mercredi 28 janvier 2009

5-Les lignes d’activités pour l’engagement des jeunes

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère


5-Les lignes d’activités pour l’engagement des jeunes
Haiti est un beau pays, mais il est mal dirigé. Cela explique en grande partie la misère, mais aussi pourquoi notre histoire est marquée par tant de soulèvement du peuple qui est très souvent en révolte contre ceux qui le gouvernent. Nous sommes très connus pour notre instabilité politique.

Mais, est-ce que nous sommes sur le point de mettre fin à cette tradition de brigandage continuel ? Ou bien marchons-nous à reculons vers le pire, la faillite totale? Sinon, comment s’expliqué qu’il n’y a pas une politique qui viserait à engager les jeunes, la majorité de la population, dans le développement du pays.

Je dois répéter qu’aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir une population jeune qui veut avancer. Plus de 60% de cette population est en dessous de 25 ans. Sur ces 10 dernières années, 50 mille d’entre eux, en moyenne, se présentent tous les ans aux examens de fin d’études secondaires. Il est certain que si nous les mobilisons dans la construction de trois nouvelles capitales, ils les bâtiraient. Ils auront une raison d’exister. N’oublier pas quand on est jeune on veut changer le monde. Nous devons leur donner la chance de prouver que nous ne sommes pas une race dégénérée. Nous pouvons le faire. Ils seront les bâtisseurs des entreprises de toutes sortes qui créeront du travail et de la richesse dans le pays. Nous ne pouvons pas les abandonner. Il faut faire quelque chose.


Quand la confusion a remplacé la volonté de résultats ?

L’un des acquis apporté par le gouvernement intérimaire, a été que le budget d’État soit prêt en octobre, malgré l’absence d’un parlement à l’époque. Aujourd’hui, le budget est reconduit d’année en année, comme pour dire tout simplement que de toute façon plus les années changent, plus ce sera la même chose ou même pire ? Les parlementaires avaient reçu, en fait, la promesse que ce budget serait décentralisé. Quand est-il de cette promesse ?

Pour avoir eu le privilège de côtoyer le Ministre des Finances, M. Daniel Dorsainvil, je sais qu’il fait bien la différence entre la Décentralisation et la Déconcentration. Donc, il a été une surprise de l’entendre dire que l’appareil d’État est déjà décentralisé, car des services du gouvernement existent à travers le pays.

Malgré son retard au rendez-vous, le budget a oublié d’établir des objectifs clairs par secteurs. Il pouvait le faire de trois façons : soit en utilisant des statistiques en terme de besoins, ou établir des taux de rendement par unité de fonds investis, ou encore utiliser un mixte des deux systèmes.

Par exemple, des statistiques existent sur le nombre d’enfants en âge de scolarisation. Donc, dans la première approche, nous pouvons, par rapport à un objectif sur le long terme qui prévoit que tous les enfants du pays bénéficieront du droit d’être scolarisé, comme prévu par la Constitution, déterminer le nombre d’enfants qui sera scolarisé par ce budget.

Dans la seconde approche, nous pouvons déterminer la performance à atteindre dans chaque secteur. Par exemple, cela pourrait être un rendement de 30% ou 30 centimes sur chaque dollar investi dans les infrastructures ; 20 centimes dans le tourisme ; et 10 centimes dans les secteurs tels qu’agriculture et éducation, dans le cas où ces secteurs représenteraient nos grandes priorités.

La troisième approche porterait les planificateurs à choisir, par exemple, la quantité de riz, de pois, de bananes, de têtes de bétail qui seront produits par rapport au fonds alloués au secteur agricole. Au même moment, on pourrait avoir des objectifs par taux de rendement moyen sur chaque dollar investi dans chaque secteur.

Donc, nous aurons une planification par objectifs et le suivi des opérations dans tous les secteurs sera mathématiquement comparable, malgré qu’il faut reconnaitre que la notion de rendement financier ne doit pas être le seul critère pour les choix d’investissement. Car, l’État n’est pas une entreprise, dans le sens strict du terme. Cependant, nous devons savoir dans quel but nous investissons nos fonds qui sont très limités.

Les Jeunes comme fer de lance de la Décentralisation

La Première Ministre a cherché à donner de l’espoir en disant qu’elle envisagerait de transférer 20% des fonds du budget de développement aux collectivités territoriales à partir de l’année fiscale 2010-2011. Malgré que ce taux concorde au niveau que j’ai toujours pensé approprier aux besoins, je crois pourtant que c’est une promesse à faire dormir debout. Car, il parait assez clair que le gouvernement n’a presqu’aucun contrôle sur les fonds que le pays reçoit des bailleurs de fonds, si l’on veut prendre à témoin les déclarations du ministre de l’Agriculture. Ensuite, il faudrait se demander comment l’orientation de ces fonds pourrait changer si nous ne voyons pas dès maintenant, aucun effort pour articuler une nouvelle ligne directrice ? D’ailleurs, compte tenu de la crise financière internationale, il faut s’attendre à ce que vraiment très peu de ces fonds promis soient décaissés. Par exemple, durant la campagne américaine, le Vice-président Biden, pour répondre aux questions des journalistes qui voulaient savoir quels seront les programmes que le gouvernement serait obligé de réduire, a répondu qu’il ne voyait rien d’autre en dehors de l’aide étrangère. Ce qui est tout à fait logique. Et un pays comme le nôtre qui ne représente pas beaucoup sur le plan géopolitique, pourrait être dans la liste pour une réduction de l’aide. Le President Obama, a lui-même annoncé que la nature de cette aide devrait changer. Disons, en mettant moins l’accent sur le volet humanitaire, pour supporter l’investissement. Devons-nous attendre l’année prochaine qui est très hypothétique pour commencer le changement ? Ne faudrait-il pas commencer dès maintenant avec ce budget et avec les fonds du trésor public.

Le Fonds de Gestion et de Développement des Collectivités Territoriales (FGDCT), représente un premier effort qui a été entrepris pour fournir aux Collectivités un minimum de moyens pour financer leurs activités. Mais, ces ressources pourraient être plus opérationnelles si elles étaient utilisées exclusivement pour financer l’éducation et offrir aux enfants des communes et des sections communales la formation scolaire de base exigée par la Constitution. Cela ferait une grande différence de suivre cette politique par objectif par rapport à la politique de saupoudrage et de népotisme qui est actuellement en application. L’un des aspects fondamentaux, de telles mesures, seraient d’éviter que 50% des enfants en âge de scolarisation aujourd’hui deviennent demain des adultes analphabètes. Donc, il n’est pas trop tard pour commencer à traiter les enfants du pays avec justice.

Ensuite, la meilleure façon d’améliorer la qualité de la vie dans la capitale serait de lancer un Processus de Déconcentration et d’entamer des mesures d’aménagement et de modernisation. Car, Port-au-Prince est victime de son obésité. Par exemple, est-ce qu’on espère pouvoir maintenir la ville propre quand ses structures urbaines étaient prévues pour 350,000 personnes et sa démographie aujourd’hui dépasse les 2 millions?

Ma position, en 1986, sur le sujet n’a pas changé. J’écrivais alors que « Le cas de Port-au-Prince sera assez spécial, vu que la capitale a déjà atteint un seuil de concentration démographique pour lequel elle n’était pas construite. L’approche qui sera adoptée dans ce cas sera d’intégrer les zones marginales dans des armatures suburbaines reliées à l’armature centrale. De nouveaux axes routiers joueront un rôle important dans ce réaménagement. Par exemple, pour la zone de Carrefour, une autoroute à grande circulation sera construite. Elle partira du haut de la Troisième Avenue de Bolosse pour atteindre Gressier. La voie ordinaire en usage actuellement deviendra une route à circulation restrictive pour les matériels roulants lourds. Une autre voie sera construite parallèlement à celle-ci sur le littoral et sera réservée aux piétons et aux cyclistes. Le projet de construction d’une autoroute partant de la zone de l’aéroport pour atteindre Pétion-Ville, en passant par la zone des Frères, se réalisera dans cette même perspective. Ensuite, le centre ville sera reconditionné dans le sens d’une revitalisation ».

