dimanche 26 avril 2009

9-HAITI, UNE NATION REBELLE

PAUL G. MAGLOIRE – PROSPECTIVES

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère

9-Haiti, une nation rebelle et désespérée pour mieux

Quand Président René Préval fit remarquer dans sa réponse à l’allocution de Madame Hillary Clinton, la Secrétaire d’État des Etats-Unis, visitant le pays le 16 avril dernier, qu’il était temps, après environ 50 années, de mettre fin à l’embargo économique contre Cuba, était-on en train de vivre enfin le réveil de l’âme altière des preux de 1804 en notre Président, ou un paradoxe tout simplement ? Car, au retour du chef de l’État au Sommet des Amériques, le pays est devenu la risée de certains leaders de la région et nous attendons encore la réplique indignée de Monsieur Préval, pour tout au moins qu’il fasse le point sur certains faits et nous redonne un peu de notre fierté de peuple.

En effet, la presse n’a cessé de répéter les déclarations du Premier Ministre de Trinidad et Tobago, Patrick Manning, qui accueillait le Sommet. Ce dernier déclara avec son collègue de Saint Vincent et Grenadines, Ralph Gonsalves, que c’est une honte d’avoir un pays comme Haiti dans la région et fit comprendre qu’ils n’étaient pas vraiment intéressés de savoir comment notre pays était arrivé dans un tel état de délabrement, mais que les leaders de la région devaient faire quelque chose. L’écho de ces déclarations désobligeantes s’est répandu au moment qu’une vidéo aussi, très troublante, circulait sur le Net. Cette vidéo a montré une scène où le Président du pays cherchait à attirer l’attention du Président Américain, Barack Obama, en le tirant par le bras sur les côtés, en dehors de tout protocole et que le President américain se désengagea pour saluer la Présidente de Chili qui était en face de lui. Cet impair pourrait être imputé au fait que Président Préval ne fait pas grand cas de l’étiquette. Mais, n’existe-t-il pas un lien entre ce fait et les déclarations des 2 leaders de la région ? Je vais essayer de démontrer que ce lien existe.

L’Obligation à la vérité
Ceci dit, il y a des questions liées à la Rencontre de Washington du 19 avril dernier qui méritent des éclaircissements. Par exemple, les 324 millions annoncés, par la Première Ministre, représentent à peine le tiers du milliard qui était prévu de sortir de cette rencontre pour financer les projets que le gouvernement compte lancer dans les deux prochaines années. Mais, Madame la Première Ministre a déclaré aux journalistes qu’elle était satisfaite, car elle avait préparé l’opinion publique à s’attendre à très peu, en mentionnant, avant son départ pour la rencontre, qu’elle allait chercher uniquement 125 millions d’aide directe pour le budget.
Nous avons déjà appris depuis le processus de ratification de la Première Ministre qu’elle a de grandes difficultés à dire la vérité. Mais, elle a cherché à faire avaler, sans retenue, la couleuvre que ses démarches ont été un succès. En effet, l’échec de cette rencontre est presque passé comme une lettre à la poste. Car, les responsables du gouvernement se sont bien gardés de dire quel était le montant total des projets qu’ils comptaient présenter aux bailleurs de fonds à Washington ? Quel est le montant que les bailleurs ont promis par année sur les deux prochaines années ? Et, quel est le montant total que les bailleurs ont promis de donner directement au gouvernement pour compléter le budget 2009-2010 ? Si ces réponses étaient données sans de faux fuyants pour chercher à noyer le poisson, il apparaitrait que le gouvernement n’a pas les fonds pour mener à terme le budget. Et compte tenu de l’engagement pris qui interdit que le déficit du budget soit financé par la banque centrale (BRH), les autorités seront très bientôt acculées à faire des coupes sombres dans l’administration et à mettre de l’ordre dans leur gestion, en réduisant les gaspillages, la corruption et en apportant une amélioration dans l’efficience de leur gestion. D’ailleurs, des mesures de ce genre pourraient porter les bailleurs à considérer une enveloppe additionnelle, malgré que les nouvelles venant du Canada fassent savoir que ce pays n’est pas prêt à donner directement de l’argent au gouvernement Préval/Pierre-Louis, à cause de la corruption. N’est-il pas temps que nos politiques soient tenus responsables de nous dire la vérité, au lieu de nous mettre face à des situations de fait accompli qui expliquent que des leaders caribéens pensent que nous sommes, aujourd’hui, une honte pour la région ?
