dimanche 26 avril 2009

8-LA RÉFORME DE L’ÉTAT

PAUL G. MAGLOIRE – PROSPECTIVES

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère

8-LA RÉFORME DE L’ÉTAT

S’il existait un instrument pour mesurer les tensions dans un pays, les mesures, en ce qui concerne Haiti, seraient au niveau le plus élevé. L’International Crisis Group qui est spécialisée dans l’analyse des informations pour déceler l’apparition des crises dans le monde, pense que Haiti renferme tous les ingrédients pour une explosion à n’importe quel moment, compte tenu de la grande pauvreté du peuple, le déficit dans la capacité du gouvernement de bien gérer le pays, l’expansion du trafic de la drogue, la corruption qui gangrène le pays à tous les niveaux et les échéances électorales de cette année qui peuvent exacerber le rapport des forces en présence, en conflit ouvert. Ce groupe pense que le pays a besoin d’une aide internationale de 3 milliards de dollars pour traverser ce cap difficile. Cependant, une telle somme serait deux fois supérieure aux premières prévisions budgétaires du gouvernement qui prévoyaient un plafond de 60 milliards de gourdes, soit environ 1.5 milliards de dollars, au taux courant de la gourde, sur un budget estimé à 100 milliards de gourdes que les parlementaires, dans leur sagesse, avaient jugé bon de retourner au gouvernement pour une révision réaliste.
La Première Ministre, Michèle Pierre-Louis, a fait le dépôt du budget révisé qui est cette fois-ci d’environ 94 milliards de gourdes, compte-tenu que des sources de revenus et l’aide espérée des bailleurs de fonds internationaux avaient été corrigées à la baisse.
Cependant, la grande surprise est arrivée, quand Madame Pierre-Louis, annonçant son voyage à Washington, pour rencontrer les bailleurs de fonds internationaux, déclara que sa mission serait satisfaite de trouver une contribution de 125 millions de dollars des bailleurs pour supporter le budget. Mais, elle ne nous a pas dit, d’où allait venir le reste du budget ? Il n’est pas très clair comment 125 millions de dollars, soit environ 5 milliards de gourdes, seraient suffisant à combler le déficit du budget de 94 milliards de gourdes, à un moment où les revenus du pays qui étaient de moins de 38 milliards de gourdes l’année dernière, sont en déclin cette année. Est-ce qu’il n’est pas temps que la Première Ministre nous traite en adultes et nous dit clairement l’état de la situation?
Est-ce qu’on nous prend pour des canards sauvages?
Ce n’est pas la première fois que des démarches ont été entreprises pour trouver des fonds pour compléter le budget de l’année fiscale en cours. President René Préval avait personnellement engagé le prestige de sa haute stature de Président de la République dans un voyage à Washington, le 5 février dernier, pour tenter de rencontrer M. Barack Obama, le nouveau Président des Etats-Unis, afin de solliciter une contribution directe de 100 millions de dollars. Cette tentative, comme nous le savons, échoua de façon lamentable. Mais, il semblerait que le voyage de la Première Ministre serait mieux préparé et les dossiers qui seront présentés aux bailleurs seront bien ficelés. Donc, cela permettra de crier à la victoire, sitôt que les promesses de fonds seraient au-dessus de la somme de 125 millions de dollars. Mais, les besoins en fonds du budget 2008-2009, en termes réels, sont au-dessus du milliard de dollars. Si l’engagement des bailleurs est au-dessous de cela, le pays pourrait entrer dans une situation économique très difficile. Et compte tenu que les crises économiques peuvent se traduire en crise sociale et de là en crise politique, donc, avec un peu d’imagination on peut deviner le reste.
Alors, la question qu’il faudrait se poser, c’est pourquoi la Première Ministre fixe le palier du succès de sa mission à Washington à un niveau si bas qui ne rencontre en rien les besoins stipulés dans le budget présenté par son gouvernement au Parlement Haïtien?