Le texte complet est disponible en ligne. Je vous invite à cliquer sur le lien suivant :
RESTRUCTURATION DE LA COMMUNAUTE RURALE ET URBAINE


Le projet de budget, présenté par le gouvernement pour couvrir l’année fiscale 2008-2009, a trop de priorités pour aboutir à des résultats visibles et significatifs. J’ai suggéré que le nombre de priorités se réduise à quatre et que les infrastructures soient l’une d’elles. Les infrastructures, au sens large, doivent inclure les routes, les aéroports et ports, la télécommunication, la production et la distribution d’électricité, l’adduction d’eau potable et les grands travaux d’irrigation. Cette ligne de priorité doit être réalisée dans le cadre d’une Politique de Déconcentration créant 3 régions dont le Grand Nord, le Grand Sud et le Grand Centre ; et devrait être aussi supportée par une politique visant la Décentralisation et l’Aménagement Urbain et Rural et la Construction de Logement et de Bâtiments Publics à travers le pays.

Un Programme de Déconcentration/Décentralisation n’est pas très difficile à lancer. Un mois après mon arrivée au Ministère de l’Intérieur et des Collectivités, j’ai pu initier un tel programme avec l’appui de techniciens haïtiens très compétents en la matière. Dans un laps de temps assez court, j’ai pu mettre en pratique ce que j’avais toujours prêché. C’est pourquoi, par exemple, nous avons aujourd’hui, dans le Nord du pays, la route reliant Cap-Haitien à Ouanaminthe pour ne citer que cela. En dehors des projets routiers que nous avons lancés de concert avec le Ministère des Travaux Publics, nous avons travaillé avec les différentes instances concernées sur les questions liées à la déconcentration de la capitale en regard de l’établissement d’un minimum d’équipement dans tous les départements géographiques dans le domaine du service d’électricité, des ports et aéroports, de l’eau potable, des immeubles publics et de la télécommunication, tel qu’un service internet municipal à bon marché pour les jeunes.

Malheureusement, ces programmes ont été suspendu sans raison valable, malgré certains étaient déjà à une phase avancée et aurait déjà créé des milliers d’emplois dans un pays qui s’écroule sous le poids du chômage. Il y a toujours ceux qui oublient que le pays ne peut progresser sans un certain sens de la continuité dans l’État quelque soit la personne en charge.
Je ne connais pas une autre raison pour expliquer qu’on n’a pas un système de service internet public à bon marché opérant aujourd’hui dans 140 mairies du pays, sinon la volonté de certains responsables du gouvernement de bloquer ou tout bonnement détruire, tout ce qui a été réalisé avant eux pour recommencer à zéro, sans respect pour les rares ressources que l’État a à sa disposition. En effet, le Ministère de l’Intérieur avait déjà installé et testé, durant mon passage, les antennes paraboliques et les équipements pour le service internet et $700,000 du trésor public avaient été engagés dans ce programme. Le déploiement d’un réseau télématique, avec des antennes parabolique installées dans les différentes communes du pays, offrait à ces communes la capacité de communication par satellite. Si ce réseau était rendu opérationnel et le personnel des délégations, des mairies et des sections communales entrainés à utiliser cette technologie, un grand bond en avant aurait été réalisé. Ce système permettrait aux différents secteurs, publics et privés, d’échanger des informations en temps réel. Les rapports, d’un point à l’autre du pays se réaliseraient de façon électronique et les autorités du gouvernement central auraient eu une grande visibilité sur l’état d’avancement des projets à travers le pays et se serviraient de ce système pour augmenter leur efficience, prévenir la corruption et moderniser la qualité des services de l’état à la population et l’amélioration de la qualité de la vie dans le pays.

Avec ce réseau internet, les jeunes seraient devenus le fer de lance de la décentralisation et du développement du pays. Ils n’auraient pas à dépendre des circuits traditionnels pour offrir leur service, basé sur le savoir, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, sur tous les marchés du monde à des prix très compétitifs. Le nom commercial de ce réseau devrait-être PamNet, car il aurait appartenu au pays, aux communes et aux jeunes. PamNet avait, à lui seul, la possibilité de développer des milliers d’emplois en créant des centres d’appels pour le service à la clientèle pour les entreprises locales, mais sous contrat également avec des compagnies américaines, canadiennes et européennes. Les jeunes seraient entrainés dans la vente à distance pour vendre, à travers le réseau, les marchandises qui sont produites par les membres de leur communauté afin de générer des revenus et augmenter leur chiffre d’affaires. Les estimations préliminaires prévoyaient que des milliers d’emplois pourraient être créés dans ce réseau.

Est-ce que le forum de discussion que le Président Préval a créé sur la technologie a, au moins, la mission d’évaluer pourquoi ce projet a été envoyé aux oubliettes et chercher à savoir où sont passés les équipements ?

Pour avoir accès au profil de ce programme en ligne, cliquer sur le lien suivant :
AU NOM DE LA CONTINUITÉ DE L’ÉTAT

La construction de routes, ou le développement du maillage routier, pour utiliser la description chère au Président Préval, ne peut se faire et réussir dans un espace vide de toute autre action. Ainsi, pour avoir du succès, la question de l’équipement du pays des infrastructures de base doit être adressée dans leur globalité dans le cadre d’une politique de Déconcentration de la capitale et d’une Décentralisation basée sur un développement régional.

Dès la fin des années 90, les théories sur l’aménagement territorial avaient évolué pour donner un rôle important aux régions et aux pôles d’attractions dans le développement économique. J’avais anticipé que notre système de décentralisation bénéficierait d’intégrer le système des points focaux régionaux. Après certaines discussions sur le sujet avec les membres de mon équipe de l’Unité de Support à la Déconcentration, les villes du Cap-Haitien, des Cayes et de Hinche ont été considérées pour devenir les points focaux du système de déconcentration lancé par le Ministère de l’Intérieur, sous ma tutelle. L’un des premiers avantages des points focaux sur le plan régional était de regagner les fonctions d’optimalisation qu’offre la concentration. En effet, un spécialiste en urbanisme vous dira que tout n’est pas mauvais dans la concentration. Une de ces qualités, c’est qu’il permet d’atteindre l’efficience optimale.

Ce jargon technique veut dire que dans un système concentré, les ressources peuvent être utilisées pour produire les meilleurs résultats. Par exemple, la grande concentration de la capitale devrait permettre que la distribution de certains services publics coute moins chère. Ce devrait être le cas pour les services d’électricité, d’eau potable et de téléphone, pour citer ces trois. Mais, les contraintes dans les domaines de l’électricité et de l’eau potable dans le pays vont à l’encontre de cette théorie et c’est la rentrée de la technologie du cellulaire sur le marché qui a amélioré le service de la communication téléphonique. Et la concentration démographique n’a pas été le facteur le plus important dans la pénétration rapide du service cellulaire. La technologie du cellulaire, dans un certain sens, va même dans le sens de la déconcentration et requiert un minimum d’équipement et des activités économiques dans les villes périphériques.

La décentralisation, en facilitant l’installation des entreprises et d’autres activités économiques en dehors de la capitale, va également élargir le marché du cellulaire et des autres services de communication aux municipalités de la province. Durant ce processus, le gouvernement devrait profiter pour adopter des mesures susceptibles de créer une nouvelle génération de cadre dans le service public sur une base incitative, afin d’assurer que les municipalités aient suffisamment de compétence pour prendre charge avec efficience de leur nouvelle responsabilité et du même coup continuer à ouvrir de nouvelles opportunités où les jeunes pourraient faire carrière.

samedi 17 janvier 2009

4-CREONS 500,000 EMPLOIS POUR LES JEUNES DU PAYS

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère

Haiti rentre dans une période de grande difficulté économique due en partie à la crise internationale, mais beaucoup plus à une absence de courage politique et d’imagination de la part du gouvernement pour formuler une politique appropriée à une telle période. En effet, certains pays trouveront dans cette crise une opportunité de relance de leur économie mais d’autres déboucheront sur un désastre. La question est de savoir que compte faire le gouvernement face à cette crise ? Est-ce que ce sera un désastre ou une opportunité? Est-ce qu’il n’existe pas dans cet environnement la possibilité de créer du travail dans le pays et particulièrement pour les jeunes? Car, il y a toujours eu une absence d’opportunité pour ce groupe qui représente la majorité de la population.