De l’autre, le Sénat Haïtien a voté le budget 2008-2009 sans discuter des résultats de la Conférence de Washington et de l’état financier du pays. Comme d’habitude, ce budget ne reflète aucune mesure d’envergure en faveur des grands problèmes que confronte le pays. Seulement 15 millièmes du budget ont été alloués aux municipalités, là où il faudrait au moins 20%. Ensuite, au moment de la célébration de la « Semaine d’action mondiale de l’éducation », un mouvement qui vise l’éradication de l’illettrisme, l’analphabétisme et encourage l’éducation universelle, le Sénat s’est donnée « bonne conscience » en allouant la modique enveloppe de 3 millions de gourdes à la Secrétairerie d’Etat à l’Alphabétisation pour l’achat de matériels. Il n’y a pas même eu une discussion sur le programme d’alphabétisation qui avait été inauguré, en grande pompe, avec l’appui de Cuba et portait le titre suggestif « Yo si puedo », ou en créole, « Wi, nou kapab » ; semblable au slogan électoral de M. Obama, en anglais « Yes, we can ». Gardons donc l’espoir, qu’un jour, les slogans dans notre pays ne seront plus uniquement que des slogans.
Des Elections au-dessus de tous soupçons ?
On peut apprécier qu’entre Monsieur Préval et Madame Pierre-Louis il y a une division du travail de gouvernement. On se rappelle que la Première Ministre ne cessait de répéter qu’elle n’allait pas se mêler des affaires d’élection dans le pays. On croit, ainsi que sa concentration serait les affaires économiques, comme la négociation qu’elle a menée à Washington avec les bailleurs de fonds internationaux, même si les résultats laissent à désirer.
Donc, le grand rôle, en ce qui concerne les élections, reste l’affaire du Président. Ainsi, il faut se demander est-ce que le Président est en train de réussir à organiser des élections en faisant un pied de nez à Lavalas, au Sénateur Boulos, à la population et en quelque sorte aux partis politiques, en un tour de main. En effet, ce sont tous les grands perdants de ces élections. La communauté internationale, de son côté ne se tire pas si mal. Elle voulait des élections, elle est servie. Car, à aucun moment Président Préval n’a déclaré qu’il voulait vraiment que des élections libres, honnêtes et démocratiques se réalisent dans le pays, comme le souhaiteraient les bailleurs de fonds internationaux.
Mais, Professeur Paul Collier (qui se passe maintenant de présentation) discutant de la nouvelle approche de la politique étrangère des Etats-Unis, définie par Madame Hillary Clinton, comme l’utilisation de la force de façon intelligente (smart power), dit qu’il existe une base de légitimité dans cette approche. Car, si la communauté internationale sous la demande du Conseil de Sécurité des Nations Unies, fournit le personnel et l’argent pour les opérations dans les pays sortant de conflits, comme dans le cas d’Haiti, elle a le doit d’exiger des résultats. Monsieur Collier qui discutait de son dernier livre « Wars, Guns and Votes » disait que la meilleure façon dont la communauté internationale peut mesurer les résultats de sa mission est dans les élections. Il a ajouté qu’il n’avait pas pu convaincre Washington d’appuyer les demandes de fonds du gouvernement haïtien et ces élections devraient contribuer à faire avancer ce dossier.
