jeudi 19 février 2009

6-Amener le pays au 21ème Siècle

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère
Si nous montrons aux jeunes comment créer une entreprise et que l’effort laborieux, honnête et assidu amène au succès ; et nous leur inculquons, aussi, qu’un échec ne doit pas être accepté comme la défaite d’un rêve, mais seulement une étape importante qui exige le courage de se redresser et de recommencer jusqu’au but final ; l’avenir de notre pays est alors assuré et nous ne devons pas craindre les grands défis que nous aurons à relever afin de marcher sur la voie de la modernisation et du développement.

Mais, tout l’environnement administratif, politique et économique doit se moderniser afin d’attirer l’investissement. Nous devons compter sur l’investissement public et privé pour augmenter le nombre d’occupations rémunérées, créer de la richesse et réduire le taux de la pauvreté dans le pays. Donc, il est fondamental que le partenariat entre le secteur privé et le secteur public soit au centre de la stratégie qui vise à créer du travail pour les jeunes du pays.

Néanmoins, rien de cela n’est possible, si le gouvernement ne comprend pas la nature des problèmes fondamentaux que le pays traverse et n’a pas la capacité d’apporter des solutions appropriées, à temps, aux problèmes. C’est à ce genre de constat qu’on arrive quand on regarde les propositions qui rentrent dans le budget 2009-2010 basées sur des prévisions qui sont totalement irréalistes. Je pourrais citer un seul exemple qui est celui de croire que les bailleurs internationaux vont financer 60% du budget, au moment où les principaux pays donateurs sont eux-mêmes mobilisés à résoudre une crise financière internationale qui frappe leur propre pays. S’il fallait donner une preuve que ces prévissions ne sont pas fondées, on n’aurait qu’à citer le cas du Président Préval qui, récemment, a engagé le prestige de son statut dans un voyage à Washington pour aller demander 100 millions de dollars pour suppléer le déficit budgétaire. Il est revenu au pays à la cloche de bois de ce pèlerinage infructueux, avec les 2 mains vides. Je crois que les observateurs responsables ne blâment pas les bailleurs quand chaque jour le spectacle du gaspillage des deniers du trésor public est exposé au vu et au su de tout le monde. Est-ce qu’il y aurait lieu de croire que les représentants des bailleurs dans le pays sont sourds et aveugles ? Est-ce qu’il ne faut pas se demander pourquoi la Suisse parle de confier même les fonds qui sont saisis au nom du peuple haïtien, à des organisations non-gouvernementales ?

Gouverner C’est Prévoir
Ce n’est pas toujours bon d’avoir raison, surtout quand il s’agit que ce soit face à un manque de sagacité de ceux qui gouvernent notre pays. Je n’ai pas cessé d’annoncer depuis 2007 que la crise financière qui débutait avec les Subprimes aux Etats-Unis, allait avoir des impacts sur notre pays, due à la diminution du volume des transferts des membres de la diaspora. Certains membres du gouvernement disaient en privé et en public, qu’il n’y avait rien à craindre. Pourtant, il semble qu’un article paru dans le journal Le Monde, sous le titre « En Amérique latine, l'érosion des transferts de fonds se fait déjà sentir. » sous la plume du journaliste, Jean-Michel Caroit, commence maintenant à créer de la panique.

L’article dit, je cite « Comme tous les pays de la région, la République dominicaine souffre d'une décélération des "remesas", ces sommes d'argent envoyées par les émigrés, l'une des premières sources de devises et le principal amortisseur de la pauvreté. "Les remesas ont commencé à diminuer à partir d'août 2008 et la réduction risque d'être drastique au cours des prochains mois", craint Freddy Ortiz, le président de l'Association dominicaine des entreprises de transfert de fonds. L'essentiel des transferts vient des Etats-Unis (80 %) et d'Espagne (15 %), deux des pays les plus touchés par la montée du chômage. Plusieurs agences de transfert installées à New York ont même constaté un phénomène de rapatriement de fonds : pour survivre aux Etats-Unis, des émigrés commencent à puiser dans leurs économies placées dans les banques dominicaines. D'autres, sans espoir de retrouver du travail aux Etats-Unis, rentrent au pays. »