En effet, malgré le potentiel que les jeunes ont pour être dans le peloton de tête de la Grande Marche pour le développement du pays, ils sont toujours tout bonnement oubliés ou ils sont tout au moins sollicités quand il s’agit de les utiliser pour servir les petits intérêts mesquins et de chapelle. Jamais encore, on a cherché à les appeler au nom de la nation pour servir de fer de lance au développement et à la modernisation du pays et de travailler afin de sortir le peuple de sa situation de dénuement.

Il y a une nation à construire. Je connais tant de jeunes qui attendent un plan réaliste et les moyens pour se mettre au travail et transformer le pays en un vaste chantier.

C’est sur ces points que je compte m’étendre, aujourd’hui. Dans les textes précédents, j’avais mis surtout l’accent sur la dimension de cette crise qui, débutée aux Etats-Unis avec les hypothèques subprimes, a débouché sur une crise économique internationale et, contrairement aux crises précédentes, a la possibilité de durer plus de deux années.

OUI, NOUS POUVONS LE FAIRE !

Un gouvernement, comme celui du Président américain, Barack Obama, se prépare à transformer cette crise économique en une opportunité pour créer 3 millions d’emplois aux Etats-Unis, dans les trois prochaines années, en lançant de vastes programmes dans les domaines des énergies renouvelables, de la construction et de la réparation des infrastructures routières, de la restauration de l’environnement et du support aux municipalités pour leur permettre de créer du travail dans leur juridiction. Président Obama veut lancer de nouveaux programmes dans le domaine éducatif, également, pour rendre la population américaine plus productive et plus compétitive et relancer ainsi l’économie pour éviter que la crise prenne la dimension d’une dépression économique semblable à la catastrophe de la Grande Dépression des années 30.

Le financement du plan pourrait couter entre 825 milliards à 1 trillion de dollars. Compte tenu des dépenses déjà engagées par le gouvernement du Président Bush pour faire face à la crise, le déficit du budget américain pourrait atteindre 2 trillions de dollars et la dette publique, se placerait au niveau des 7 trillions de dollars, soit environ 50% du PIB.

Dans cette période de crise, le déficit budgétaire n’est pas dramatique. La plupart des pays de l’Union Européenne, à cause des mesures adoptées pour enrayer la crise, ont des budgets déficitaires. Par exemple, la France pourrait avoir sa dette publique au dessus de 50% de son PIB, donc bien plus haut que le taux prévu par les accords de l’Union Européenne. Mais, le President Français, Nicolas Sarkozy, a annoncé que son gouvernement prendra toutes les décisions nécessaires pour éviter à son pays de rentrer dans une dépression économique.

Ce genre de résolution n’est pas seulement l’affaire de grands pays, mais l’expression de la volonté de leaders qui vont en tête de la crise grâce à un effort courageux pour éviter à leur peuple les grandes souffrances que vont apporter cette crise. Pour Haiti, il semble que nos dirigeants se disent en aparté que le peuple est habitué à la souffrance et qu’il acceptera cette situation aussi bien. Pourtant, le gouvernement a l’opportunité d’envisager de soutenir l’économie en poussant la demande intérieure, ce qui exigerait un support direct aux secteurs porteurs les plus dynamiques qui ont la capacité de générer des effets multiplicateurs élevés et des incidences positives sur l’emploi. Car, il faut finalement se décider à créer du travail dans le pays, surtout pour les jeunes. Et dans ce contexte de crise, où même le Fond Monétaire International sort de sa rigueur traditionnelle pour trouver les déficits budgétaires acceptables, il est possible de vendre un plan d’investissement orienté vers nos jeunes aux bailleurs de fonds internationaux.

Mais, il faut une vision…

Depuis l’année 1986, j’ai exprimé dans le document sur la Renaissance Haïtienne qu’une réforme en profondeur de l’appareil d’État est un préalable au progrès du pays. Nous avons encore en place un État qui n’a pas le sens des droits de la majorité de la population qui est privée de presque tout ce qui donne de la dignité à la personne humaine ; et un appareil d’État qui vit au-dessus de ses moyens et qui est si dépendant de l’aide humanitaire qu’il n’est même pas en mesure d’assurer, seule, la sécurité des citoyens et du territoire qui est la première fonction d’un État indépendant. Il faut une vision nouvelle pour changer ce pays et l’amener au niveau de la société moderne et de transformer les hommes et les choses afin que nous produisions les biens et services qui sont nécessaires à notre communauté. Il faut dépenser moins et investir davantage.

Le chômage dans notre pays est, en réalité, endémique et au-dessus de 60% et plus de 72% de la population vit au-dessous du seuil de la misère, avec moins de $2 dollar par jour. Le pays ne pourra pas sortir de ce gouffre sans une mobilisation nationale pour lutter contre la misère et qui fasse appel aux jeunes à servir la nation, comme cela est prévu dans la Constitution de 1987. Mais, même quand, un gouvernement après l’autre parle de la mobilisation des jeunes, c’est toujours des vœux pieux qui ne se traduisent pas en actes. Car, ceux qui nous gouvernent ont toujours peur de ressembler, dans leurs actes, à des barbudos, de devenir des émules de Castro, du Che ou de Cienfuegos. Ce que j’appelle de la Paranoïa Post Guerre Froide. Car, de la mobilisation des jeunes on en fait sous toutes les étiquettes et avec toutes les nuances: de Mao à Castro, de Lénine à Kim Jong il, mais de FDR à JFK également. Donc, cela dépend vraiment de ce qu’on veut faire avec une mobilisation nationale.

Donc, au début de l’année 2008, j’avais vu venir la crise et préconisé qu’une partie des fonds de réserves de la Banque Centrale Haïtienne (BRH), ajouté à des fonds qui pourraient être économisés grâce à une réduction dans les dépenses de l’Etat, servent à lancer un programme de construction de trois nouvelles villes régionales. Ces grands projets pourraient créer du travail dans notre pays qui a un taux de plus de 60% de chômage et plus de 860 mille jeunes filles et jeunes garçons qui n’ont jamais travaillé de leur vie ?

Donc, on aurait anticipé la crise économique mondiale, avec son cortège de problèmes et on aurait entamé de transformer cette crise en opportunité pour les jeunes dans notre pays. Pourtant, Madame Pierre-Louis, dans ses déclarations de politique générale au parlement, avait parlé de son intention de lancer de grands travaux, d’ouvrir de grands chantiers afin de créer du travail. Où en est-on avec ces promesses ?

A considérer le vide du budget déposé devant le parlement sur ce sujet, il semblerait que Madame la Première Ministre n’a plus le cœur à cela. On pourrait dire que quand on est à la tête du gouvernement, on n’a plus à se faire de souci pour les autres. Car, on est chef, donc ça va. C’est pour les autres que cela ne va pas. C’est bien dommage !

Quand, enfin, allons-nous comprendre que l’avenir du pays dépend d’un effort national pour intégrer les jeunes dans la vie économique du pays ? Nous devons les intégrer soit en tant qu’entrepreneur ou en tant que professionnel qui peuvent embrasser une carrière qui leur offrira une vie honorable et décente. Nous parlons au nom de plusieurs centaines de milliers de jeunes qui sont actuellement sans espoir et frustrés. Cela va impliquer de gros investissements, certes. Même si d’après nos premières estimations, ces investissements pourraient porter sur plusieurs centaines de millions de dollars l’an, les bénéfices, en contrepartie, seront énormes et nous rentrerions dans une période de prospérité inégalée dans notre histoire. La seule chose qui manque c’est une vision.

De l’avis de la Commission des Nations Unies pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, (CEPAL), la zone caribéenne va subir l’impact de la crise économique aux Etats-Unis, car cette crise va entrainer une réduction des exportations vers ce pays, la baisse des transferts des immigrants vers leur pays d’origine, moins de touristes venant des pays du Canada et des Etats-Unis et une baisse de l’investissement direct qui est déjà en déclin.