Donc, Président Préval a délivré des élections. Maintenant la question est de savoir si ces dites élections rencontrent les conditions minimum, pour mériter d’être désignées sous le terme « démocratique. »
Une élection partielle, même dans les pays à forte tradition démocratique, peut avoir un taux de participation très faible, sans enlever sa légitimité aux joutes. Et pour répéter le Président du Sénat, le Dr. Kelly Bastien, aucune loi de la République ne fixe un taux minimum de participation qui soit acceptable. Donc, si la balance ne penche pas trop en faveur des candidats proches du pouvoir, si les magouilles et les irrégularités ne sont pas trop scandaleuses, comme dans le cas du Département du Centre, et si le taux de participation se situerait aux environs des 10%, il y aura des pressions pour que les résultats soient acceptés comme crédibles et rentrent dans les annales de la république. En fait, il y a l’argent et le prestige des membres de la communauté internationale sur place qui ont, avec la MINUSTHA principalement, la mission de faciliter le bon déroulement du processus démocratique. De l’autre, les partis politiques qui ont gagné des sièges ne voudront pas y renoncer, non plus, en faveur d’une autre joute dont l’issue n’est pas garantie. Enfin, les membres de la société civile et même la population, en générale, qui commence à ne plus croire dans des élections qui semblent ne pas apporter un vrai changement dans le pays, pourraient être en faveur qu’on en finisse…
Cependant, la communauté internationale va retenir que dans un pays à faible tradition démocratique aussi, des élections libres et honnêtes ne peuvent se réaliser sans un engagement et une détermination du gouvernement en place de les supporter. Compte tenu des déclarations du Président de la République et de la Première Ministre, il semble que la bonne foi du Conseil Electoral devrait suffire à garantir le succès de ces joutes. Comme quoi, ils seraient prêts à dire qu’il ne faut pas les blâmer. Ils étaient en dehors du coup. En politique, il est toujours plus facile d’éviter une crise que de la résoudre. Compte tenu de la crise qui s’annonce, Président Préval, comme le principal responsable de la stabilité de l’État et des institutions, a beaucoup dans son assiette. Il doit faire des bouchées doubles pour éviter que le pays descende plus bas encore.
On ne veut pas continuer en disant qu’il n’y a jamais eu des élections d’un haut niveau démocratique, d’ailleurs, pendant le premier mandat du Président Préval. Donc, il n’y avait pas beaucoup d’espoir sur celles-ci non plus. Ainsi, le rôle équivoque joué par l’appareil d’État est questionnable et paraît même répréhensible, pour dire le moins. Considérons, par exemple, le cas du financement accordé aux partis politiques et celui de la gestion du transport en commun. Ce sont deux cas que je connais bien, pour avoir eu des responsabilités directes à ce niveau, durant les élections de 2006. Donc, il y a eu des précédents qui pourraient servir d’exemple, si vraiment on voulait bien faire.
C’est sûr que l’argent qui est prévu pour les partis politiques devait servir à financer leur campagne et à payer les frais des mandants qui doivent les représenter aux bureaux de vote. Si le Ministère de l’Intérieur a choisi de donner cet argent juste un jour avant le vote, il semble qu’il l’aurait fait uniquement sous pression ou pour cacher le fait que les candidats proches du pouvoir eux, roulaient sur de l’or. Ensuite, le fait d’interdire que le transport en commun soit en service ce jour-la, pourrait-être tout simplement une mesure visant à réduire le taux de participation général. Car, les candidats qui sont liés au pouvoir eux, avaient suffisamment de ressources pour motiver et accompagner ceux qui veulent voter pour eux. En fait, c’est du devoir de la police de présenter au Ministre de l’Intérieur et à la Première Ministre un plan strict de réduction des risques. Cela a été le cas pour les élections de 2006. Malgré que les risques fussent bien plus élevés à cette époque, la police a accepté l’option d’établir des périmètres de sécurité autour des centres de vote et de laisser libre cours au transport en commun dans le pays, afin de faciliter le vote.
Mais, la grande surprise de ces élections, c’est que les principaux incidents enregistrés impliquent, de près ou de loin, des individus liés au gouvernement. La foule a dénoncé la main du Ministre de l’agriculture dans les désordres qui se sont déroulés dans le Centre du pays. Il s’en est défendu avec force de n’avoir pas été impliqué en faveur d’un candidat. Il a dit, aussi, que le matériel de son ministère présent dans la campagne d’un candidat a été juste une coïncidence.