Car, dans les officines du pouvoir, depuis le gouvernement de Jacques Edouard Alexis, on parlait que sur la base du Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DNSCRP) de solliciter près de 7 milliards de dollars, sur une période de 5 ans, des bailleurs de fonds internationaux pour financer un certain nombre de projets. Une première rencontre de préparation sur le sujet a été tenue à Port-au-Prince, le 25 juillet 2006. Mais, au fur à mesure que le dossier n’avançait pas, il y avait une révision à la baisse dans les chiffres. Au moment du départ de Jacques Edouard Alexis de la Primature, on parlait qu’une rencontre à Washington pourrait récolter la somme de 3 milliards de dollars. Cela était basé sur un raisonnement qui croit que si les bailleurs de fonds s’étaient engagés à financer le Cadre de Coopération Intérimaire, sous le gouvernement intérimaire, à hauteur de 1.1 milliard de dollars, aujourd’hui, avec un gouvernement légitime au pouvoir, ce montant devrait être beaucoup plus élevé. Pas besoin de parler du peu de logique de ce raisonnement, ou de demander s’il y avait des projets suffisamment valables pour absorber de tels investissements ?
L’étonnant est de voir que cette théorie a été supporté du temps du Premier Ministre Alexis et est suivie par Madame Pierre-Louis, aujourd’hui. Car, le budget présenté au parlement avait fixé l’aide internationale autour de 1.5 milliards de dollars. Pourquoi, avant la rencontre à Washington le 14 avril, les chiffres sont si bas ? Il semble que le gouvernement veut nous cacher une vérité de la palisse. Car, de 1.5 milliards dollars à 125 millions, il y a beaucoup plus qu’un pas. Jusqu'à présent, on savait que le mois d’avril était celui des poissons. Maintenant, il est également celui des illusionnistes qui nous vend la lune pour du fromage. Il parait vraiment qu’on nous prend tous pour des canards sauvages.
Sortir du Désordre Organisé
Le gouvernement Pierre-Louis est arrivé au pouvoir, il y a déjà 6 mois de cela, avec un grand crédit de beaucoup de secteurs qui voyait en elle la possibilité qu’un courant de rectitude et de compétence traverse le pouvoir en place, pour une fois, au moment où le pays en a grand besoin. Mais, la montagne a accouché d’une souris. En effet, pendant les quelques mois de gestion de Madame Pierre-Louis, la corruption a frappé le pays comme un fléau. Malgré que le pays fût déjà classé parmi les plus corrompus du monde, le score s’est encore aggravé. Comme quoi que nous cherchons à battre notre propre record. On peut citer, en exemple, les différents affaires et scandales qui ont défrayé la chronique récemment : tels que l’Affaire Alain Désir, l’Affaire ONA, les 197 millions de dollars du fonds d’urgence, pour ne citer que cela.
La Première Ministre, elle-même, croyant bien dire, déclara que personne ne pourrait résister à ce flot d’argent cash de l’Affaire Alain Désir. Des jeunes avec qui je discutais sur les affaires du pays, sentant très mal l’insulte de la remarque de la Première Ministre, me dit qu’une telle déclaration provenant d’un micro trottoir serait insultante ; mais venant de la cheffe du gouvernement, leur dit, qu’il faut quitter ce pays au plus vite, même à la nage.
Donc, c’est un tel environnement et une absence de résultats aussi qui donnent de la fatigue aux bailleurs de fonds internationaux. L’impression qu’on tire quand on parle aux membres de la communauté internationale, c’est un sentiment de net découragement. Il semble que le pays aurait perdu tous ses ressorts et ne peut plus rebondir. Nous sommes considérés comme un État en faillite. En effet, plus de 90 millions de dollars, par exemple, ont été dépensé pour acheter des équipements pour la Compagnie Nationale d’Equipements, (CNE). Pourtant, cet argent aurait pu accomplir de nombreux travaux d’infrastructure et aurait créé beaucoup d’emplois, si des entreprises privées étaient engagées pour exécuter ces tâches avec beaucoup plus de savoir faire, d’efficacité et de supervision.
Ces genres de choses même dans les bonnes périodes sont inadmissibles. Maintenant que les fonds sont très rares avec la crise financière internationale, les bailleurs ne se sentent pas capables de continuer à verser des fonds au gouvernement s’il n’y a aucun engagement à fournir des résultats visibles et à arrêter le gaspillage et la corruption.