L’article continue pour dire que la situation en Haïti est pire. Bien sûr, il doit l’être. Car, avec une population à 63% au chômage et 72% vivant au dessous du seuil de la misère avec moins de $2 par jour, c’est la Diaspora qui est le souffle de vie. Avec les transferts de l’étranger qui diminuent, la population est déjà aux abois. La situation va continuer à s’empirer, car dans les pays d’accueil où les Haïtiens vivent, les gouvernements vont montrer moins de générosité. C’est le cas pour les Etats-Unis qui parlent de déporter plus de 30,000 de nos concitoyens en situation irrégulière. C’est aussi le cas pour notre voisin de l’ile, la République Dominicaine, qui se prépare à une déportation massive de nos compatriotes. Dans la première phase, tous ceux qui ont un travail vont recevoir un document d’identification et après cela, ceux qui n’ont pas de documents, pourraient être déportés.

Nous parlons là, de dizaines de milliers de nos frères et sœurs, même de centaines de milliers. Car, les secteurs où travaillent les Haïtiens sont l’agriculture, la construction et le tourisme. Ces trois secteurs sont en déclin et beaucoup de travailleurs - les Haïtiens d’abord, bien sûr - sont mis à pied.

Pourtant, bien avant le mois d’août 2008 qui marque la date des premiers signes de la crise, d’après l’article de Le Monde, le 5 mai 2008 précisément, j’avais écrit ce qui suit :

« Donc, actuellement, la communauté Haïtienne est très affectée par la crise immobilière qui peut se traduire par une chute importante dans les transferts d’argent qu’ils font pour leurs parents et amis restés au pays. Ceux qui avaient acheté leurs maisons dans de bonnes conditions, le plus souvent prenaient une seconde hypothèque pour financer la construction d’une maison en Haïti, pour leur famille et leur retraite. Donc, la tendance est pour eux, aujourd’hui, de cesser ces investissements. Cela va ralentir le secteur de la construction, le plus dynamique de l’économie du pays… »

Vous pouvez voir le reste du texte en cliquant sur le lien suivant :

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.- (05/05/08)

Ainsi, il faut souhaiter que les mesures que viennent de lancer le Président des Etats-Unis, Barack Obama, pour stabiliser l’économie de son pays, freiner la chute du secteur immobilier et créer de l’emploi en investissant environ 800 milliards de dollars dans l’économie, apportera des résultats suffisamment rapide afin de ralentir les vagues de licenciement qui frappe la communauté Haïtienne aux Etats-Unis et éviter une explosion sociale au pays.


MODERNISER, AUJOURD’HUI

Si depuis le début du 19ième siècle la modernisation reposait sur l’industrialisation et la production manufacturière de masse, depuis la dernière décennie du 20ième siècle le concept représente plutôt un effort qui associe l’économie au développement et à l’utilisation des technologies de l’information et de l’utilisation de l’Internet pour l’accès à un marché mondial. Cette modernisation est essentielle maintenant dans la capacité d’un pays à produire et à échanger les biens et services nécessaires à sa population et à les rendre disponible à proximité de la clientèle à des prix abordables. A mesure qu’un État augmente sa capacité de gestion et de prise en compte des besoins de ses citoyens, il augmente aussi ses possibilités d’exister à l’échelle planétaire dans un système où le rapport d’interdépendance entre les nations est de plus en plus important pour la paix mondiale et le maintien de la souveraineté nationale. Notre pays est en train d’échouer dans ce domaine et la souveraineté de la nation est en train de souffrir le contrecoup.