S’il n y avait pas tous ces problèmes on aurait pu objectivement mesurer le mot d’ordre «Opération portes fermées » lancé par le parti Fanmi Lavalas et Président Préval aurait pu se féliciter que c’est durant son second mandat que le règne de Lavalas a pris fin dans le pays. Donc, il faut attendre encore la prochaine échéance électorale pour voir...
La recherche d’une nouvelle direction
Le Vème Sommet des Amériques était dominé par la demande des pays de la région pour que les Etats-Unis mettent un terme à l’embargo économique contre Cuba et que ce pays puisse retrouver sa place au sein de l’Organisation des États Américains. Le Président Américain, Barack Obama, avait annoncé une ouverture avant d’arriver au Sommet. Il a dit que son gouvernement était prêt à engager le dialogue avec le régime castriste, Mais, un changement de politique de son pays ne se fera pas du jour au lendemain.
Mais, Président Obama était surtout intéressé à un nouveau départ des relations entre son pays et la région en privilégiant un rapport d’égal à égal, entre partenaires. En fait durant les huit années de régime du Président Georges Bush, la région avait été négligée par les Etats-Unis qui se concentraient sur la guerre de l’Afghanistan et l’Irak. Président Obama et une grande majorité des leaders de la région voulaient profiter de ce sommet pour mettre l’accent sur les impacts de la crise économique mondiale. Après avoir connu 6 années consécutives de croissance, les pays du Sud de l’Amérique et de la zone caraïbéenne allaient, comme le reste du monde, entrer dans une récession économique. On estime que la région pourrait avoir 6 millions de pauvres en plus et 4 millions de travailleurs à entrer en chômage pour l’année 2009. La faible croissance économique sera responsable également pour l’augmentation de la faim, de la mortalité maternelle, de la mortalité infantile et de la déperdition scolaire dans l’hémisphère.
Pour éviter une régression sur les acquis de ces dernières années, le Vème Sommet visait à discuter de la possibilité que des politiques sociales, économiques intégrées soient élaborées et mises en œuvre dans la région. Au centre de ces politiques serait la lutte contre la pauvreté, la faim et la sécurité énergétique par la production des énergies renouvelables afin d’augmenter le bien-être et la sécurité des peuples de la région. Mais, la politique de sécurité énergétique basée sur les énergies renouvelables serait en quelque sorte contraire à la politique suivie par le Vénézuela et ses alliés, dans le cadre du Petrocaribe et de l’Alba. Car, les pays membres de cet accord sont encouragés à consommer les produits pétroliers. En fait, une réduction sensible des produits pétroliers entrainerait la baisse de la demande sur le marché et moins de pression pour l’augmentation des prix du pétrole. Cependant, le coût d’exploitation du pétrole du Vénézuela étant très élevé, le maintient du pétrole à un prix bas rend les exploitations pétrolifères du Vénézuela peu rentables. Ainsi, il est clair que la stratégie que veut suivre les Etats-Unis est contraire à celle du Vénézuela. Par exemple, le Vénézuela a fait don à Haiti de trois usines électriques, dans le cadre de l’Initiative Bolivarienne, Alba. Mais, le pays doit acheter le pétrole du Vénézuela, au prix du marché, pour faire fonctionner ces usines. Pourtant, si ces usines fonctionnaient à partir du biodiesel que nous pouvons produire dans le pays, on aurait évité de continuer à s’endetter vis-à-vis du Vénézuela, mais aussi, des dizaines de milliers d’emplois auraient été créés dans la production du biodiesel.
