aux compagnies qui devaient venir de l’extérieur, j’ai conseillé de trouver une façon de mettre les entreprises du pays au travail sans perdre un temps précieux à nous opposer aux règles du jeu des bailleurs qui étaient déjà bien établies.
La solution que nous avions trouvée et mise en application, a été la création d’un consortium de 23 entreprises travaillant dans le secteur qui acceptait un contrat collectif et ensuite se partageait le travail. Compte tenu, notre objectif était d’agir au profit de la communauté des Gonaïves et d’encourager le-vivre-ensemble, cette proposition était acceptée comme étant appropriée et mis en exécution.
Mais, aujourd’hui, s’il s’agirait de lancer des projets de plusieurs millions de dollars dans le cadre de ces vastes programmes de construction, aurions-nous les compagnies de constructions dans le pays, capables de satisfaire les spécifications des bailleurs? Ou, de la façon cela se passe presque toujours, les compagnies haïtiennes seront tout simplement des sous-traitants des compagnies venant de l’étranger ?
Nous pouvons encourager les Haitiens de la Diaspora qui sont dans le secteur de la construction à créer ou à rentrer en partenariat avec des compagnies pour intervenir dans le pays. Mais, une des principales responsabilités du Secrétaire aux Travaux Publics devrait être de travailler avec le secteur privé et les universités afin de trouver la meilleur façon que l’État puisse encadrer les entreprises du pays afin de les permettre de rencontrer les exigences de cette nouvelle ère de défi où nous aurons parfois à affronter et à gagner contre l’impossible…
Le programme économique du Président Américain, Barak Obama, peut être aussi une source d’opportunités. Du fait que le Président américain a décidé de placer le biodiesel, le solaire et l’éolienne au centre de sa politique d’énergie et de relance de l’économie américaine, cela aidera à améliorer la technologie dans ces domaines et encourager l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables par les investisseurs importants.
L’idéal serait de fixer l’objectif d’atteindre d’ici 2015 que les énergies renouvelables représentent 20% de la consommation énergétique du pays et que nous travaillons d’arrache pied pour atteindre cet objectif. Cela aurait l’avantage de réduire les dépenses en hydrocarbure importées et d’abaisser le niveau de pollution dans le pays.

Merci,
Paul G. Magloire
04/12/2009

Je vous invite à visiter les blogs suivants :
IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.-
Propositions pour un Plan de 25 Années

7-Une époque de grandes opportunités

PAUL G. MAGLOIRE – PROSPECTIVES

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère


7-Une époque de grandes opportunités

Avec les nombreux scandales qui apparaissent ces derniers temps, surtout dans le secteur de la justice, les pessimistes pensent que le pays marche très rapidement sur le chemin de l’autodestruction. Cette impression est renforcée d’autant plus que le pays n’était pas du tout préparé à l’impact de la crise économique mondiale qui pourrait continuer pour au moins 2010 avec son cortège de chômage et de réduction du pouvoir d’achat des couches les plus défavorisées. Pourtant, aucun effort sérieux n’est entrepris jusqu'à présent même pour tenter de sortir du schéma de ces 20 dernières années. En effet, nous produisons moins de la moitié des biens et services que nous consommons, le budget national dépend à 60% de l’aide internationale et les transferts des Haitiens de la diaspora représentent plus de 36% de l’économie. En plus de cela, les chefs de notre gouvernement gagnent plus, en un jour, que la moyenne de nos travailleurs gagne en une année, sans qu’ils aient pourtant le sens qu’ils doivent fournir des résultats positifs pour justifier leurs chèques mensuels et leurs frais exorbitants. De façon immorale, ils vous diront tout simplement, « ils ne peuvent tirer du sang de la pierre ». Raison de se demander, depuis quand le peuple haïtien forçait des individus incapables et mal disposés à prendre des positions de responsabilité. Malgré une telle image, je persiste à me ranger parmi les optimistes qui continuent de croire que tout n’est pas perdu pour nous ; Haiti pourrait encore avoir sa chance, en transformant ces moments difficiles en opportunités. L’un des facteurs pour la réussite dans ce domaine serait un effort pour prendre avantage du programme de relance économique du président des Etats-Unis, Barack Obama, qui envisage la réduction de la dépendance de la région du pétrole contrôlé par un cartel de profiteurs. Un autre serait la réforme en profondeur des structures de l’État haïtien, en passant par la révision constitutionnelle. Un troisième est, pour le répéter une fois encore, l’engagement des jeunes du pays et de la diaspora dans un effort national qui vise à solutionner les grands problèmes du pays, tels que la création de petites entreprises pour générer de l’emploi pour d’autres jeunes comme eux ; participer à tous les niveaux à l’effort pour établir l’éducation universelle et enfin accompagner les mairies dans une campagne visant la reforestation du pays.

Les opportunités ont un prix

Le dernier Sommet du groupe des 20 pays (G20) qui représentent 86% de l’économie mondiale, a pris place à Londres, en Angleterre, du 1 au 2 avril écoulé. Le Sommet a été un grand succès, au moins, pour le nouveau président américain, Barack Obama. Car, si les espoirs de la France et de l’Allemagne que le Sommet allait servir pour une réforme en profondeur du système financier international ne se sont pas matérialisés, la première grande rencontre de M. Obama sur la scène mondiale a été très remarquée. Les aspects qui nous intéressent, en premier chef, en tant que Pays Moins Avancé, (PMA), dans le succès du President Obama, lors du Sommet des G20, sont de deux ordres. Dans le premier cas, le Groupe des G20 s’est engagé à investir un trillion de dollars, à travers le Fond Monétaire International, pour soutenir les PMA. Dans le second cas, les Etats-Unis et l’Angleterre envisagent de lancer un programme, avec des fonds adéquats, pour assurer que tous les enfants des pays pauvres aient accès à l’éducation de base, dans les 10 prochaines années.