Mais, nous ne pouvons pas rester les bras croisés et attendre que la situation s’empire. Tout au contraire, nous pouvons transformer cette situation de crise en opportunité. La politique financière conservatrice poursuivie pendant la période intérimaire et de façon plus rigoureuse encore jusqu'à présent, prépare le pays à prendre des risques calculés pour lancer de grands programmes, avec un peu d’imagination, pour faire face à la crise qui pourrait dévaster le pays. Certainement, le succès de ces grands programmes exigera de la discipline et de bons choix. Donc, ces programmes ne devraient pas servir, à démontrer, une autre fois encore, que nous sommes devenus le pays le plus corrompu du monde. La crise appelle à un changement de paradigme et à de nouvelles stratégies. Mais, nous pouvons le faire.

D’abord, je propose que nous réduisions le nombre de priorités proposé par la Première Ministre pour concentrer nos ressources et énergies sur quelques objectifs que nous pouvons atteindre sur une période de 10 années. « Tout le reste doit venir après », comme disait l’ancien President de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny. Les 4 secteurs qui sont définis plus bas, doivent s’appuyer sur des politiques et des activités de support. Voici un tableau simplifié:

a) Les Infrastructures : Elles doivent inclure les routes, les aéroports et ports, la production et la distribution d’électricité, l’adduction d’eau potable et les grands travaux d’irrigation. Cette ligne de priorité doit être réalisée dans le cadre d’une Politique de Déconcentration créant 3 régions dont le Grand Nord, le Grand Sud et le Grand Centre ; et aussi d’une politique de Décentralisation et d’Aménagement Urbain et Rural, et de Construction de Logement et de Bâtiments Publics.
b) Le Tourisme : Cette priorité doit viser à court terme de dynamiser le touriste local et les visiteurs venant de la diaspora. Ensuite, l’accent doit être mis sur les visiteurs étrangers en ciblant des opérateurs spécialisés dans le tourisme d’aventure et culturels. Cette ligne de priorité sera supportée par les activités culturelles, les fêtes populaires et un système de Service d’Accueil moderne et très compétitif.
c) L’Agriculture devenant une priorité doit participer à la croissance, mais elle doit également servir à réduire la misère de la population rurale en modernisant la production pour fournir suffisamment de biens agricoles et permettre d’éradiquer la faim dans le pays. Ce secteur doit être en harmonie avec le développement écologique afin de protéger et de régénérer notre écosystème avec le support d’un réseau national de crédit dédié à l’agriculture pour encourager la production sur une base rationnelle.
d) L’Education doit s’engager à relever le défi établi par la Constitution d’offrir une formation de base a tous les enfants du pays et les mairies devront recevoir les moyens pour accomplir cette tache. Une attention spéciale doit être accordée, également, à tous les niveaux d’éducation afin d’assurer que la formation offerte soit de qualité et disponible avec une grande spécialisation dans les services de santé et la technologie.

Ces quatre secteurs porteurs peuvent servir de moteur à une croissance économique accélérée de façon durable. Le fait de lancer une croissance accélérée de l’économie à partir de 4 secteurs et de 3 régions également, va offrir une diversité dès le départ et créer une certaine compétition pour les talents et les ressources. Cela est nécessaire pour encourager l’évolution équilibrée des prestations de service et l’établissement d’un marché de travail avec des salaires décents pour les travailleurs et employés qui devront aussi bénéficier des fruits de la croissance économique de façon équitable. Car, la croissance économique ne peut suffire pour mesurer le bien-être d’une société si des mesures pour une répartition équitable des revenus ne sont pas adoptées.

Ensuite, la diversité des régions et des secteurs porteurs que je propose, a pour rôle, au-delà d’équilibrer le système, d’offrir une garantie de sécurité face à la possibilité qu’un secteur de l’économie puisse rentrer dans une période de ralentissement et entrainer toute l’économie dans sa suite. Il a été prouvé, dans plusieurs cas, que les secteurs de la santé et de l’éducation rentrent difficilement en déclin durant une période de récession. Les services qu’ils offrent sont presque toujours en demande et sont hautement prioritaires pour les consommateurs. Alors, cette diversification permettra à l’économie du pays de résister à des crises comme celles que traverse la communauté internationale maintenant.

Encourager la création de plusieurs milliers d’entreprises

Acceptons que toutes choses étant égales entre elles, au niveau courant du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays, soit $5.4 milliards de dollars et une croissance projetée en moyenne de 10%, l’économie pourrait produire de façon cumulée sur 10 ans, environ $60 milliards de dollars en biens et en services. Donc, pour une population qui serait de 15 millions d’habitants, ce PIB représenterait $2000 l’an per capita. Mais, au taux de croissance que poursuit le gouvernement actuellement, le revenu d’un haïtien serait moins du 1/6 de celui d’un dominicain, dans cette même période, avec tout ce que cela implique, comme un plus grand nombre d’haïtiens allant dans les pays voisins pour fuir la misère dans leur pays.

Mais, nous pouvons changer le cours des choses, en choisissant d’investir $3 milliards de dollars, sur une période de 10 années, soit une moyenne de 1 milliard de dollars par région ou 300 millions de dollars l’an. Un tel investissement représenterait environ 5% de notre PIB, sur cette période. Et en comptant sur les effets multiplicateurs, notre économie pourrait atteindre une croissance moyenne de 10% l’an et doublerait sa capacité de production de biens et de services pour amener le revenu per capita à un niveau où le pays rentrerait dans une situation où la majorité de la population ne croupirait plus dans une misère dégradante.

Des objectifs mesurables, en termes d’emplois, doivent être assignés aux secteurs porteurs de la croissance. Par exemple, il serait possible d’obtenir 200,000 emplois dans le secteur agricole et les services relatifs à l’environnement, principalement dans la reforestation ; de créer 150,000 emplois dans le domaine des travaux d’infrastructure, de la construction de logement et d’immeubles ; 100,000 emplois dans le domaine de l’éducation et de l’amélioration des services de santé et la technologie et enfin 50,000 dans le secteur touristique supporté par les services d’accueil, les activités culturelles et celles liées aux fêtes populaires champêtres et carnavalesques.

Pour mettre 500,000 jeunes au travail de façon progressive, l’accent doit être porté sur l’entreprenariat et l’occupation professionnelle, pas uniquement sur l’emploi. En effet, il faut encourager les jeunes filles et les jeunes garçons du pays à créer leur propre entreprise, soit dans la production ou dans les services. Ils doivent devenir eux-mêmes des employeurs et créer des milliers d’emplois qui abaisseront le taux de chômage qui est à un niveau aberrant aujourd’hui.

Ainsi, malgré que le lancement de la création massive d’emplois serait initié par l’État, ou à proprement parler par le secteur public, le secteur privé, dans la seconde étape sera le principal créateur d’emplois, grâce à des milliers de petites entreprises qui seront créées en grande partie par les jeunes entrepreneurs. Mais, les entrepreneurs aguerris, également, contribueront largement à la création d’opportunité d’emplois et de richesse dans le pays à partir d’un appui que les programmes de support à la croissance offriront aux secteurs de production les plus performants. Car, les entreprises ont beaucoup plus de possibilité de continuer à créer du travail même après que les programmes incitatifs seraient terminés par le gouvernement.

Qui devrait-on classer sous l’appellation de jeunes ?

C’est une question qui est encore débattue par la catégorie de la population qui doit être le principal bénéficiaire d’un effort de mobilisation national pour le développement. Du point de vue statistique, serait classé comme jeune, le groupe d’âge qui va de 16 à 30 ans. Alors là, dans quelle catégorie il faudrait ranger ce jeune homme de 33 ans qui a déjà trois diplômes, mais n’a jamais eu un emploi pour gagner sa vie et qui vit encore chez ses parents ? Donc, être un jeune n’est pas seulement une statistique, mais une réalité de vie quotidienne pour tous ceux-là que le pays n’offre encore aucun avenir.

Il faut rendre le pays très compétitif en termes d’environnement pour les entrepreneurs, jeunes et matures, et faciliter la création et le succès des petites entreprises. Il faut créer un environnement dans lequel il sera aussi facile de créer une entreprise que de trouver un travail. Il faudra aussi mettre l’accent sur la productivité en encourageant la formation continue et l’investissement dans la technologie.

Cependant, nous ne pouvons pas lancer cet effort national juste pour créer du travail et sans mettre en place les structures administratives qui permettront un développement durable qui continuera pour les années à venir et de génération en génération. Le développement, comme la démocratie, est un processus continu. C’est l’occasion de construire quelque chose qui a de la valeur et qui va durer et qui fera avancer le pays sur la voie de la modernisation. Ainsi, nous devons investir dans nos jeunes qui sont l’avenir de ce pays.