Les sept pays de l’Alba qui sont Bolivie, Cuba, Dominique, Honduras, Nicaragua, Saint Vincent et les Grenadines et Venezuela n’ont pas signé la Résolution Finale du Vème Sommet des Amériques. Ils exigeaient que la déclaration fasse mention de la levée de l’embargo économique contre Cuba et de son retour dans l’organisation des Etats Américains. Nous ne savons pas si Président Préval qui avait mentionné la nécessité de la levée de l’embargo également, a signé la Résolution ou s’est aligné sur l’Alba. Car de retour au pays, après le Sommet, il a quitté l’aéroport rapidement sans rencontrer la presse et il n’y a pas eu de note de presse de la Présidence à ce sujet.
En fait, l’attitude ambivalente de Président Préval prive le pays d’un support réel de l’un ou l’autre des courants qui traversent la région, et le pays en fait les frais. Il semble que beaucoup d’observateurs commenceraient à croire que le quinquennat de ce second mandat est presque déjà un échec, tant les réalisations sont minimes. Donc, il est temps que Monsieur Préval applique l’un de ses conseils qu’il avait donné. Il doit nager à grandes brasses pour sortir le pays de cette embarrassante situation.
Création de 150,000 emplois
Si on avait besoin d’exemple pour nous encourager à lancer une mobilisation pour créer du travail pour les jeunes du pays, le Président français, Nicolas Sarkozy vient de nous l’offrir. En effet, Monsieur Sarkozy a déclaré qu’il allait investir, immédiatement, environ 2 milliards de dollars (1.3 milliards d’euros) dans la formation et l’emploi de 500,000 jeunes. Car, le chômage dans la classe d’âge de 15 à 24 ans a augmenté de 32% cette année. Le plan de Monsieur Sarkozy pour les jeunes envisage de recruter environ 320 mille apprentis, entre juin 2009 à juin 2010. Malgré que le budget de la France accuse un déficit, le chef de l’État français croit que les jeunes méritent toute son attention, car ils représentent l’avenir du pays.
Un programme de travail de cette envergure, pour créer de l’emploi pour 500,000 jeunes sur 2 ans, nous force à rêver. Mais, il doit être clair pour nous que les jeunes Haïtiens sont aussi l’avenir de notre pays. Ainsi, nous ne pouvons pas continuer à les ignorer. Pourquoi ne pas tenter de créer 500,000 sur 10 ans ici. Donc, tout simplement, une affaire d’échelle et de sens de responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens.
Il semble que M. Préval est très préoccupé de sa relation avec les pays de l’Alba, sous l’égide du Venezuela de M. Chavez ; tandis que Madame Pierre-Louis voit l’avenir du pays et, peut-être, son avenir politique, en encourageant les investissements étrangers. Bien sûr, c’est en ce sens qu’il faut comprendre que le Directeur du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Kahn déclara, lors de la Conférence de Washington, en présence du financier Georges Soros, l’ancien patron de Madame Pierre-Louis, que non seulement le secteur privé, mais les investisseurs étrangers doivent prendre avantage du cadre économique que le pays cherche à offrir, pour investir, afin de tirer des profits sur le long terme. Le responsable du FMI ajouta que le support de la communauté internationale ne servira pas à grand-chose, si Haiti ne lance pas son propre effort pour relever les défis qu’il confronte aujourd’hui. Jusqu'à présent, malheureusement, on ne voit pas les signes que Madame la Première Ministre va pouvoir profiter de ses contacts pour lancer, au moins, un programme d’envergure qui marquerait son passage à la tête du gouvernement.
Une personne qui pourrait aider Madame Pierre-Louis à réaliser son projet s’appelle Johanna Mendelson Forman. En effet, Madame Forman publia un texte de support avant la Conférence de Washington, pour montrer que la situation que traverse Haiti mérite toute l’attention des membres de la communauté internationale et un grand effort d’investissement. Madame Forman n’est pas à son coup d’essai en faveur du pays. En effet, Dr. Forman est un membre influent de la communauté politico-intellectuelle de la capitale américaine, surtout en ce qui concerne la sécurité régionale et a contribué dans l’articulation du concept de « Smart Power » qui est mise en application par le Département d’État aujourd’hui. Et en tant que membre du Centre pour les Etudes Stratégiques Internationales (CSIS), consultante pour des agences du gouvernement américain, et une ancienne conseillère de haut niveau de la MINUSTHA, elle est une spécialiste de la question Haïtienne. En 2007, Dr Forman témoigna devant le Congrès des Etats-Unis sur le rôle que la production du Jatropha (Medsiyen-Béni) pourrait avoir dans la construction de la stabilité et de la paix en Haiti.