Ce sont là des projets nobles et ambitieux dans une période de crise économique qui forcent ces mêmes pays à des restrictions budgétaires. Mais, la formulation de tels programmes montre qu’ils sont prédisposés à adresser le problème du manque de financement pour l’investissement dans les PMA et créer un climat qui serait favorable aux pays qui envisageraient un programme national visant l’éducation universelle.

Mais, l’expérience nous a appris que l’agenda des pays riches en faveur des pauvres a toujours été conditionnel. Car, les relations, même entre les pays amis, sont basées sur des intérêts mutuels. Par exemple, l’arrivée du President Obama au pouvoir n’a pas changé les intérêts des Etats-Unis en Haiti. Washington est toujours soucieux que la situation en Haiti soit en ligne avec la possibilité de freiner l’immigration illégale, que le trafic de la drogue soit sous contrôle et que le pays ne servirait pas de plateforme pour des activités à caractère terroriste visant les Etats-Unis. Compte tenu que ces objectifs peuvent mieux se réaliser dans un cadre démocratique et de progrès économique et requièrent aussi la stabilité politique, un effort en ce sens est aussi largement supporté.

Avec la préoccupation du Président américain de sortir les Etats-Unis de la récession et d’éviter une dépression économique à son pays, un autre facteur qui apparaissait déjà depuis le gouvernement Bush, prend maintenant une prépondérance dans les relations entre Washington et les pays de la région. Il s’agit de la dépendance du pétrole dont les prix très élevés ont largement contribué à intensifier la crise financière internationale née de la débâcle des hypothèques subprimes. D’après l’ancien Président Bill Clinton, cette crise aurait couté, dans deux années, près de 32 trillions de dollars à l’économie mondiale. Car, chaque $50 ajouté sur un baril de pétrole représente $200 par mois, par famille, aux Etats-Unis. Donc, il est difficile de prévoir une relance économique en 2010 si entretemps le baril de pétrole serait au-dessus de $90. Donc, Président Obama croit que la production des énergies renouvelables est une priorité pour les Etats-Unis et ses alliés dans la région. Ainsi, l’agenda du Cinquième Sommet des Amériques du 17 au 19 Avril prochain, à Port d’Espagne, capitale de Trinidad-et-Tobago, inclut de discuter de la sécurité énergétique dans la région, avec le support des Etats-Unis, à partir de la production des énergies renouvelables. Ce sera la première visite du Président Obama dans la région.

Voir l’article : HAITI ET LA CRISE FINANCIERE MONDIALE-1

L’effort du gouvernement américain n’a pas échappé au Président vénézuélien, Hugo Chavez, dont le pays est un grand producteur de pétrole et un membre du cartel des pays exportateurs de pétrole, (OPEP). La politique pétrolière du Président Chavez est en directe contradiction avec les objectifs du Président Obama. En effet, le Venezuela a un pétrole très lourd et la production est coûteuse. Ensuite, l’économie vénézuélienne est très peu diversifiée et dépend, pour tenir, d’un prix de pétrole élevé. Donc, si les prix restent à un niveau très bas, l’économie du Venezuela va souffrir et M. Chavez pourrait payer le coût politique d’une telle situation. C’est ainsi qu’il faut comprendre pourquoi le President vénézuélien lança récemment une violente attaque verbale contre M. Obama, disant qu’il est ignare et stupide. M. Chavez déclara que M. Obama l’accuse d’être un terroriste et qu’il bloque le développement économique de la région. Il faudrait analyser le rôle de l’accord Petrocaribe et de l’accord Alba, patronné par M. Chavez, pour se faire une idée de la valeur de ces déclarations.

Le gouvernement haïtien n’a jamais articulé de façon transparente, les intérêts de notre pays dans ses relations avec les Etats-Unis. Il n’est pas clair sur quel principe nos autorités se basent pour croire que l’aide internationale pourrait continuer à venir, à une époque où les bailleurs de fonds ont leurs propres difficultés ? Mais, il semblerait, que certaines considérations sont données maintenant aux énergies renouvelables, surtout à la production du biodiesel. Par exemple, le 2 Avril dernier, la FOKAL a accueilli le Dr. Marc Parnoff, un spécialiste américain, pour une conférence qui mettait l’accent sur l’impact extraordinaire que la production des biocarburants pourrait avoir sur l’économie du pays en facilitant une certaine indépendance par rapport à l’économie du pétrole. Est-ce le reflet d’une certaine préoccupation en haut lieu, ou tout simplement une petite initiative qui pourrait être mentionnée dans le portfolio de l’équipe qui doit voyager à Washington, prochainement, pour discuter de l’aide que Haiti attend des bailleurs de fonds avec le support des Etats-Unis ? Nous sommes restés des « marrons », même à une époque où le pays serait mieux desservi par une politique étrangère transparente et engagée.

« L’année de tous les dangers »

Le pays doit traverser, dans les mois à venir, plusieurs étapes qui, chacune renferme le potentiel de nous jeter dans une crise. Parmi les étapes prévisibles, il faut ranger la rencontre de Washington entre les autorités haïtiennes et les bailleurs de fonds internationaux qui supportent le pays.

Le grand sujet de l’actualité, ces derniers jours, est la réduction probable de l’aide directe que la communauté internationale offre à Haiti et la rencontre des bailleurs de fonds et des autorités haïtiennes dans la capitale américaine, Washington DC, nous fera savoir le niveau des fonds qui seront mis à notre disposition. Cela était tellement prévisible qu’il parait totalement navrant que le gouvernement n’ait pas préparé le pays à une telle éventualité. Tout au contraire, ceux qui nous gouvernent se sont appuyés sur des prévisions budgétaires assez fantaisistes et miser sur des rentrées totalement illusoires, tant sur le plan local que sur le plan international, comparées à la réalité.