500,000 jeunes au travail avec des talents compétitifs et un haut niveau de productivité, vont accélérer la croissance économique du pays, augmenter le revenu per capita et doubler le niveau de la Production Intérieure Brute en très peu de temps. Ces jeunes sont là et attendent. Ce qui manque c’est la volonté politique et de l’imagination.
En fait, je veux répéter que ce qui fait la richesse et la pauvreté d’une nation ce sont ses hommes et ses femmes et la vision qu’ils ont de la vie et d’eux-mêmes. Car, on a des pays pauvres qui ont beaucoup de ressources naturelles ; mais, on a des pays riches qui sont pourtant sans ressources naturelles. Ainsi, il faut croire que c’est le travail du peuple qui fait la richesse des nations. Donc, construisons un pays digne à partir de nos hommes et nos femmes et commençons en créant du travail pour les jeunes, afin que nous n’ayons pas une autre génération de perdue.

Merci,
Paul G. Magloire
17.01.09

http://pmagloire.blogspot.com/2009/01/prospectives-pour-une-renaissance.html

http://decentralisationenhaiti.blogspot.com/2009/01/programme-de-la-deconcentration-de-port.html


samedi 3 janvier 2009

3-COMBIEN DE TEMPS VA DURER LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE


PAUL G. MAGLOIRE – PROSPECTIVES

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère, par Paul G. Magloire

3-COMBIEN DE TEMPS VA DURER LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE


Si au début de l’année 2008 quelqu’un vous disait qu’à la fin de l’année 2008 le gouvernement américain allait devenir actionnaire dans de grandes banques et aurait nationalisé des entreprises financières, vous lui auriez demandé qu’est-ce qu’il venait de boire ?

Mais ce paradoxe du capitalisme de la libre entreprise et de la non-intervention de l’État sur le marché est une vérité aujourd’hui. Car, pour freiner la descente aux enfers de l’économie et du secteur financier, le gouvernement fédéral des Etats-Unis est sorti du paradigme traditionnel de l’économie capitaliste de libre compétition sur le marché, avec tous les moyens à sa disposition.

En effet, le gouvernement Bush a adopté dans le cours de l’année 2008, plusieurs mesures ciblant des institutions, des secteurs et les États les plus touchés par la crise financière créée par les hypothèques subprimes, comme la Floride, la Californie et le Nevada. Par exemple, pour relancer le marché de l’immobilier, le gouvernement a offert de payer la moitié du versement initial pour les acheteurs modestes qui veulent acheter leur première maison. Toutefois, pour prévenir la spéculation et le coulage, ils ont inclus la condition exigeant que si un propriétaire qui bénéficie d’une telle subvention vend sa propriété avant un certain nombre d’années, l’État récupèrera l’argent qu’il avait versé avec les intérêts. Une autre mesure consiste à payer la moitié du paiement du loyer pour de nouveaux locataires qui ont de faibles revenus, afin d’éviter qu’une quantité de maisons vides baissent la valeur des quartiers là où elles se trouvent.

Toutes ces mesures, cependant, n’avaient pas pu enrayer la crise du secteur logement, car les banques ayant très peu de liquidités étaient réticentes à financer de nouvelles hypothèques dans un secteur en déclin. Le gouvernement fédéral avait pris la décision, aussi, d’intervenir directement pour financer et recapitaliser les banques en difficulté et toutes ces interventions pourraient coûter plus d’un trillion de dollars aux contribuables. La mesure la plus importante adoptée par le gouvernement américain a été le vote par le Congrès, le 2 octobre 2008, d’un programme de 700 milliards de dollars pour sauver les banques en difficultés. Ce programme dénommé par le public, Plan Polson, du nom du Secrétaire d’Etat au Trésor Américain, vise la participation directe dans les banques, créant la perspective pour que l’État Américain devienne le plus grand copropriétaire de banques de la planète. Dans le cadre du plan Polson, le gouvernement a également fourni le capital initial pour une banque de crédit. Cette banque recevra, aussi, 200 milliards de dollars de la Banque Centrale Américaine, la Fed, pour financer les petites entreprises et les prêts pour les étudiants.

Ces nouvelles mesures lancées par le gouvernement américain cherchent surtout à adresser le fait que la majorité de ceux qui ont financé l’achat de leur maison grâce à une hypothèque subprime ont des paiements maintenant qui représentent à peu près la moitié de leur revenu mensuel. Donc, dans cette période de récession, beaucoup de ces hypothèques ne seront pas payées et les banques auront encore moins de liquidités pour continuer à financer d’autres hypothèques et assurer une reprise du secteur de la construction et du logement. Ainsi, il est demandé aux banques qui sont recapitalisées par le trésor public, de renégocier leurs prêts hypothécaires à des taux plus bas, afin de permettre aux emprunteurs en difficulté de payer moins du tiers de leur salaire en obligation hypothécaire.

Ce ne sont pas uniquement les banques qui traversent des difficultés financières. C’est la même situation pour de grosses entreprises comme celles du secteur de l’automobile et d’autres entités importantes dans la vie nationale américaine, comme les Mairies et les États, comme la Californie et New York. Ils sont tous dans l’incapacité de trouver des fonds sur le marché pour financer leurs opérations au moment où ils sont en train d’enregistrer des déficits budgétaires très larges, dû à la baisse de leurs revenus. Dans cette situation de récession, les investisseurs évitent de mettre leur argent dans les bons municipaux et d’acheter ceux émis par une compagnie comme la General Motors, Inc. qui ne pouvant trouver l’argent pour financer l’achat de matière première et pour payer ses employés, considérait de déclarer faillite au début de l’année 2009. Là encore le gouvernement américain a du intervenir pour avancer près de 15 milliards de dollars au secteur de l’automobile qui emploies environ 2 millions de personnes. Les mairies ont eux un plan de 200 milliards de dollars qui sera présenté au gouvernement de Barack Obama pour financement, afin de créer du travail dans les municipalités.

Donc, la crise financière a forcé les Etats-Unis à abandonner les règles fondamentales de la non-intervention de l’Etat sur le marché et de laisser l’équilibre se rétablir par le jeu de l’offre et de la demande. Ce changement de paradigme a été adopté pour éviter que cette récession débouche sur une dépression, qui, selon le President Bush, pourrait être pire que celle des années 30. En fait, l’intervention de l’Etat américain est massive et cette injection de cash sur le marché, soit en achetant des actions préférentielles dans les compagnies, ou en leur empruntant de l’argent directement, apporte beaucoup plus de liquidités dans le système financier. Le gouvernement fédéral est même en train de garantir les dettes à la consommation, en achetant des banques les créances de clients qui ont financé des voitures et des fournitures d’ameublement. D’après les estimations de certains économistes, le gouvernement américain pourrait assumer, à ce rythme, des responsabilités financières pour environ 7 trillions de dollars, soit l’équivalent de 50% de l’économie du pays qui est de 14 trillions de dollars à peu prés.

Ces mesures interventionnistes qui rappellent les pratiques des économies mixtes de tendance socialiste d’autrefois, ont été mises en application de façon pragmatique pour chercher à réduire les impacts de la plus grande crise que connaît l’économie mondiale depuis 1929.

Cependant, même les économistes les plus conservateurs sont obligés de s’incliner sans trop faire d’histoire devant cette décision des autorités américaines d’intervenir sur le marché massivement. Le marché de l’emploi a déjà subi un taux de chômage de 6.7%. On prévoit que des milliers de compagnies en difficulté vont licencier des millions d’employés dans l’année 2009. Eviter les licenciements massifs autant que possible est essentiel, car la consommation qui représente plus de 60% de l’économie, chutera avec la réduction de la masse salariale et les prix des marchandises pourraient suivre pour chercher à attirer la clientèle. Ainsi de suite, ce mixte pourrait créer une situation déflationniste où les prix baissent et les marges de profits des entreprises deviennent négatives, entraînant de plus en plus de banqueroute et de chômage jusqu'à une dépression aigue de l’économie américaine. Le Japon, à la fin des années 1990, était rentré dans une spirale déflationniste qui avait duré près de 10 années.