Des déclarations en ce sens sont venues, d’ailleurs, de M. Luis Alberto Moreno, qui est le Président de la Banque Inter-Américaine de Développement, l’hôte de la rencontre des bailleurs. Il a averti qu’Haïti ne pourrait pas bénéficier de prêts supplémentaires de l’institution financière. Le pays allait bénéficier uniquement de dons, et en ce sens une enveloppe de 100 millions lui sera accordée, en tout et pour tout. Dans l’ensemble, on peut croire que l’aide des bailleurs internationaux, en dehors du Venezuela, serait très limitée cette année. Mais, nous savons qu’avec l’appui du gouvernement des Etats-Unis on pourrait obtenir une rallonge avec des exigences de meilleur comportement et de meilleures performances. Nous savons aussi, en vrais coquins, nous sommes toujours près à dire oui quand nous sommes coincés et à oublier très vite nos engagements.
Et surtout qu’un refus des bailleurs de fonds à supporter le gouvernement arriverait au moment critique de l’organisation des élections sénatoriales partielles. Cela jetterait le discrédit sur la capacité du gouvernement de survivre et pourrait influencer l’issue de ces élections dans laquelle la communauté internationale a sa propre crédibilité en jeu. Donc, il faut s’attendre à des promesses. Le problème viendra avec les décaissements.
Ensuite, il y a la question de la période cyclonique qui s’annonce et les experts croient que le pays est encore moins préparé à subir des cyclones dans l’ordre de ceux qui se sont déferlés sur Gonaïves en 2008, laissant des milliers de résidents de la zone aux abois. Mais, les fonds alloués par le parlement dans le cadre des $197 millions pour secourir et réhabiliter les zones sinistrées n’ont pas fourni de résultats et le rapport que la Première Ministre a promis de donner, sur l’utilisation de ces fonds, se fait attendre encore.
La Création d’un « Master Plan »
On pourrait encore avoir l’opportunité de trouver 3 milliards de dollars à investir dans le pays, même dans cet environnement de crise financière internationale, si nous mettions de l’ordre dans nos affaires et s’il y avait un plan d’investissement qui sortirait des sentiers battus.
Il semble, jusqu'à présent que ce gouvernement a été incapable de venir avec un plan d’une telle envergure, malgré ses belles promesses de dynamiser l’économie et de créer de la croissance susceptible de fournir des emplois et une augmentation des revenus pour les familles démunies. Le pays, comme Sœur Anne attend et va attendre encore jusqu'à la venue des Saints de l’Apocalypse pour voir la concrétisation de telles promesses.
En absence d’un effort local viable, nous avons la communauté internationale qui cherche à combler le vide. Disons que l’international a horreur de ce vide. Ainsi, vint le Rapport Collier. En fait, le dossier qui sera discuté à Washington, a été revu et corrigé par une équipe formée des membres de l’international et particulièrement d’un assistant de Collier. Mais, personne n’ignore que les meilleurs plans ne sont que de simples exercices intellectuels, tant qu’il n’existe pas la volonté politique réelle de les appliquer.
Création d’un Appareil d’État Moderne
La cheffe du gouvernement a promis encore que l’issue de la rencontre de Washington va, enfin, permettre de créer des dizaines de milliers d’emplois. Pour gérer une économie capable d’absorber des milliards de dollars d’investissement et créer des dizaines de milliers d’emplois chaque année et maintenir une croissance accélérée, il faut une administration publique moderne. Monter une telle capacité, pourrait commencer par la transformation de ce système que nous utilisons actuellement qui doit devenir plus agile, plus efficace et moins corrompu. Il devrait graduellement subir les changements nécessaires pour répondre à nos besoins de développement et de justice sociale.