Les résultats de la rencontre détermineront, en effet, si le gouvernement a les moyens de maintenir un budget de 80 milliards de gourdes ou tout simplement ce budget devra être ramené à un niveau soutenable sur le plan de la gestion de la chose publique ; mais, il ne sera pas soutenable sur le plan politique. Car, je doute fort que, comme au temps de Duvalier père, les employés de l’administration publique vont s’habituer à recevoir leur salaire parfois, au lieu de toucher régulièrement chaque mois. Bien sûr, la Banque Centrale pourrait venir à la rescousse en imprimant des gourdes à volonté afin de permettre au gouvernement de payer ses obligations. Conséquemment, la valeur de la gourde va chuter et le prix des biens importés vont augmenter, créant une tendance inflationniste et encore plus de misère pour la population.

La Prochaine Échéance

Le 19 avril ce sera le déroulement des élections pour 12 sénateurs de la république. En effet, depuis les élections de novembre 1987 qui avaient pris fin avec le massacre de la Ruelle Vaillant, on n’a pas vu des élections soulevant autant de questions et de peur. La première question est de savoir si les élections vont avoir lieu, du fait que le Conseil Electoral Provisoire a écarté les candidats du Parti Fanmi Lavalas sur la base qu’ils ne répondaient pas aux normes prévues par les statuts du parti et par la loi électorale. Il y a une grande peur que ces élections dégénèrent en violence jusqu'à leur avortement, selon le modèle de novembre 1987. Mais, les probabilités en faveur d’un tel scenario sont très faibles. Car, les décideurs de Fanmi Lavalas, j’imagine, n’ont pas intérêt à se voir associés, de près ou de loin, à une violence dirigée contre la tenue des élections qui pourrait saper leur légitimité comme parti politique démocratique et renforcer les ambigüités sur leur capacité à se mobiliser pour conduire un boycottage du vote, de façon pacifique. Car, le parti a projeté, durant cette conjoncture, une image de division et n’est pas en train de suivre une stratégie unique. De l’autre, la communauté internationale dont les forces de la MINUSTHA représentent la composante principale de la sécurité du pays, perdrait en crédibilité si ces élections échouaient.

Cependant, compte tenu du fait que les lavalassiens ne sont pas les seuls qui seront perdants dans la réussite de ces élections, il faut croire que même un vote réussi sera très loin d’être la fin de l’histoire. Car, considérons, éventuellement, l’origine politique des sénateurs qui sortiront de ces élections. Dans le pire des cas, imaginons que la majorité des gagnants soient des candidats qui sont identifiés proches du pouvoir en place. Les autres partis et toutes tendances confondues, bien sûr, vont dénoncer que les élections étaient un piège à rats afin de permettre au pouvoir de remporter une majorité potentielle au Sénat. Car, il est visible que les candidats proches du pouvoir ont de vastes moyens à leur disposition, pendant que les autres triment pour mener leur campagne. Ce fait donnera de la légitimité à toute revendication et mouvement pour empêcher aux sénateurs sortis des élections d’être ratifiés par leurs pairs afin qu’ils puissent entrer en fonction. On a vu un scenario pareil à l’œuvre en 2000 qui avait entrainé le pays dans une crise avec les conséquences que l’on sait. Il faut seulement 3 sénateurs sur les 18 en fonction, sur les 30 composants l’Assemblée, pour infirmer toute possibilité d’obtenir un quorum pour tenir une séance au Sénat de la République.