Le gouvernement américain a parfois mené ses actions en coordination avec les autres pays les plus riches de la planète. Par exemple, ces pays se sont concertés à plusieurs reprises pour des interventions sur le marché, pour apporter des liquidités à travers leur banque centrale, afin d’enrayer les effets de la crise sur l’économie mondiale. Ils ont pris aussi des engagements, le 15 novembre 2008, à Washington DC, dans le cadre du Sommet des G20, de réévaluer leurs efforts et de prendre des décisions plus importantes encore, si cela devenait nécessaire. Car, sur la demande du Président Français, Nicolas Sarkozy et de l’Union Européenne, il faudrait une réforme en profondeur des institutions de Bretton Woods afin de les mettre à la hauteur de la nouvelle situation de l’économie mondiale d’aujourd’hui. Pour le moment, le Sommet du Groupe des 20 s’est accordé uniquement sur des principes qui viseraient à augmenter l’aide fournie par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale au pays les plus fragiles. Ils ont pris aussi l’engagement d’envisager des réformes dans le cadre d’un autre Sommet, en avril 2009, qui sera réalisé avec le nouveau gouvernement Américain. Ces réformes viseraient, également, de donner des rôles plus importants à des pays émergents, comme la Chine, l’Inde et le Brésil et de créer un dispositif d’alerte aux crises et même un « Collège des Superviseurs » pour contrôler les plus grandes banques qui opèrent sur la scène internationale en utilisant les contradictions, d’un pays à un autre, pour prendre des risques qui ont largement contribué à l’intensité de la crise.

Le sommet du Groupe des 20 plus grandes économies du monde, ou G20, a réuni les pays du G8 (les 8 pays les plus industrialisés, à savoir l´Allemagne, la France, Les États-Unis d´Amérique, le Japon, le Canada, l´Italie, la Grande Bretagne et la Russie), l´Union Européenne et 11 pays émergents: l´Argentine, l´Australie, l´Arabie Saoudite, le Mexique, le Brésil, l´Inde, la Chine, la Corée du Sud, l´Indonésie, l´Afrique du Sud et la Turquie.

De son coté, le Président français, Nicolas Sarkozy, annonçait, le 13 octobre 2008, un plan de secours aux banques et institutions en difficulté qui pourrait atteindre 36 milliards d’euros, soit environ 50 milliards de dollars. Quelques semaines plus tard, c’était le tour des autorités chinoises, de Pékin, d’annoncer un plan de 586 milliards de dollars pour dynamiser l’économie de leur pays. Et le 28 septembre 2008, déjà, la banque centrale américaine avait mené la première action coordonnée de son histoire, avec des banques centrales européennes et asiatiques, pour mettre environ un trillion de dollars en liquidité à la disposition des banques commerciales sous le marché mondial.

Tous ces efforts cherchent à éviter que cette crise ne dure pas aussi longtemps que la Grande Dépression des années 30. Cette dépression économique, en effet, qui commença officiellement avec le crash financier de 1929, dura plus de 10 ans, jusqu'à la Deuxième Guerre Mondiale. Elle avait changé le monde. Et on attend que si cette crise d’aujourd’hui devienne une Grande Dépression également, le monde ne sera plus comme avant. Cela sera une opportunité pour certains et un désastre pour d’autres. Mais, malgré que cette crise soit vraiment mondiale, due à la globalisation du système financier qui inclut maintenant les anciens pays du bloc soviétique et la Chine, les mesures prises assez vite pourraient servir à pondérer ses effets.


Un Système poussé à l’extrême révèle ses faiblesses
L’un des facteurs qui pourrait empêcher à cette crise d’avoir l’impact de la dépression de 1929 est le rôle que va jouer des institutions qui ont été créées durant la Grande Dépression, les mesures qui ont été adoptées par les grandes économies et le fait même de la globalité de cette crise qui permet à l’information de se répandre et de s’échanger rapidement.

L’Agence d’Assurance sur les Dépôts Bancaires, en anglais, Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), a été l’une des premières institutions américaines à réagir pour empêcher que la crise financière aux Etats-Unis débouche sur une panique bancaire, comme cela a été le cas en 1929. Cette institution, d’ailleurs, avait été créée durant la Grande Dépression pour offrir la garantie de l’État sur une partie des dépôts des clients dans les banques. Cette garantie de la FDIC couvrait les premiers $100,000 dollars jusqu'à présent. La FDIC l’a augmenté pour atteindre les premiers $250,000 qui représentent le plafond numérique de plus de 60% des dépôts. Dans les autres pays, comme en Angleterre et en France, où des systèmes similaires existent, la couverture d’assurance a été augmentée également.

Pourtant, une autre institution des années 30, la SEC (Security Exchange Commission), ou la Commission pour la régulation et la surveillance des transactions boursières, a été elle-même accusée de laxisme, du fait qu’elle n’a pas vu arriver la crise. Mais, cet organisme a pris des mesures pour accompagner le Département du Trésor des Etats-Unis à éviter une panique boursière dans la dimension du Mardi Noir de 1929. Elle a à sa disposition des mécanismes qui lui permettent d’arrêter les transactions de la bourse de Wall Street sitôt que les valeurs boursières tomberaient à un niveau proche de la panique. La SEC a aussi d’autres moyens coercitifs dans son arsenal pour interdire des types de transactions qui pourraient être préjudiciables à l’équilibre de la bourse. Ainsi, elle n’avait pas hésité à interdire aux operateurs financiers, qui misaient sur la chute des banques engagées dans les subprimes, de continuer leurs opérations en bourse, pour un certain temps.

Mais, le volume des produits dérivés appuyés sur les bons des hypothèques subprimes était si énorme que les interventions de la SEC ne pouvaient pas empêcher la bourse de Wall Street de chuter. Comme nous le savons, certains de ces produits étaient créés par des esprits si sophistiqués et si fertiles que très peu de dirigeants d’entreprises financières eux-mêmes savaient ce que renfermaient vraiment ces dérivatifs, ou sur quels produits réels ils étaient adossés. Mais, tout le monde faisait semblant de savoir et d’y croire pour ne pas paraître stupide devant leurs collègues. Car, les dérivatifs étaient le grand jeu et rapportaient beaucoup d’argent.

C’était le cas pour les produits dérivés et structurés qui est un système de Contrats d’échanges de Risques de Défauts, en anglais, Credit Default Swaps ou des contrats d’échange sur la défaillance de payement dénommé CDS, dans le jargon à la mode. En effet, une banque ou une entreprise financière qui finançait une obligation ou un projet tels qu’un contrat de vente de maison, la construction d’un centre commercial, d’un village, la construction d’une usine, faisait signer aux clients des bons à termes. Pour se protéger des risques que pourraient représenter un défaut de paiement sur ces bons, paie à une autre institution financière une partie des bénéfices anticipés de ces bons pour un partage des risques. Quand l’obligation est arrivée à terme et le client honore le bon, la banque d’affaires qui avait participé au contrat d’assurance (CDS) n’a rien à payer, donc fait un profit sans rien investir. Mais, dans le cas où le client n’honore pas le bon, la banque d’affaires qui a garantie le CDS, paie le bon et le prend pour le revendre aux enchères à un prix au-dessous de sa valeur et enregistre la perte. Mais, des banques d’affaires spécialisées dans les CDS, parquaient ensemble ces contrats et les revendaient à d’autres investisseurs à partir de calcul sophistiqués sur les risques que représentaient ces paquets. Par exemple, avant sa faillite, la banque Lehman Brothers était spécialisée dans ces transactions. L’American International Group (AIG) avait garantie une bonne partie des CDS circulant sur le marché international.

Le grand problème dans les transactions sur les produits dérivés est le fait que les institutions qui garantissaient les CDS ne maintenaient pas de réserves liquides pour payer au cas où les documents qu’ils garantissaient entraient en défaut. Tel était le cas pour Lehman Brothers. Aucune loi, également, ne régissait ces transactions.