Pour réussir à construire une économie moderne et prospère et reprendre en main notre souveraineté, ce n’est pas seulement ce que nous faisons qui est important, mais également la façon dont nous le faisons. Ainsi, comme je l’ai déjà dit, le gouvernement doit viser à moderniser le pays, mais aussi à chercher à se moderniser. Le premier endroit que cette volonté de modernisation doit apparaître est dans le Budget de la République, disons, qui doit montrer où sont nos priorités et quels sont les résultats que nous voulons obtenir par rapport aux fonds que nous engageons.

Par exemple, les enfants du pays ne peuvent espérer avoir accès à l’Internet demain, si aujourd’hui ils n’ont même pas accès à une formation de base. Si, finalement, nous choisissons de lancer le programme pour fournir une formation de base à tous les enfants en âge d’entrer à l’école, le budget doit clairement dire combien nous allons dépenser pour chaque enfant. Car, les objectifs à atteindre dans les secteurs prioritaires doivent être articulés et chiffrés de façon précise, tant en terme national, qu’en termes municipaux. Il faudrait commencer par définir combien d’élèves qui seront admis en classe pour l’année et que chaque programme supportant cet objectif global, définisse les procédures en fonction de la capacité de chaque commune. Il s’agira alors des programmes de construction de salle de classe par rapport au nombre d’enfants dans une commune, des programmes pour le recrutement et la formation continue des professeurs, de la quantité de nourriture à offrir aux enfants à l’école, de programme de construction de matériels scolaires, de bibliothèques etc. Si nous ne connaissons pas ces chiffres pour estimer l’investissement que nous devons faire pour atteindre des objectifs donnés, nous bluffons. Ce n’est pas de la politique moderne, mais comme dirait l’autre, du vodou-politique !

Si l’éducation de base devienne universelle, nous pouvons imaginer déjà le temps où les jeunes de notre pays qui maitrisent la technologie de l’informatique développeront, grâce à un environnement moderne soutenu par l’Internet, la capacité de programmer localement des produits informatisés qui seront fabriqués ensuite dans les usines du Brésil, de Chine et de l’Inde. Ces produits, alors, seront vendus en Amérique du Nord et en Europe. Car, la mondialisation veut aussi dire que nous pouvons créer un produit sur un ordinateur aux Abricots, le fabriquer à Hong-Kong et le vendre à Berlin. C’est de cette modernisation que je rêve et c’est sur l’autoroute de l’Internet, je crois, que le pays peut trouver une porte de sortie pour créer du travail de qualité pour les jeunes.

Mais, nous ne pouvons réussir un tel pari sans une volonté politique inébranlable et la détermination d’affronter l’impossible. S’il s’agit de créer des milliers d’emplois dans le pays chaque année, il faudra faciliter la création de centaines d’entreprises chaque année, également. Mais, pouvons-nous le faire dans l’état où fonctionne le Ministère du Commerce aujourd’hui, sans la modernisation de cette entité publique, par exemple?

Imaginer qu’il faudrait enregistrer 10,000 entreprises chaque année à ce ministère pour établir le statut légal des nouveaux entrepreneurs et leur donner accès aux incitations et aux financements que l’État mettrait à leur disposition dans le cadre d’un programme Bon Départ. Et bien, actuellement, à ce ministère, un entrepreneur postulant pour un nom social afin de recevoir sa patente de fonctionnement, doit aller dans cinq vieux cahiers pour vérifier si le nom qu’il a choisi n’aurait pas déjà été retenu par quelqu’un d’autre avant lui. Je dois vous dire que c’était la même méthode qui était en application en 1977 quand j’avais enregistré ma première entreprise. Quelle affaire !