Haïti est un pays où les crises annoncées arrivent, comme si nous étions hantés par le démon de l’autodestruction. Car, on peut considérer un cas extraordinaire où cette crise pourrait être évitée. Ce serait pour les partis qui ne sont pas en ligne avec le gouvernement de remporter une majorité des sièges. Cela n’est pas du tout probable dans l’état du déroulement des élections, où même un effort minimum n’a pas été fait pour financer, officiellement, les partis. Un esprit rationnel sait que le hasard ne fait pas bien les choses. Il faut de préférence la volonté politique de faire avancer le processus démocratique dont les élections qui renforcent les institutions servent à marquer des étapes importantes. De toute façon, si nous arrivons à traverser cette étape sans entrer dans une de ces grandes crises dont nous avons l’habitude, le prochain enjeu pourrait être la révision constitutionnelle.
La bonne gouvernance et la manie des commissions
Si chaque problème que le pays confrontait pouvait être solutionné par une commission présidentielle, on pourrait faire l’économie d’un Cabinet Ministériel large et couteux et régler les choses de la république avec des commissions ad-hoc qui se multiplieraient au gré du Président de la République.
On pourrait crier à l’hypocrisie quand personnellement, en tant que conseiller spécial du gouvernement, j’ai organisé et coordonné plusieurs Commissions d’État. A l’époque, les critiques disaient, que ces commissions incluaient tellement de secteurs, qu’à la fin il n’y aurait pas un secteur du pays qui ne ferait pas partie du gouvernement, par commission interposée. Donc, quelle est vraiment la différence avec ce qui se passe maintenant? Il faut souligner les trois points suivants :
Le premier est le fait que le gouvernement intérimaire était une autorité de facto qui ne bénéficiait pas de la légitimité que donne une élection. Ainsi, si sa première mission était d’organiser des élections pour assurer le retour à l’ordre démocratique, il fallait alors un consensus pour diriger le pays en dehors des cadres constitutionnels et en absence d’un parlement. Car, pas mal de secteurs ne reconnaissaient pas l’Accord du 4 Avril 2004 qui servait de base au gouvernement intérimaire. Et quand cet accord arriva à expiration avant les élections de 2006, j’ai du réunir une dernière commission dans le but d’avoir un consensus plus large pour organiser les élections malgré tout. C’était la Commission de Garantie Électorale. Est-ce que ce genre d’exercice aurait été acceptable en dehors des circonstances spéciales que nous traversions et les efforts qui visaient uniquement à éviter le chaos et assurer l’avènement d’un gouvernement constitutionnel. La plupart des commissions qui ont été créées durant cette époque doivent être vues dans cette optique.
Le deuxième ne vise pas à dire que l’exécutif, en la personne du Président qui a reçu le vote populaire n’aurait pas le droit de créer des commissions. Bien au contraire. Ce qui mérite d’être souligné, c’est la qualité de la mission de ces commissions. Si je prends, le cas de la commission sur la Constitution dirigée par, mon ami, le Professeur Claude Moise. Elle a pour mission, dans le cours d’une année, de préparer une proposition sur la révision de la Constitution, ou du moins pour sa « réforme » selon la déclaration de M. Préval lors de la cérémonie d’installation. Est-ce que le Président n’était pas satisfait de la première proposition que Claude Moise avait préparée sur sa demande ? Est-ce que Président Préval n’aurait pas dû, tout simplement, envoyer cette proposition au parlement et fournir, s’il y a lieu, les ressources pour que le travail soit entamé par les élus que le peuple a choisis dans les mêmes élections qui ont amené M. Préval au pouvoir ? D’où vient cette manie de gaspiller les ressources du pays, ou ce spectacle est juste pour dire que M. Préval ne vise plus à changer la Constitution, mais plutôt à le réviser, selon le processus prévu dans cette même Constitution.
Le troisième point, et le plus important aussi, est la mission assignée aux commissions. Ils n’ont pas à adopter des solutions pour corriger des problèmes ou à prendre des décisions qui pourraient améliorer la vie de la communauté. Leur rôle est de présenter au Président des rapports qui, l’on devine, seront ensuite tout bonnement envoyés aux oubliettes. On connaît la routine. Durant la période intérimaire, les commissions, par respect pour leurs membres, avaient un budget et une mission d’exécution. L’une d’elles qui avait été créée sur les suggestions du Professeur Moise et dirigée par le Professeur Leslie Manigat et assisté d’une liste d’intellectuels de haut calibre, avait la mission de renouveler la promesse du gouvernement intérimaire vis-à-vis des communes du pays et de jeter les bases pour la décentralisation. Un travail que l’équipe a réalisé de façon magistrale et avec pompe et prestige.
Ce qui me donne à réfléchir, ce sont les conclusions qui avaient été tirées d’une série que j’avais préparée à la Voix de l’Amérique, en 1992. L’invité principale à cette série était le professeur Claude Moise. Cette série avait expliqué que le plus grand problème du pays, est la politique, sinon la façon dont nous la pratiquons. Professeur Moise, il me semble, croyait à l’époque qu’un gouvernement en Haiti passe par trois phases. La première est la prise du pouvoir, où on peut déceler un peu d’idéal et un peu de sens du pays dans le discours et les actes. La deuxième phase commence très vite après. Le gouvernement commence à jouir du pouvoir, s’enrichissant grâce au trésor public et la corruption. Ce qui va amener la confrontation avec l’opposition qui n’est pas invitée à la table et qui n’a pas les moyens de survivre jusqu'à la fin du mandat du gouvernement en place. Donc, la confrontation commence et arrive jusqu'à l’affrontement. La violence qui en découle donne l’assurance aux feudataires du pouvoir d’être poursuivis et d’aller en prison à la fin du régime. Ce qui entraine une troisième phase du gouvernement qui cherche à garder le pouvoir directement ou par personne interposée. Dans le cas, ou le chef d’état voudrait garder le pouvoir au-delà de son mandat, il est acculé à changer la constitution. Car, les Constitutions Haïtiennes, sur lesquelles Claude Moise a beaucoup écrit, représentent toujours une barrière pour les petits dictateurs du pays qui cherchent à perdurer au pouvoir. C’est dans un tel contexte que débutent nos petites révolutions qui renversent le régime et le « cirque » recommence son spectacle.
Malgré la cohérence de la théorie du Professeur Moise, je pensais que c’était du temps perdu de chercher à changer la façon dont nous faisons la politique dans le pays. Car, la misère du pays aurait une tendance à faire de la politique comme un jeu de coquins et de misérables. Je croyais plutôt qu’il fallait changer l’environnement économique afin de transformer la politique. Donc, j’ai continué mon effort pour voir comment on pourrait moderniser l’environnement économique, créer des entreprises avec un sens social de façon à stimuler l’émergence d’une classe moyenne. Car, la démocratie parlementaire et participative est un phénomène lié à la classe moyenne.
Cependant, quand certaines circonstances m’ont entrainé à devenir le conseiller spécial du gouvernement intérimaire, Professeur Claude Moise a été un conseiller bénévole et il nous a guidé sur la meilleure façon de créer un gouvernement participatif en utilisant les commissions. Grâce à ses conseils judicieux, à plusieurs niveaux, nous avons pu éviter des dérives et des erreurs qui auraient pu nous rendre prisonniers du pouvoir. Ainsi, quand je vois Professeur Moise à la tête de la Commission sur la Constitution, je veux croire que c’est une garantie pour le processus démocratique dans le pays et un garde-fou contre toute velléité dictatoriale du gouvernement en place.
Dédier sa vie à quelque chose de plus grand que soi-même
Ce n’est pas parce que nous sommes un petit pays que nous ne devons pas avoir un grand sens de la dignité nationale. Comment peut-on parler de dignité quand le pays vit de la mendicité internationale. Nous n’avons pas les moyens d’assurer notre propre sécurité et nous passons beaucoup de temps à nous quereller sur des problèmes que de simples compromis nous auraient permis de résoudre. Chaque année nous devenons plus dépendants encore et il semble que nous sommes confortables avec la situation.
Un de mes anciens professeurs, feu René Philoctète, aimait répéter une phrase qu’il dit avoir entendu de l’un de ses propres maîtres : M. Louis Roumer. Monsieur Roumer lui avait dit « Si les jeunes d’un pays ne veulent pas consacrer leur vie à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, ce pays est appelé à dépérir jusqu'à disparaître. » En fait, il existe beaucoup de jeunes dans le pays et dans la diaspora qui pensent que le temps est venu pour qu’ils assurent la relève et sont frustrés que le pays ne fasse pas appel encore à eux. A la vérité, c’est avec l’engagement de ces jeunes que le pays peut éviter de disparaître. Tout parait si sombre !
Il ne faut pas attendre trop avant d’engager les jeunes qui ont reçu une formation au niveau du terminal secondaire, grâce à des formations courtes et un financement approprié. Ils peuvent avoir la responsabilité de lancer les programmes de production et de création d’un réseau de services modernes dans les secteurs prioritaires dans le cadre de la décentralisation du pays. Les programmes de formations à envisager pourraient couvrir les méthodes de création de projet et les techniques de gestion, de maintien d’équipements agricoles et de construction qui seront gérés par des consortiums mixtes régionaux avec des filiales communales et une large participation salariale. Ce sont ces jeunes techniciens qui pourraient encadrer, également, les exploitations de production agricole, forer les puits et tracer les canaux d’irrigation. Ils peuvent contribuer, après une courte formation dans la sélection des semences et du contrôle phytosanitaire des pépinières et des cultures en appuyant les agriculteurs à travers le pays ou en devenant les membres dirigeants des coopératives de production et de transformation agricoles.
L’Union Européenne a déjà initié, de façon modeste, un programme similaire visant la formation de dizaines de jeunes entrepreneurs dans le secteur agricole. Donc, si nous voulons baisser les prix des produits agricoles sur le marché de façon permanente, atteindre la sécurité alimentaire et résorber le chômage parmi les jeunes des zones rurales et créer une nouvelle classe moyenne formée de cadres et d’entrepreneurs dans les provinces du pays, une telle initiative doit faire partie d’un effort national engageant plusieurs milliers de jeunes hommes et de jeunes filles.
Concentrons-nous sur quelques priorités