Le pire c’est qu’un investisseur ne savait pas toujours vraiment la valeur des obligations structurées sur lesquelles s’adossait un dérivative. Dans la plupart des cas, les bons signés par les acheteurs de maisons au crédit douteux, étaient classés par les bureaux de notation dans une catégorie peu fiable de série BBB, ou bons peu viables par rapport aux bons commerciaux fiables qui étaient classés dans la catégorie la plus élevée qui est le AAA. Les règlements de la SEC interdisaient que les fonds de pensions investissent leurs avoirs dans des obligations classées au-dessous de A. Donc, pour contourner ces règlements, les banques d’affaires prenaient les bons provenant des hypothèques subprimes, les compilaient et ensuite les coupaient en tranche à partir de calculs sophistiqués qui étaient sensés déterminer leur niveau de risque probable. Ces tranches étaient alors dénommés des Obligations de Dettes sur Collatéral, en anglais, Collatéral Debt Obligation ou CDO. Chaque tranche représentait une catégorie de risque par rapport à la totalité du paquet. Par exemple, dans une structure à trois tranches, la première tranche pourrait représenter les premiers 30% qui ne seront pas payés si 30% du lot subissait un défaut. Une deuxième tranche de 60% pourrait ne pas être payée ensuite, si 90% du lot était en défaut. Le reste des 10% du lot ne serait pas payée que si le lot à 100% était en défaut. Alors, ces obligations structurées étaient revendues en proportion de leur pourcentage de risques avec des marges très larges de profits et pour ceux qui les achetaient et pour ceux qui les vendaient sur le marché. La tranche qui avait le moins de risque de default était classée, alors, dans la catégorie AAA. Mais, les structures devenaient si sophistiquées qu’elles avaient parfois plus de 10 tranches. Donc, quand le taux de défaut dans le payement des hypothèques subprimes avait dépassé 15%, les premiers CDO adossés sur les bons subprimes avaient perdu leur valeur. Les investisseurs qui avaient perdu beaucoup d’argent pensaient que le système allait s’effondrer et ont suspendu l’achat des dérivés. Car, ils se disaient que leur chance de gagner était trop faible et les nouvelles sur le secteur du logement dans des États comme la Californie, le Nevada et la Floride étaient trop alarmantes. Ce système, appelé aussi titrisation, est le fait de prendre des titres de dettes de valeur différente et de les vendre en groupe à des investisseurs qui ignorent le produit.

L’idée qui prévalait pendant cette époque était que l’économie mondiale qui connaissait une croissance presque continue depuis trente années, continuerait à supporter la prospérité et le marché financier aussi, de façon indéfinie. Au moment de la crise de 2008, des milliers de banques faisaient des transactions appuyées sur les CDSs. La banque d’affaires Lehman Brothers, par exemple, avant sa faillite, avaient 441 milliards de dollars en CDS qui circulaient sur le marché financier et les contrats sur dérivatives représentaient environ 55 trillions de dollars sur le marché financier international, soit deux fois l’équivalent combiné du Produit Intérieur Brut des Etats-Unis, du Japon et de l’Union Européenne. Car, les dérivatives sont adossées à toute une série de dettes.

La faiblesse d’une institution de contrôle comme la SEC s’est démontrée avec le scandale de Bernard Madoff, un courtier à la bourse de Wall Street qui a trompé ses clients en mettant sur pied une vaste supercherie de faux investissements qui a roulé sur 50 milliards de dollars. Bernard Madoff avait mis sur pied un système en pyramide qui consiste à utiliser l’argent des nouveaux investisseurs pour payer les anciens investisseurs. Ce système avait duré tant que l’économie allait bien et qu’il y avait des investisseurs qui faisaient des dépôts. Mais, avec la crise financière, les investisseurs réclamaient leur argent en bloc. Ainsi, l’entreprise de Bernard Madoff fut à cours de ressources pour rembourser tous les investisseurs en même temps. La SEC, institutionnellement, le gendarme de la bourse de Wall Street, avait failli à sa mission.

Il y avait d’autres institutions qui avaient failli aussi à leur tache, comme les agences de notation qui s’occupent d’évaluer le profil financier des établissements engagés dans les prêts hypothécaires et d’évaluer leur solvabilité. Les trois plus importantes agences dans ce domaine étaient le Standard and Poor’s, Moody’s Investors Service et Fitch Rating. L’une des faiblesses de ces agences, c’est qu’ils touchaient de ceux-là même que leur travail était d’évaluer et parfois étaient engagés par des compagnies comme consultant pour des transactions visant à créer des CDO. Ce qui créait des conflits d’intérêts. Et d’aucuns pensent que ces conflits d’intérêts pourraient expliquer pourquoi ces agences de notation n’ont pas vu les grands risques que représentaient les transactions financières appuyées sur les hypothèques subprimes. Ainsi, ils classaient des tranches de CDO dans les catégories AAA qui est le niveau le plus élevé de garanti que peut recevoir une obligation financière qui est d’ailleurs celle accordée aux Bons du Trésor Américain.

En fait, il y a eu de nombreux abus et des superprofits, pas toujours très justes, qui se sont réalisés durant cette période. Après que plusieurs de ces grandes institutions sont entrées en difficulté, le gouvernement américain a du intervenir pour protéger l’intérêt public et des investigations policières étaient lancées pour trouver les vices et les abus du système. Mais les plus grands vices du système étaient les salaires astronomiques, et les parachutes de fins de services des exécutifs, sans oublier les paradis fiscaux qui permettent la réalisation de transactions financières derrières le dos du Bon Dieu ou de tout contrôle fiscal.

Il ne faut pas ignorer que la titrisation a créé, au début, des opportunités en amenant beaucoup de liquidités dans le système financier international. Mais, ensuite, elle avait créée une telle confusion qu’on ne savait pas vraiment les éléments qui composaient un produit qui passaient de mains en mains jusqu’au moment où les institutions n’avaient plus confiance dans ces papiers de garantie. Donc, ce manque de confiance va porter une banque à refuser d’emprunter à une autre banque, ne sachant pas la valeur de ses papiers et les risques qu’ils comportent. Ainsi, l’affaiblissement de la confiance dans le système va entrainer le gel du crédit, d’abord entre les banques, puis dans tous les secteurs de l’économie, des Etats-Unis d’abord, ensuite l’Europe, puis tout le globe était atteint. L’interconnectivité des marchés, le point saillant de la globalisation, va devenir son talon d’Achille, car tous les marchés étaient atteints très vite du gel du crédit.


Est-ce que le Pragmatisme du Capitalisme Suffira à éviter le pire?

Le taux d’intérêt aux Etats-Unis a atteint le niveau le plus bas, même au niveau de 0% pour des taux préférentiels. La banque centrale américaine a annoncé qu’elle est prête à imprimer autant de dollars que possible pour financer les activités d’affaires, dans le but d’éviter que le pays rentre dans une dépression économique. Des mesures ont été déjà adoptées pour permettre à la banque centrale d’acheter massivement les bons à long terme des portefeuilles de crédit des banques qui financent les hypothèques de maisons, refinancer les dettes des entreprises et même les bons des individus qui ont financé l’achat de voitures et de meubles. Cela pourrait représenter environs $3 trillion de dollars en nouveaux papiers monnaie en circulation, d’ici la fin de 2009. La Banque Centrale Américaine est, ainsi, en train d’utiliser tous les outils à sa disposition pour empêcher à la consommation de s’effondrer, pendant cette période déflationniste. La déflation est le résultat de la chute des cours du pétrole qui est tombé au niveau des prix de 2004, soit 27% de leur valeur marchande de $38, par rapport à leur pic de $149. Il y a aussi une baisse des ventes dans tous les domaines et, conséquemment, les prix tombent rapidement. Car, les entreprises en faillite cherchent à liquider leur inventaire et ceux toujours en opération, mais poussées par une vente très faible, se démêlent pour vendre à bas prix, pour diminuer leurs inventaires et leurs coûts d’entreposage.

Malgré les efforts qui sont lancés par les pays industriels et émergeants, rien ne semble être en mesure, jusqu’à présent, de freiner le déclin de l’économie mondiale. La saison des fêtes de fin d’année a été morose et a trompé les espérances qu’on avait placées en elle. Car, partout les ventes ont été très faibles. Les clients ont acheté moins, comparé à l’année 2007, dans les magasins très achalandés pour les fêtes. Pourtant, les prix ont été coupés, parfois de façon extraordinaire, à 90%. Sauf dans les ventes en ligne où on a enregistré une hausse notable des chiffres d’affaires. Mais, la vente sur Internet représente une infime partie de la vente des produits de consommation.