Nous devons commencer par la ré-articulation des secteurs de gestion de l’État en une dizaine de ministères sous l’égide de la primature et établir des missions claires. Cette nouvelle articulation doit suivre une politique de déconcentration et de décentralisation. Voici une articulation qui pourrait répondre à la situation actuelle :
1) La Primature :
1-1 Le Secrétaire d’État chargé de l’Orientation et de la Coordination
1-2 Le Secrétaire d’État chargé de l’Information et de la Communication
1-3 Le Secrétaire d’État pour les Relations avec le Parlement et les Partis Politiques
2) La Chancellerie Haïtienne :
2-1 Le Secrétaire d’État pour les Affaires Etrangères et les Cultes
2-2 Le Secrétaire d’État pour les Haitiens Vivants à l’Etranger
2-3 Le Secrétaire d’État à la Coopération Bilatérale, Régionale et Décentralisée
2-4 Le Secrétaire d’Etat du Tourisme et du Développement des Sites d’Accueil
2-5 Le Secrétaire d’État aux Relations Haitiano-Dominicaines

3) Le Ministère du Plan :

3-1 Le Secrétaire d’État du Plan, de l’Evaluation Administrative et du Niveau de Vie
3-2 Le Secrétaire d’État à la Modernisation et à la Réforme Administrative
3-3 Le Secrétaire d’État à la Coordination des Organisations Non-Gouvernementales
4) Le Ministère de l’Intérieur :
4-1 Le Secrétaire d’État à la Défense Nationale et aux Affaires Frontalières
4-2 Le Secrétaire d’État aux Collectivités Territoriales et à la Décentralisation
4-3 Le Secrétaire d’État à la Protection Civile et à la Prévention des Désastres
4-4 Le Secrétaire d’État de l’Emigration et de l’Immigration
4-5 Le Secrétaire d’État pour la lutte contre le Trafic de la Drogue et la Contrebande
5) Le Ministère du Progrès Economique et des Ressources Humaines :
5-1 Le Secrétaire d’État au Travail et à l’Emploi
5-2 Le Secrétaire d’État à la Formation Professionnelle et Technique
5-3 Le Secrétaire d’État à la Condition Féminine, de la Famille et de l’Enfance
5-4 Le Secrétaire d’État pour le Support aux Handicapés et aux Personnes Agées
5-5 Le Secrétaire d’État pour l’Intégration des Zones Marginalisées
6) Le Ministère de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et du Sport :
6-1 Le Secrétaire d’État à la Formation Académique et à l’Enseignement Supérieur
6-2 Le Secrétaire d’État à l’Education Permanente
6-3 Le Secrétaire d’État de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs
6-4 Le Secrétaire d’État de la Culture et des Fêtes Populaires
6-5 Le Secrétaire d’État pour les Activités Civiques et Communautaires
7) Le Ministère de la Santé Publique et de la Population :
7-1 Le Secrétaire d’État de la Santé Publique et de la Prévention Sanitaire
7-2 Le Secrétaire d’État pour les Soins et la Formation des Cadres Médicaux
7-3 Le Secrétaire d’État aux Affaires d’Alimentation et de la Qualité de la Vie
7-4 Le Secrétaire d’État pour les Urgences Nationales, Régionales et Locales
8) Le Ministère de la Justice et de la Protection des Vies et des Biens :
8-1 Le Secrétaire d’État pour les Affaires Judiciaires
8-2 Le Secrétaire d’État pour l’Etat Civil et l’Identification Nationale
8-3 Le Secrétaire d’État de la Police et pour la Sécurité des Vies et des Biens
9) Le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement National :
9-1 Le Secrétaire d’État pour l’Aménagement Territorial, le Cadastre et le Logement
9-2 Le Secrétaire d’État des Travaux Publics
9-3 Le Secrétaire d’État de l’Energie et des Mines
9-4 Le Secrétaire d’État pour l’Environnement et les Ressources Naturelles
9-5 Le Secrétaire d’État pour la Technologie et les Télécommunications
9-6 Le Secrétaire d’État pour le Transport Aérien, Ferroviaire, Maritime et Routier
10) Le Ministère de l’Economie et des Finances Nationales et Régionales :
10-1 Le Secrétaire d’État pour les Finances, la Taxation et les Revenus Publics 10-2 Le Secrétaire d’État pour le Budget National et Régional 10-3 Le Secrétaire d’État à l’Ordonnancement et à la Fonction Publique
Il faut noter que ces reformes peuvent être mises en place sans réviser la Constitution.