En novembre 2004, une rencontre avait été organisée à Oslo, en Norvège par l’ISPOS dirigée par Garaudy Laguerre, entre les partis politiques, tous secteurs confondus et le gouvernement intérimaire, pour encourager une détente entre les forces politiques en présence sur la scène. Tenant compte de la nécessité de concentrer le pays sur les grandes priorités, j’avais proposé la signature d’un accord de principe comme un Avenant à l’Accord du 4 Avril qui pourrait être ratifié par le prochain parlement. Cet ajout à l’Accord établirait que dans les 20 prochaines années, 10% des fonds du trésor public seraient consacrés, de façon obligatoire, à l’éducation universelle, à la reforestation et à la décentralisation, en envisageant le financement direct des mairies. Compte tenu que le nombre des écoles devrait se multiplier avec l’éducation obligatoire des enfants, l’État pourrait aussi supporter la création de réseaux pour la production et la distribution de matériels pédagogiques, en partant du simple mobilier et les instruments scolaires, en passant par les ouvrages scolaires produits par les enseignants du pays, jusqu’aux films éducatifs réalisés par la jeune industrie cinématographique haïtienne. Et les jeunes entrepreneurs devraient être encouragés à créer des petites entreprises dans tous les secteurs. Malheureusement, cette suggestion n’avait pas été retenue, car à l’époque chaque parti politique pensait qu’elle allait gagner les élections et pourrait établir les priorités sur une base partisane.

Mais, aujourd’hui, compte tenu du fait que la crise internationale crée un environnement qui va nous obliger à prendre des décisions extraordinaires pour survivre, ne serait-il pas venu le moment de jeter un coup d’œil sur cette proposition ?
L’éducation fondamentale universelle doit devenir une de nos priorités nationales. C’est un droit humain qui est reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Nous avons ratifié cette déclaration. Donc, nous ne pouvons pas continuer à violer les droits de ce peuple en laissant perdurer une situation où la majorité des enfants n’ont pas accès à une éducation décente. Car, cette grande partie de la population vit dans une situation deshumanisante. Chaque fois que nous votons une loi budgétaire sans mettre ce principe en application, cela constitue un acte de trahison contre le peuple. Un parlementaire qui vote un tel budget commet aussi un acte de trahison contre le peuple et le pays. Il est temps pour que savoir lire et écrire devienne un acquis qui vient avec le titre de citoyen haïtien. Nous devons explorer cette possibilité avec nos bailleurs de fonds. N’attendons pas que ce soit eux qui nous demandent de le faire.
L’éducation est l’un des droits universels de l’être humain. Donc, il est nécessaire que nous commençons à nous poser la question, à savoir, qu’est-ce qu’il faut faire pour que chaque enfant qui naisse dans ce pays puisse avoir le droit d’aller à l’école ? Combien de salles de classes, combien de professeurs qu’il faudrait et combien cela coûterait pour que ce droit puisse se réaliser ? L’indépendance de notre pays a été réalisée sur la base de l’universalité des droits du citoyen et pourtant nous conduisons les affaires de ce pays dans le mépris total de ces droits universels.
Si nous avons la manie de créer des commissions, donc pourquoi ne pas créer une commission pour étudier dans quel cadre nous pouvons agir pour éliminer cette tare dans notre société. L’enfant est l’avenir de la République. Nous devons prendre soin de notre avenir. Le succès ne peut pas avoir ni de classe ni de genre, si chacun de nous a la même chance au départ. C’est ainsi que se forment les grandes sociétés démocratiques !
Merci
16 Avril 2009

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IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.-
(05/05/08)
Propositions pour un Plan de 25 Années

jeudi 19 février 2009

6-Amener le pays au 21ème Siècle

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère
Si nous montrons aux jeunes comment créer une entreprise et que l’effort laborieux, honnête et assidu amène au succès ; et nous leur inculquons, aussi, qu’un échec ne doit pas être accepté comme la défaite d’un rêve, mais seulement une étape importante qui exige le courage de se redresser et de recommencer jusqu’au but final ; l’avenir de notre pays est alors assuré et nous ne devons pas craindre les grands défis que nous aurons à relever afin de marcher sur la voie de la modernisation et du développement.

Mais, tout l’environnement administratif, politique et économique doit se moderniser afin d’attirer l’investissement. Nous devons compter sur l’investissement public et privé pour augmenter le nombre d’occupations rémunérées, créer de la richesse et réduire le taux de la pauvreté dans le pays. Donc, il est fondamental que le partenariat entre le secteur privé et le secteur public soit au centre de la stratégie qui vise à créer du travail pour les jeunes du pays.