Mais, quand Dr Forman était venu en Haiti, en octobre 2007, à la tête d’une délégation formée de Monsieur Mike Lu (President de l’Association Brésilienne des Producteurs de Jatropha), de l’industriel Warren Jackman, accompagné de l’économiste Pierre Brisson, pour présenter le Jatropha comme une planche de salut pour Haiti, l’accueil fut froid pour ne pas dire hostile. Le boycottage était coordonné depuis le Palais National.
Alors, j’ai essayé de parler au Ministre de l’Agriculture que je connais depuis qu’il était Directeur des Ressources Naturelles au Ministère de l’Agriculture et que moi je plantais des arbres, pour comprendre la logique du comportement du gouvernement. Mais il avait refusé de prendre mon appel. A l’époque, beaucoup de choses m’échappaient.
Après que le Palais National avait pris la décision de saboter le passage de la délégation conduite par Madame Forman, le gouvernement fut récompensé en signant un accord avec le Vénézuela pour la construction de 3 centrales électriques qui doivent utiliser le pétrole acheté du Vénézuela, en lieu et place du biodiesel qui serait produit de nos sols arides. Mais, les proches du Président Préval ont grassement bénéficié de cet accord. Et qui sait, bien d’autres personnes encore ? Car jusqu'à aujourd’hui où j’écris ce texte, la Première Ministre n’arrive pas à fournir le rapport sur l’utilisation des fonds que le pays devait tirer des crédits offerts par l’accord de la Petrocaribe. J’ai même appris que si le Président voulait changer son choix et autoriser la production du biodiesel dans le pays, la vérité sur l’utilisation de ces fonds viendrait du Vénézuela. C’est en ce sens, qu’un ancien ministre du Gouvernement Alexis, m’a dit, que c’est ce dossier qui est la cause réelle du départ provoqué de Monsieur Alexis. Car, celui-ci n’avait pas compris les jeux macabres qui expliquent que des banquiers de la place utilisent les membres du gouvernement, et cela au plus haut niveau, pour se lancer dans des transactions qui ne visent qu’à les enrichir personnellement. Ensuite, ils paient des commissions à ces gens comme à de vulgaires courtiers.
Alors, on doit commencer à comprendre pourquoi notre pays se porte si mal et donne autant de dégouts et que Président Obama aurait montré du dédain au Président Préval qui avait essayé de le tirer par le bras. Pourtant, c’est le President américain, lui-même qui avait demandé d’avoir à sa table le Président d’Haiti et la Présidente de Chili.
Mais, l’opportunité n’est pas encore perdue, si Dr Forman peut initier la formation d’un groupe visant à produire le biodiesel à partir du jatropha (Medsiyen-Béni) dans le pays. J’ai appris que Madame Pierre-Louis serait disposée à lancer un vaste programme de production de biodiesel à partir de plantation de Medsiyen-Béni qui entrainerait la création des dizaines de milliers d’emplois.
La plantation de Medsiyen-Béni pour la production du Biodiesel crée une moyenne de 5 emplois par hectare. Donc, la mise en exploitation de 30,000 hectares de terre dans les régions semi-désertiques du Nord, du Nord-Est, de l’Artibonite, du Plateau Central et dans le Sud du pays, peut bien créer les 150,000 emplois en question. Mais, mettre en exploitation 30,000 hectares de terres va prendre beaucoup plus que 2 années qui est le reste de temps que le gouvernement Préval/Pierre-Louis reste à courir. De toute façon, il est bien temps que nous apprenons à débuter des programmes que le gouvernement qui suit doit achever, au nom de la continuité de l’État. En fait, les hommes et femmes du gouvernement passeront, mais le pays continuera à vivre.