J’avais écrit en 1986 dans mon texte « Prospectives pour une Renaissance Haïtienne » que l’histoire était morte dans le monde rural. Ainsi, il faut reconnaître que c’est presque la même situation dans l’administration publique Haïtienne. Car, il n’y a pas d’histoire, là où il n’y a pas de changement…

Les mesures pressantes…

Le pays connaît plusieurs situations immorales ou qui montrent que l’esprit de solidarité qui naturellement cimente une nation, n’existe pas chez nous. Une politique de justice sociale pourrait contribuer à résoudre ces problèmes. C’est le cas du salaire minimum qui, étant actuellement de 70 gourdes par jour (moins de $1.80), place un travailleur au-dessous du seuil de la misère qui est de 80 gourdes environ. Ainsi, il faut féliciter les Députés Haïtiens et tout spécialement l’Honorable Député Stevens Benoit qui a été infatigable pour obtenir le vote en faveur d’une augmentation du salaire minimum. Et, c’est presque certain que le Sénat Haïtien n’attendra pas trop pour suivre la démarche entamée par la Chambre Basse au bénéfice des travailleurs Haïtiens.

Parmi les autres situations immorales que nous devons corriger dans le pays, est celle en rapport à l’école universelle pour les enfants que recommande la Constitution. Il est temps qu’un leader du parlement se dresse pour prendre à bras le corps cette cause et défendre l’avenir des enfants du pays, surtout défendre une cause qui est juste comme l’Honorable Député Benoit vient de donner l’exemple. Conséquemment, le parlement deviendrait une institution qui nous donne de la fierté et mériterait aussi des générations futures.

Nous devons féliciter déjà ceux qui supportent et militent en faveur de cette proposition. C’est le cas pour Ray Hammerton Killick qui a déclaré dans un article publié sur le Net que, « les leaders qui auront choisi le peuple devront investir dans le peuple, dans son éducation. L'école devra être obligatoire pour tous les enfants de toutes les régions du pays. Une proposition incontournable et impérative qui ne peut attendre et qui aura d'ailleurs des retombées importantes pour l'économie du pays: création d'emplois dans la construction d'écoles primaires, secondaires, vocationnelles et techniques, cafétérias, boutiques, dispensaires; l'enseignement pour ceux de nos jeunes diplômés des facultés qui le désirent comme carrière; nécessité de développer un programme sérieux d'électrification du pays pour servir ces nouveaux édifices et les rendre fonctionnels, etc.

Le pays fournira enfin sur la longue période (10 à 20 ans) des ouvriers et cadres qui attireront le capital local et étranger. Capital financier qui recherchera ce capital social pour des avantages compétitifs sur le marché mondial. »

C’est pourquoi les Constitutionalistes avaient déclaré que l’école soit universelle pour tous les enfants du pays. Quoiqu’il en soit, la seule façon pour le pays de se relever de cette situation misérable est par l’éducation qui est la base du développement du capital humain qui rendra le pays compétitif dans la région.

Augmentation des capacités à tous les niveaux
L’augmentation du capital humain doit être une priorité pour la nation. Donc, la question des déficits de capacité dans le système éducatif doit être adressée à tous les niveaux. Actuellement, il existe une grande distorsion entre la population qui reçoit une formation académique et la capacité d’accueil de l’enseignement supérieur dans le pays. L’année 2008, par exemple, l’Université d’État Haïtien était en mesure d’accommoder seulement 3000 nouveaux postulants pour l’ensemble des 11 facultés. Quand plusieurs dizaines de milliers de bacheliers ne sont pas admis à l’UEH et ne peuvent non plus se payer une place dans les universités privées du pays ou à l’étranger, c’est autant de rêves de succès professionnels et de réussites personnelles qui sont piétinés. Personne ne veut appeler cette distorsion entre l’offre et la demande dans l’enseignement supérieur une crise, quand c’en est une. C’est autant de petites crises qui s’accumulent jusqu'un jour on débouchera sur une crise finale.

Pourquoi donc ne pas former une commission mixte pour trouver une réponse à ce problème, tant que nous sommes presque certains que la réponse envisagée serait la construction de trois campus universitaires dans les girons des trois nouvelles villes qui seraient construites dans le Grand-Nord, dans le Grand-Sud et dans le Grand-Centre du pays, comme prévus par les initiatives que nous préconisons.