Néanmoins, rien de cela n’est possible, si le gouvernement ne comprend pas la nature des problèmes fondamentaux que le pays traverse et n’a pas la capacité d’apporter des solutions appropriées, à temps, aux problèmes. C’est à ce genre de constat qu’on arrive quand on regarde les propositions qui rentrent dans le budget 2009-2010 basées sur des prévisions qui sont totalement irréalistes. Je pourrais citer un seul exemple qui est celui de croire que les bailleurs internationaux vont financer 60% du budget, au moment où les principaux pays donateurs sont eux-mêmes mobilisés à résoudre une crise financière internationale qui frappe leur propre pays. S’il fallait donner une preuve que ces prévissions ne sont pas fondées, on n’aurait qu’à citer le cas du Président Préval qui, récemment, a engagé le prestige de son statut dans un voyage à Washington pour aller demander 100 millions de dollars pour suppléer le déficit budgétaire. Il est revenu au pays à la cloche de bois de ce pèlerinage infructueux, avec les 2 mains vides. Je crois que les observateurs responsables ne blâment pas les bailleurs quand chaque jour le spectacle du gaspillage des deniers du trésor public est exposé au vu et au su de tout le monde. Est-ce qu’il y aurait lieu de croire que les représentants des bailleurs dans le pays sont sourds et aveugles ? Est-ce qu’il ne faut pas se demander pourquoi la Suisse parle de confier même les fonds qui sont saisis au nom du peuple haïtien, à des organisations non-gouvernementales ?

Gouverner C’est Prévoir
Ce n’est pas toujours bon d’avoir raison, surtout quand il s’agit que ce soit face à un manque de sagacité de ceux qui gouvernent notre pays. Je n’ai pas cessé d’annoncer depuis 2007 que la crise financière qui débutait avec les Subprimes aux Etats-Unis, allait avoir des impacts sur notre pays, due à la diminution du volume des transferts des membres de la diaspora. Certains membres du gouvernement disaient en privé et en public, qu’il n’y avait rien à craindre. Pourtant, il semble qu’un article paru dans le journal Le Monde, sous le titre « En Amérique latine, l'érosion des transferts de fonds se fait déjà sentir. » sous la plume du journaliste, Jean-Michel Caroit, commence maintenant à créer de la panique.

L’article dit, je cite « Comme tous les pays de la région, la République dominicaine souffre d'une décélération des "remesas", ces sommes d'argent envoyées par les émigrés, l'une des premières sources de devises et le principal amortisseur de la pauvreté. "Les remesas ont commencé à diminuer à partir d'août 2008 et la réduction risque d'être drastique au cours des prochains mois", craint Freddy Ortiz, le président de l'Association dominicaine des entreprises de transfert de fonds. L'essentiel des transferts vient des Etats-Unis (80 %) et d'Espagne (15 %), deux des pays les plus touchés par la montée du chômage. Plusieurs agences de transfert installées à New York ont même constaté un phénomène de rapatriement de fonds : pour survivre aux Etats-Unis, des émigrés commencent à puiser dans leurs économies placées dans les banques dominicaines. D'autres, sans espoir de retrouver du travail aux Etats-Unis, rentrent au pays. »

L’article continue pour dire que la situation en Haïti est pire. Bien sûr, il doit l’être. Car, avec une population à 63% au chômage et 72% vivant au dessous du seuil de la misère avec moins de $2 par jour, c’est la Diaspora qui est le souffle de vie. Avec les transferts de l’étranger qui diminuent, la population est déjà aux abois. La situation va continuer à s’empirer, car dans les pays d’accueil où les Haïtiens vivent, les gouvernements vont montrer moins de générosité. C’est le cas pour les Etats-Unis qui parlent de déporter plus de 30,000 de nos concitoyens en situation irrégulière. C’est aussi le cas pour notre voisin de l’ile, la République Dominicaine, qui se prépare à une déportation massive de nos compatriotes. Dans la première phase, tous ceux qui ont un travail vont recevoir un document d’identification et après cela, ceux qui n’ont pas de documents, pourraient être déportés.

Nous parlons là, de dizaines de milliers de nos frères et sœurs, même de centaines de milliers. Car, les secteurs où travaillent les Haïtiens sont l’agriculture, la construction et le tourisme. Ces trois secteurs sont en déclin et beaucoup de travailleurs - les Haïtiens d’abord, bien sûr - sont mis à pied.

Pourtant, bien avant le mois d’août 2008 qui marque la date des premiers signes de la crise, d’après l’article de Le Monde, le 5 mai 2008 précisément, j’avais écrit ce qui suit :

« Donc, actuellement, la communauté Haïtienne est très affectée par la crise immobilière qui peut se traduire par une chute importante dans les transferts d’argent qu’ils font pour leurs parents et amis restés au pays. Ceux qui avaient acheté leurs maisons dans de bonnes conditions, le plus souvent prenaient une seconde hypothèque pour financer la construction d’une maison en Haïti, pour leur famille et leur retraite. Donc, la tendance est pour eux, aujourd’hui, de cesser ces investissements. Cela va ralentir le secteur de la construction, le plus dynamique de l’économie du pays… »

Vous pouvez voir le reste du texte en cliquant sur le lien suivant :

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.- (05/05/08)

Ainsi, il faut souhaiter que les mesures que viennent de lancer le Président des Etats-Unis, Barack Obama, pour stabiliser l’économie de son pays, freiner la chute du secteur immobilier et créer de l’emploi en investissant environ 800 milliards de dollars dans l’économie, apportera des résultats suffisamment rapide afin de ralentir les vagues de licenciement qui frappe la communauté Haïtienne aux Etats-Unis et éviter une explosion sociale au pays.