Mais, nous ne savons pas si Monsieur Préval continuera « idéologiquement » à s’y opposer à l’effort de création de 150,000 emplois, au nom de ses alliés de l’Alba et de ses amis banquiers, en mettant à coté les intérêts des jeunes qui sont sans travail.
Les intérêts stratégiques d’abord
A son arrivée au Vème Sommet des Amériques, Barack Obama avait déclaré qu’il entend proposer la création d'un nouveau partenariat des Amériques sur l'énergie et le climat… Et sur les nombreux emplois du futur que le continent pourrait créer en coopérant sur ces thèmes. Quand les intérêts stratégiques des Etats-Unis rencontrent les nôtres, nous ne pouvons pas perdre les opportunités qu’on pourrait en tirer, en dansant. Car nous n’avons pas le luxe d’avoir des milliards de pétrodollars en réserves. Ce que nous avons et qui augmente chaque jour, ce sont des centaines de milliers d’enfants qui ne vont pas à l’école et des milliers de parents qui chaque soir les envoient au lit sans savoir comment ils vont les nourrir le lendemain, après qu’ils ont été au lit sans rien manger de la journée.
On se demande, si la visite en Haiti de la Secrétaire d’État Américain, Hillary Clinton, en route pour le Sommet des Amériques, n’était pas pour demander à notre Président d’intégrer dans son discours la question de l’environnement, un élément essentiel de l’agenda du gouvernement des Etats-Unis et qui est supporté par la majorité des pays de la zone. Lors de cette visite, Madame Clinton a annoncé que le gouvernement Obama travaillait pour trouver une solution aux mesures de déportation qui pourrait frapper 32,000 de nos frères et sœurs qui sont en condition illégale aux Etats-Unis. Et un effort spécial allait être entrepris par Washington, avait dit la Secrétaire d’État, pour assurer que notre pays trouve les ressources financières pour faire face à la crise économique que le monde traverse aujourd’hui. Mais, on a vu, en retour, que Président Préval défendait plutôt, durant la conférence de presse donnée à cette occasion, l’agenda du Groupe d’Alba conduit par le Président Chavez qui voulait que la question de Cuba domine les débats, pour éviter de parler des énergies renouvelables.
Malheureusement pour Haiti, les choix d’association et d’alliance de notre Président ne sont pas les plus favorables pour le pays et pour ses besoins de développement. Par exemple, il cultive une relation avec Taiwan, quand une relation avec la Chine aurait pu assurer au pays des financements pour de grands projets. Et maintenant sa relation avec les membres de l’Alba va nous coûter gros. Car, nous ne devons pas être naïfs. Les fonds promis, TPS, biodiesel et autres, tous font partie d’un seul et même paquet. A ce niveau, il est bien de citer le journaliste de Vision2000, Valery Numa qui aime dire, « pour réussir il faut savoir choisir ses alliés. »
La différence que 40 années peuvent faire !
La scène de voir le paysage du pays par avion que la Très Honorable Gouverneure du Canada, Michaelle Jean, a décrit récemment, comme la vue d’un animal blessé, je l’ai vu 40 ans plus tôt, comme un gosse, et j’étais tout émerveillé par ce panorama si idyllique qu’il semblait sortir d’une œuvre d’art et c’était ce genre de paysage qu’on nous disait où vivaient les séraphins. C’était une époque. Jai revu ce panorama pas très longtemps de cela, et j’ai vraiment ressenti une grande douleur montée de cette terre et entendu les gémissements d’un être au bord du trépas. Comment, pouvons-nous, au mépris de toute humanité, laisser mourir notre environnement et que ceux qui nous gouvernent peuvent se réveiller chaque jour et se sentir bien dans leur peau ? C’est sûr que nous vivons dans un pays qui donne honte à nos voisins. Mais, nous pouvons changer cela…

Merci et à un autre Soleil !
25 Avril 2009

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