Ainsi, les mesures déjà engagées, jusqu'à présent, n’ont pas réussi à porter l’économie américaine à reprendre la direction ascendante. Est-ce que le plan que prépare l’équipe du President élu qui pourrait aller de 860 milliards à un trillion de dollars, dans le but de créer du travail, pourrait réussir là où l’équipe du président sortant a échoué ? Mais, la plus grande préoccupation est d’éviter à tout prix une grande dépression et les grandes lignes de chômeurs. Une dépression amènerait des problèmes de toutes sortes qui pourraient même taxer le statut de leader mondial des Etats-Unis.

La situation aux Etats-Unis aujourd’hui rappelle celle du Japon dans les années 90 qui était rentré en récession, après laquelle s’en est suivie une déflation, et l’économie est restée en crise pendant une période de près de 10 années. Mais, cette crise n’a pas encore les caractéristiques de la grande dépression de 1929, en termes de chômage. La chute de l’emploi, par exemple, en 1933 avait atteint 30% de la force du travail aux USA et de 40% dans des pays de l’Europe de l’Ouest. Il est encore en dessous de 7% aux Etats-Unis. Mais, beaucoup de signes montrent que la crise de l’immobilier et la faillite des entreprises continue à un taux qui présage que l’année 2009 sera dure. Par exemple, la vente des maisons à baissé de près de 9% en novembre 2008, malgré que le prix moyen des maisons est passé de $208,000 à $181,000 soit une réduction de 13%, ou le prix moyen de février 2004.

De vielles compagnies, tel un icône de la publication comme le New York Times, parlent de déclarer faillite au début de l’année 2009. Dans la ville de Manhattan, le quartier de Broadway, le poumon culturel de la ville, des dizaines de théâtres envisagent de mettre fin à leur shows de théâtres quotidiens qui sont parmi les plus prisés et les plus connus du monde, car le nombre des clients diminue, avec le quartier financier de Wall Street qui a déjà perdu 100,000 emplois et le nombre de touristes qui avoisinait prés de 20 millions dans la ville, a déjà enregistré une forte baisse avec la crise financière.

Si la situation économique des Etats-Unis continue à se dégrader, le reste du monde ne se tirera pas mieux et les autres grandes villes internationales, de Paris à Moscou, de Rio à Mexico, se préparent déjà pour une année 2009 qui ne sera pas des meilleures.

Ainsi, en plus des efforts concertés des grandes économies, dans toutes les régions et dans chaque pays, les gouvernements sont mobilisés contre le péril du grand déclin économique qui les oblige déjà à réviser leur projection de croissance à la baisse et d’adopter les mesures qui peuvent éviter à leur population les grandes douleurs qu’une dépression économique mondiale pourrait occasionner. Très certainement, la douleur des populations peut toujours se transformer en mécontentement populaire et ce sera alors aux gouvernants de souffrir à leur tour et de payer très cher leur manque de prévoyance.

La France, par exemple, a décidé d’encourager l’envoi des voitures usagées à la casse et paie une prime de 1,000 euros pour encourager l’achat de nouvelles voitures afin d’éviter que les usines et les concessionnaires de vente ferment leurs portes et licencient leurs employés. Le chômage grimpe à un niveau très haut en Espagne qui a connu 15 bonnes années de croissance portée par le secteur de la construction et le tourisme. Il est possible que 20% de la population de l’Espagne soit au chômage en 2010. Les autres pays européens ne sont pas exempts de la crise, l’Allemagne en tête, suivi de l’Italie et des autres pays européens, enregistrent tous un ralentissement de leur économie et une baisse de leur balance de paiement, due à une réduction du secteur exportation. Cette situation va entrainer des licenciements en masse et l’augmentation du budget des primes de chômage pour les travailleurs, dans ces pays où les assurances chômages sont élevées.

Le Japon et la Chine, comme les Etats-Unis et les pays européens ont approuvé des budgets exceptionnels, pour intervenir dans l’économie et faire face à la crise en lançant des programmes qui visent à créer du travail. Car, en Chine, aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un pays d’essence communiste, des piquets de grèves apparaissent devant les usines qui veulent fermer leurs portes. En effet, le plus grand marché de la Chine, les Etats-Unis, est en train d’acheter moins. Le même phénomène se traduit au Japon où le géant de l’automobile, Toyota, créé dans les années 30, a connu en 2008 le premier déficit de son histoire, car la demande a grandement diminué sur le marché international, mais aussi sur le marché local, causant un ralentissement de 8.1% de la production industrielle pour le mois de novembre.

Les premières statistiques de 2009 montrent que la production industrielle baisse plus vite que les estimations les plus pessimistes. En Europe, par exemple, la baisse est en moyenne de 6% par rapport au mois précédent. Elle a subi un déclin comparable en Australie, en Chine et en Inde. Aux Etats-Unis, le niveau de la demande pour les biens industriels, est celui des années 80. Moins de demande, signifie moins de travail. Ce qui voudrait dire que l’économie mondiale est très loin de reprendre sa croissance et une dépression est possible.


Le prix des matières premières a subi une chute vertigineuse, en moyenne de 50% sur le marché mondial. D’après les analystes de Wall Street, les pays exportateurs de matières premières qui n’ont pas une économie très diversifiée vont connaître des moments de difficulté. C’est le cas pour les principaux pays exportateurs de pétroles réunis sous la bannière de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, (OPEP) incluant le Vénézuela, le grand partenaire d’Haiti dans le cadre du programme Petrocaribe. Compte tenu que la consommation de pétrole dans les pays industriels a glissé au niveau de 2004, avec la récession mondiale, la demande a fortement baissé pour le pétrole. Ainsi, les prix sont tombés de leur pic de $149 à $38 sur le marché. Le grand problème avec ce prix, c’est que le coût de production du brut au Vénézuela, par exemple, avoisine $28 le baril. En fait, le Vénézuela a obtenu des revenus d’environ $40 milliards en 2008, et au taux actuel, ces revenus seront moins de $20 milliards en 2009. Ce qui voudrait dire, pour maintenir ses rentrées en devise au niveau actuel pour payer pour ses dépenses d’importation, qui dépasseront $50 milliards en 2009 selon ses prévisions, le Vénézuela pourrait être acculé à augmenter sa production de pétrole et ne pas respecter le plafond de l’OPEP, ou choisir entre diminuer ses dons en pétrole à travers Petrocaribe, ou réduire les dépenses supportées par les revenus du pétrole.

Le Brésil, le nouveau grand producteur de pétrole dans la région, ayant une économie assez diversifiée, est dans une meilleure position pour affronter cette crise économique. En fait, il faut rappeler que le géant Latino-Américain, dont le président, Luiz Ignacio Lula Da Silva, est aussi le principal compétiteur du leader vénézuélien, Hugo Chavez, pour le leadership de la région, est également un partenaire de Haiti.

Nous félicitons le President René Préval d’avoir annoncé, lors de son discours pour le Jour des Aïeux aux Gonaïves, que l’année 2009 sera très dure, compte tenu de la crise économique mondiale. Mais, est-ce que l’annoncer est suffisant ? Est-ce que le budget 2008-2009 que le gouvernement vient de présenter pour approbation au parlement, reflète des dispositions adéquates pour faire face à cette crise ? Est-ce que le budget reflète également les enjeux du contexte économique régional et mondial ?

Ce qui fait la richesse et la pauvreté d’une nation ce sont ses hommes et ses femmes. On a des pays pauvres qui ont beaucoup de ressources naturelles ; mais, on a des pays riches qui sont pourtant sans ressources naturelles. Ainsi, il faut croire que c’est le travail du peuple qui fait la richesse des nations. Donc, construisons un pays digne à partir de nos hommes et nos femmes, et commençons en créant du travail pour les jeunes, afin que nous n’ayons pas une autre génération perdue. J’aurai à revenir sur ce sujet.

Mais, je veux profiter de cette opportunité pour souhaiter à vous tous, une Bonne Année 2009. L’année dernière le pays a été durement éprouvé par les intempéries. Cette année sera également très difficile, compte tenu de la crise économique mondiale. Mais, nous pouvons l’utiliser comme un point pour un nouveau départ. Nous pouvons le faire !