La croissance économique doit se préparer depuis l’école. Ainsi, un élève qui sort de la classe terminale, doit connaitre les éléments de base de l’économie, surtout de l’économie de sa localité et de la région là où il ou elle habite. Ainsi, nous devons revoir les curricula pour encourager les élèves et étudiants à être plus créatifs. Nous pouvons mettre en place tous les mécanismes pour faciliter que nos jeunes entrepreneurs lancent des entreprises, mais ils ne pourront pas réussir si la créativité et l’imagination ne sont pas des facteurs importants cultivés par leur entreprise.

La création des universités modernes doit être accompagnée de programme de financement pour la formation universitaire et des programmes de subvention d’au moins un tiers du coût de la formation offerte par l’université à partir de certains critères et le complément pourrait être obtenu en emprunt par l’étudiant qui serait engagé à rembourser cette dette sur le long terme, à la fin des études, ou en s’engageant dans le service civile. Ce financement devrait être offert directement aux étudiants à travers une institution d’état créée à cet effet.

Ce système est déjà en application presque partout dans la région et depuis si longtemps qu’il faudrait se demander pourquoi il n’est pas adopté dans le pays. Cet investissement de la nation dans les jeunes sera la meilleure façon de préparer l’avenir. Si le système est réalisé sans le népotisme coutumier, l’étudiant sentira le devoir de démontrer par son assiduité à l’étude et sa détermination à réussir qu’il mérite jusqu’au dernier centime que l’état a investi dans son éducation. En fait, je refuse de croire que l’obstacle le plus important qui se dresse sur la route d’un tel projet serait les petits intérêts de quelques suzerains du pays dans les universités privées. Si c’est le cas, c’est une tragédie !

En réalité, de quelle éducation parlons-nous ?
Le système éducatif ne consiste pas à, uniquement, mettre en œuvre les moyens propres à assurer la formation et le développement des élèves et étudiants sur le plan intellectuel, moral et physique, mais, aussi, à les équiper pour que, il ou elle puisse contribuer à son propre succès et à son épanouissement personnel par la réalisation de son potentiel, et sur le plan humain afin de contribuer pleinement et sans complexe, au progrès de sa famille, de sa communauté, de son pays et de l’humanité. L’éducation doit être humaniste. L’éducation doit préparer un individu capable, un citoyen patriote et un être qui est conscient des grands défis que confronte notre monde. Car, dans la vie chacun de nous est appelé à faire des choses plus grandes que soi-même.
Mais, la première valeur humaniste de l’éducation est qu’elle soit disponible à tous les membres d’une société. Quand plus de 50% des enfants qui naissent dans une société n’ont pas accès à une éducation même de base, c’est une forme de barbarie.

Si nous ne créons pas suffisamment d’opportunité pour nos jeunes au chômage, ils vont continuer à quitter ce beau pays pour aller chercher la vie ailleurs. Et en vérité, nous n’aurons que nous même à blâmer, car nous pouvons aujourd’hui commencer à changer le cours des choses avant qu’il soit trop tard ! C’est impossible pour un pays de maintenir la stabilité pendant longtemps quand plus de 72% de la population vit dans la misère.

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Merci,

Paul G Magloire

jeudi 5 février 2009

5-2 La mobilisation des jeunes sera rentable pour le pays

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère
La réalisation des programmes visant la construction des nouvelles villes régionales va dépendre, au premier chef de la mobilisation des jeunes qui doivent s’engager pour leur avenir. Mais les secteurs organisés du pays devront intervenir également. C’est le cas pour le secteur privé des affaires et les associations patronales, les associations de travailleurs et les syndicats ; l’Université d’Etat d’Haiti en tant qu’entité responsable de la formation académique universitaire, les associations municipales et les mairies ; les parlementaires et le parlement qui devront passer les lois en rapport à la mise en place de ces vastes projets. Donc, tous les secteurs qui veulent s’engager pour la stabilité et le développement du pays auront un rôle dans ces programmes. Car, l’impact de la crise économique internationale, ajoutée au chômage de la majorité de la population, représentent un danger pour tout le monde si la situation explose.