Finissons avec la gestion sans vision et la navigation à vue
Le Plan Collier représente un minimum sur lequel les donneurs peuvent s’entendre pour chercher à sortir du pétrin que représente la situation du pays. Car, ils considèrent que si le pays entrait en crise une fois encore, les gains de ces 5 dernières années seront perdus. Donc, si le Plan Collier peut servir comme point de départ pour une discussion avec les bailleurs, tant mieux. Mais, pour réussir le pays a besoin d’un plan qui peut engager tous les secteurs de la société, surtout les jeunes et rien n’est dit à ce sujet.
N’importe quel plan susceptible d’avoir une bonne chance de réussir doit intégrer les jeunes à tous les niveaux de ses activités. L’un des rôles principaux d’un Secrétaire d’État à la Jeunesse serait de veiller à ce que cette intégration soit effective et se fasse selon des normes et des objectifs qui puissent préparer les jeunes à prendre la relève dans la société de demain.
Par exemple, dans le secteur de l’environnement, les jeunes doivent former les cadres de ce secteur. Il est vital pour nos jeunes que l’écologie du pays ne continue pas à se dégrader afin d’éviter qu’ils héritent d’un monde pollué où la dégénérescence de l’écosystème élimine la possibilité pour la population de vivre dans un milieu sain. Nous devons nous rappeler que le thème qui avait été retenu cette année pour la Journée internationale de la jeunesse est « Les jeunes et les changements climatiques : il est temps d’agir ». Donc, chaque jeune Haïtien doit se demander comment agir et prendre les actions appropriées pour contribuer à l’amélioration de l’environnement du pays.
Actuellement, il n’existe pas une meilleure façon de fournir un minimum d’équipement aux populations localisées en dehors de la capitale, sur le plan de la santé publique, de l’énergie, des télécommunications et de l’Internet ; du développement d’un système de transport, intégrant routes, ports et aéroports, qu’en aménageant trois villes régionales modernes, servant de points focaux pour les régions du Grand-Nord, du Grand-Sud et du Grand-Centre. Un gouvernement qui veut amener le pays aux 21 nièmes siècles doit lancer plusieurs programmes pour créer des opportunités pour les jeunes dans le cadre d’un plan ambitieux. Si nous voulons vraiment sortir le pays de la léthargie, cela doit être un engagement, comme si c’était le cas d’aller à la guerre pour défendre notre droit à l’existence et celui de vivre dans un pays décent.
En effet, moderniser notre production agricole veut dire la transformation de nos jardins en plantation mécanisée, la transformation des paysans en agriculteur et la capacité d’obtenir de meilleures récoltes qui doivent être conservées et empaquetées afin d’arriver sur les marchés locaux et internationaux dans d’excellentes conditions, grâce à un réseau de distribution approprié. Pour survivre dans un environnement de grande compétition avec les produits venant de l’étranger, il faut moderniser et produire à plus bas prix. Et il ne va pas y avoir de modernisation de la production agricole sans équipements et sans un encadrement technique et un financement approprié. Donc, nous avons besoin de ces jeunes qui ont déjà une formation de base pour les engager dans l’apprentissage technique afin d’accompagner les producteurs dans le secteur alimentaire du pays.
La mise en place d’un réseau télématique supporté par satellite et couvrant tout le pays, doit permettre d’offrir des services de formation technique à distance aux jeunes des zones rurales afin qu’ils puissent continuer à étudier pendant qu’ils offrent leur service dans les zones éloignées des centres de formation professionnelle. Ce réseau sera utilisé aussi pour faciliter que les programmes de mise à niveau soient offerts et étendus à toute l’administration publique déconcentrée et décentralisée. Les universités pourront, de leur coté, utiliser ce réseau pour la formation à distance des étudiants. La formation à distance, malgré certaines faiblesses, offre à des étudiants la possibilité de recevoir une formation de qualité en suivant des cours selon leur budget, n’importe quel jour et à n’importe quelle heure du jour, quelque soit l’endroit où ils se trouvent et recevoir le diplôme de leur choix pour améliorer leur compétence, en fonction des opportunités de s’adonner à une activité de production ou de création. Ce chanel pourrait être utilisé par les chambres de commerce, aussi, et les associations de travailleurs également, comme les syndicats, pour offrir, au besoin, des services à distance à leurs membres.