MODERNISER, AUJOURD’HUI

Si depuis le début du 19ième siècle la modernisation reposait sur l’industrialisation et la production manufacturière de masse, depuis la dernière décennie du 20ième siècle le concept représente plutôt un effort qui associe l’économie au développement et à l’utilisation des technologies de l’information et de l’utilisation de l’Internet pour l’accès à un marché mondial. Cette modernisation est essentielle maintenant dans la capacité d’un pays à produire et à échanger les biens et services nécessaires à sa population et à les rendre disponible à proximité de la clientèle à des prix abordables. A mesure qu’un État augmente sa capacité de gestion et de prise en compte des besoins de ses citoyens, il augmente aussi ses possibilités d’exister à l’échelle planétaire dans un système où le rapport d’interdépendance entre les nations est de plus en plus important pour la paix mondiale et le maintien de la souveraineté nationale. Notre pays est en train d’échouer dans ce domaine et la souveraineté de la nation est en train de souffrir le contrecoup.

Pour réussir à construire une économie moderne et prospère et reprendre en main notre souveraineté, ce n’est pas seulement ce que nous faisons qui est important, mais également la façon dont nous le faisons. Ainsi, comme je l’ai déjà dit, le gouvernement doit viser à moderniser le pays, mais aussi à chercher à se moderniser. Le premier endroit que cette volonté de modernisation doit apparaître est dans le Budget de la République, disons, qui doit montrer où sont nos priorités et quels sont les résultats que nous voulons obtenir par rapport aux fonds que nous engageons.

Par exemple, les enfants du pays ne peuvent espérer avoir accès à l’Internet demain, si aujourd’hui ils n’ont même pas accès à une formation de base. Si, finalement, nous choisissons de lancer le programme pour fournir une formation de base à tous les enfants en âge d’entrer à l’école, le budget doit clairement dire combien nous allons dépenser pour chaque enfant. Car, les objectifs à atteindre dans les secteurs prioritaires doivent être articulés et chiffrés de façon précise, tant en terme national, qu’en termes municipaux. Il faudrait commencer par définir combien d’élèves qui seront admis en classe pour l’année et que chaque programme supportant cet objectif global, définisse les procédures en fonction de la capacité de chaque commune. Il s’agira alors des programmes de construction de salle de classe par rapport au nombre d’enfants dans une commune, des programmes pour le recrutement et la formation continue des professeurs, de la quantité de nourriture à offrir aux enfants à l’école, de programme de construction de matériels scolaires, de bibliothèques etc. Si nous ne connaissons pas ces chiffres pour estimer l’investissement que nous devons faire pour atteindre des objectifs donnés, nous bluffons. Ce n’est pas de la politique moderne, mais comme dirait l’autre, du vodou-politique !

Si l’éducation de base devienne universelle, nous pouvons imaginer déjà le temps où les jeunes de notre pays qui maitrisent la technologie de l’informatique développeront, grâce à un environnement moderne soutenu par l’Internet, la capacité de programmer localement des produits informatisés qui seront fabriqués ensuite dans les usines du Brésil, de Chine et de l’Inde. Ces produits, alors, seront vendus en Amérique du Nord et en Europe. Car, la mondialisation veut aussi dire que nous pouvons créer un produit sur un ordinateur aux Abricots, le fabriquer à Hong-Kong et le vendre à Berlin. C’est de cette modernisation que je rêve et c’est sur l’autoroute de l’Internet, je crois, que le pays peut trouver une porte de sortie pour créer du travail de qualité pour les jeunes.

Mais, nous ne pouvons réussir un tel pari sans une volonté politique inébranlable et la détermination d’affronter l’impossible. S’il s’agit de créer des milliers d’emplois dans le pays chaque année, il faudra faciliter la création de centaines d’entreprises chaque année, également. Mais, pouvons-nous le faire dans l’état où fonctionne le Ministère du Commerce aujourd’hui, sans la modernisation de cette entité publique, par exemple?

Imaginer qu’il faudrait enregistrer 10,000 entreprises chaque année à ce ministère pour établir le statut légal des nouveaux entrepreneurs et leur donner accès aux incitations et aux financements que l’État mettrait à leur disposition dans le cadre d’un programme Bon Départ. Et bien, actuellement, à ce ministère, un entrepreneur postulant pour un nom social afin de recevoir sa patente de fonctionnement, doit aller dans cinq vieux cahiers pour vérifier si le nom qu’il a choisi n’aurait pas déjà été retenu par quelqu’un d’autre avant lui. Je dois vous dire que c’était la même méthode qui était en application en 1977 quand j’avais enregistré ma première entreprise. Quelle affaire !

J’avais écrit en 1986 dans mon texte « Prospectives pour une Renaissance Haïtienne » que l’histoire était morte dans le monde rural. Ainsi, il faut reconnaître que c’est presque la même situation dans l’administration publique Haïtienne. Car, il n’y a pas d’histoire, là où il n’y a pas de changement…

Les mesures pressantes…

Le pays connaît plusieurs situations immorales ou qui montrent que l’esprit de solidarité qui naturellement cimente une nation, n’existe pas chez nous. Une politique de justice sociale pourrait contribuer à résoudre ces problèmes. C’est le cas du salaire minimum qui, étant actuellement de 70 gourdes par jour (moins de $1.80), place un travailleur au-dessous du seuil de la misère qui est de 80 gourdes environ. Ainsi, il faut féliciter les Députés Haïtiens et tout spécialement l’Honorable Député Stevens Benoit qui a été infatigable pour obtenir le vote en faveur d’une augmentation du salaire minimum. Et, c’est presque certain que le Sénat Haïtien n’attendra pas trop pour suivre la démarche entamée par la Chambre Basse au bénéfice des travailleurs Haïtiens.

Parmi les autres situations immorales que nous devons corriger dans le pays, est celle en rapport à l’école universelle pour les enfants que recommande la Constitution. Il est temps qu’un leader du parlement se dresse pour prendre à bras le corps cette cause et défendre l’avenir des enfants du pays, surtout défendre une cause qui est juste comme l’Honorable Député Benoit vient de donner l’exemple. Conséquemment, le parlement deviendrait une institution qui nous donne de la fierté et mériterait aussi des générations futures.