Par exemple, le Ministère de l’Equipement qui doit remplacer celui des TPTC ne sera pas une simple affaire de changement de nom. Il s’agira d’apporter des solutions à des problèmes qui actuellement constituent des handicaps à l’efficacité et à l’absorbation des fonds fournis par les bailleurs de fonds internationaux. Le nouveau système a été conçu afin qu’il soit plus agile et en mesure de répondre aux besoins du secteur en suivant des procédures modernes pour accompagner l’effort de construction nationale et l’exécution des grands travaux.
A l’époque où j’étais Conseiller Spécial du Gouvernement, il y a un problème qui s’est présenté à un moment critique du désastre provoqué aux Gonaïves par le cyclone Jeanne. En effet, parallèlement à l’effort de secours pour les milliers de victimes, le gouvernement voulait débuter la phase de réhabilitation de la ville. La plus grande partie des fonds devait venir des bailleurs de fonds. Le problème, les spécifications exigées par les bailleurs disqualifiaient presque toutes les entreprises haïtiennes. A l’époque, les compagnies étrangères refusaient de travailler au pays, compte tenu du climat d’insécurité et le coût de l’assurance. L’une de ces spécifications étaient la demande qu’une compagnie soit d’une certaine dimension et puisse démontrer avoir l’expérience dans la gestion de projet de grande dimension pendant un certain nombre d’années. Malgré, que je partageais le point de vue de ceux qui croyaient que ces spécifications étaient favorables aux compagnies qui devaient venir de l’extérieur, j’ai conseillé de trouver une façon de mettre les entreprises du pays au travail sans perdre un temps précieux à nous opposer aux règles du jeu des bailleurs qui étaient déjà bien établies.
La solution que nous avions trouvée et mise en application, a été la création d’un consortium de 23 entreprises travaillant dans le secteur qui acceptait un contrat collectif et ensuite se partageait le travail. Compte tenu, notre objectif était d’agir au profit de la communauté des Gonaïves et d’encourager le-vivre-ensemble, cette proposition était acceptée comme étant appropriée et mis en exécution.
Mais, aujourd’hui, s’il s’agirait de lancer des projets de plusieurs millions de dollars dans le cadre de ces vastes programmes de construction, aurions-nous les compagnies de constructions dans le pays, capables de satisfaire les spécifications des bailleurs? Ou, de la façon cela se passe presque toujours, les compagnies haïtiennes seront tout simplement des sous-traitants des compagnies venant de l’étranger ?
Nous pouvons encourager les Haitiens de la Diaspora qui sont dans le secteur de la construction à créer ou à rentrer en partenariat avec des compagnies pour intervenir dans le pays. Mais, une des principales responsabilités du Secrétaire aux Travaux Publics devrait être de travailler avec le secteur privé et les universités afin de trouver la meilleur façon que l’État puisse encadrer les entreprises du pays afin de les permettre de rencontrer les exigences de cette nouvelle ère de défi où nous aurons parfois à affronter et à gagner contre l’impossible…
Le programme économique du Président Américain, Barak Obama, peut être aussi une source d’opportunités. Du fait que le Président américain a décidé de placer le biodiesel, le solaire et l’éolienne au centre de sa politique d’énergie et de relance de l’économie américaine, cela aidera à améliorer la technologie dans ces domaines et encourager l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables par les investisseurs importants.
L’idéal serait de fixer l’objectif d’atteindre d’ici 2015 que les énergies renouvelables représentent 20% de la consommation énergétique du pays et que nous travaillons d’arrache pied pour atteindre cet objectif. Cela aurait l’avantage de réduire les dépenses en hydrocarbure importées et d’abaisser le niveau de pollution dans le pays.

Merci,
Paul G. Magloire
04/12/2009

Je vous invite à visiter les blogs suivants :
IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.-
Propositions pour un Plan de 25 Années

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