Nous devons féliciter déjà ceux qui supportent et militent en faveur de cette proposition. C’est le cas pour Ray Hammerton Killick qui a déclaré dans un article publié sur le Net que, « les leaders qui auront choisi le peuple devront investir dans le peuple, dans son éducation. L'école devra être obligatoire pour tous les enfants de toutes les régions du pays. Une proposition incontournable et impérative qui ne peut attendre et qui aura d'ailleurs des retombées importantes pour l'économie du pays: création d'emplois dans la construction d'écoles primaires, secondaires, vocationnelles et techniques, cafétérias, boutiques, dispensaires; l'enseignement pour ceux de nos jeunes diplômés des facultés qui le désirent comme carrière; nécessité de développer un programme sérieux d'électrification du pays pour servir ces nouveaux édifices et les rendre fonctionnels, etc.

Le pays fournira enfin sur la longue période (10 à 20 ans) des ouvriers et cadres qui attireront le capital local et étranger. Capital financier qui recherchera ce capital social pour des avantages compétitifs sur le marché mondial. »

C’est pourquoi les Constitutionalistes avaient déclaré que l’école soit universelle pour tous les enfants du pays. Quoiqu’il en soit, la seule façon pour le pays de se relever de cette situation misérable est par l’éducation qui est la base du développement du capital humain qui rendra le pays compétitif dans la région.

Augmentation des capacités à tous les niveaux
L’augmentation du capital humain doit être une priorité pour la nation. Donc, la question des déficits de capacité dans le système éducatif doit être adressée à tous les niveaux. Actuellement, il existe une grande distorsion entre la population qui reçoit une formation académique et la capacité d’accueil de l’enseignement supérieur dans le pays. L’année 2008, par exemple, l’Université d’État Haïtien était en mesure d’accommoder seulement 3000 nouveaux postulants pour l’ensemble des 11 facultés. Quand plusieurs dizaines de milliers de bacheliers ne sont pas admis à l’UEH et ne peuvent non plus se payer une place dans les universités privées du pays ou à l’étranger, c’est autant de rêves de succès professionnels et de réussites personnelles qui sont piétinés. Personne ne veut appeler cette distorsion entre l’offre et la demande dans l’enseignement supérieur une crise, quand c’en est une. C’est autant de petites crises qui s’accumulent jusqu'un jour on débouchera sur une crise finale.

Pourquoi donc ne pas former une commission mixte pour trouver une réponse à ce problème, tant que nous sommes presque certains que la réponse envisagée serait la construction de trois campus universitaires dans les girons des trois nouvelles villes qui seraient construites dans le Grand-Nord, dans le Grand-Sud et dans le Grand-Centre du pays, comme prévus par les initiatives que nous préconisons.

La croissance économique doit se préparer depuis l’école. Ainsi, un élève qui sort de la classe terminale, doit connaitre les éléments de base de l’économie, surtout de l’économie de sa localité et de la région là où il ou elle habite. Ainsi, nous devons revoir les curricula pour encourager les élèves et étudiants à être plus créatifs. Nous pouvons mettre en place tous les mécanismes pour faciliter que nos jeunes entrepreneurs lancent des entreprises, mais ils ne pourront pas réussir si la créativité et l’imagination ne sont pas des facteurs importants cultivés par leur entreprise.

La création des universités modernes doit être accompagnée de programme de financement pour la formation universitaire et des programmes de subvention d’au moins un tiers du coût de la formation offerte par l’université à partir de certains critères et le complément pourrait être obtenu en emprunt par l’étudiant qui serait engagé à rembourser cette dette sur le long terme, à la fin des études, ou en s’engageant dans le service civile. Ce financement devrait être offert directement aux étudiants à travers une institution d’état créée à cet effet.

Ce système est déjà en application presque partout dans la région et depuis si longtemps qu’il faudrait se demander pourquoi il n’est pas adopté dans le pays. Cet investissement de la nation dans les jeunes sera la meilleure façon de préparer l’avenir. Si le système est réalisé sans le népotisme coutumier, l’étudiant sentira le devoir de démontrer par son assiduité à l’étude et sa détermination à réussir qu’il mérite jusqu’au dernier centime que l’état a investi dans son éducation. En fait, je refuse de croire que l’obstacle le plus important qui se dresse sur la route d’un tel projet serait les petits intérêts de quelques suzerains du pays dans les universités privées. Si c’est le cas, c’est une tragédie !

En réalité, de quelle éducation parlons-nous ?
Le système éducatif ne consiste pas à, uniquement, mettre en œuvre les moyens propres à assurer la formation et le développement des élèves et étudiants sur le plan intellectuel, moral et physique, mais, aussi, à les équiper pour que, il ou elle puisse contribuer à son propre succès et à son épanouissement personnel par la réalisation de son potentiel, et sur le plan humain afin de contribuer pleinement et sans complexe, au progrès de sa famille, de sa communauté, de son pays et de l’humanité. L’éducation doit être humaniste. L’éducation doit préparer un individu capable, un citoyen patriote et un être qui est conscient des grands défis que confronte notre monde. Car, dans la vie chacun de nous est appelé à faire des choses plus grandes que soi-même.
Mais, la première valeur humaniste de l’éducation est qu’elle soit disponible à tous les membres d’une société. Quand plus de 50% des enfants qui naissent dans une société n’ont pas accès à une éducation même de base, c’est une forme de barbarie.

Si nous ne créons pas suffisamment d’opportunité pour nos jeunes au chômage, ils vont continuer à quitter ce beau pays pour aller chercher la vie ailleurs. Et en vérité, nous n’aurons que nous même à blâmer, car nous pouvons aujourd’hui commencer à changer le cours des choses avant qu’il soit trop tard ! C’est impossible pour un pays de maintenir la stabilité pendant longtemps quand plus de 72% de la population vit dans la misère.

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Paul G Magloire