Les activités liées au développement régional représenteront une source importante de création d’emplois, spécialement pour les jeunes. Elles ont la capacité de fournir plus que les 150,000 occupations qui seront définies dans les objectifs, soit une moyenne de 15,000 emplois l’an, sur une période de 10 années. Ces activités seront dominées par l’édification des trois capitales régionales, l’une dans le Grand Nord, une dans le Grand Sud et la troisième dans le Grand Centre. Parmi les principales structures qui rendront ces capitales régionales attractives, il faut citer les centres universitaires et techniques, les complexes médicaux modernes qui offriront un service international, les complexes sportifs, les parcs de service technologique, les villages de retraite pour le troisième âge, les villages touristiques et les villages de logement à prix modéré pour les enseignants et les employés du secteur public et privé qui ont des salaires modestes. Ces programmes de logement seront développés en collaboration avec l’Office National D’Assurance, pour satisfaire les besoins des employés. Il y aura aussi des programmes pour adresser les besoins de personnes venant de tous les horizons.

Ces grands programmes de construction vont contribuer à réduire la crise du logement dans le pays et à améliorer la situation de l’habitat également. Le coût du logement absorbe une partie très élevée, parfois jusqu’ à 45%, du budget des familles et malgré ce coût prohibitif, les gens sont trop souvent mal logés pour leur argent. Plusieurs facteurs, tel que le déséquilibre entre l’offre et la demande, sont responsables pour les prix élevés. Ensuite, la construction des logements est couteuse. Les intrants qui rentrent dans la construction des maisons et des bâtiments sont chers et ne sont pas disponibles sur le marché de façon rationnelle pour prendre avantage de la production d’échelle. Mais, le développement d’une industrie importante de support à la construction devrait être l’une des conséquences positives de ces grands chantiers. Dans le cadre de ces activités, le Parlement devrait envisager aussi de passer les lois sur la construction en hauteur. Car, compte tenu de la limitation et du coût élevé de l’espace foncier, dans certaines villes, la construction de complexe d’appartements et des immeubles à étage, est l’une des façons de réduire le coût du logement dans le pays qui vit actuellement une crise chronique dans ce domaine.

L’ouverture des chantiers pour la construction des capitales régionales doit se faire successivement. Ces programmes vont exiger de la planification et du temps pour mobiliser les ressources humaines, techniques et financières nécessaires à ce grand effort national. Pour débuter ces programmes, sur le plan financier, il faudra la création des fonds régionaux que j’ai décrits dans le texte suivant :

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.-

Les Villages Renaissances du Troisième Age

Cependant, les activités de construction d’immeubles importants ne devraient pas être limitées aux villes des capitales régionales uniquement. Dans chaque département, la possibilité existe de construire des villages modernes pour accueillir les Haïtiens de la diaspora qui sont à l’âge de la retraite. Les villages renaissances du troisième âge seront une façon, aussi, pour le pays de dire un grand merci à cette population qui a travaillé très dur durant de nombreuses années afin de permettre au pays de survivre. Les services offerts dans ces villages offriront des débouchés également pour nos jeunes qui se seront spécialisés dans l’assistance aux personnes âgées.

Pendant la période intérimaire, dans le cadre du programme de la Déconcentration de Port-au-Prince, nous avons inauguré la construction de 10 complexes administratifs, coûtant chacun plus de 1 million de dollars pour loger les services déconcentrés de l’État qui sont éparpillés dans chaque département. En plus de ces complexes, le programme avait supporté aussi la construction de plusieurs complexes municipaux. Ces bâtiments devaient accueillir les services locaux et déconcentrés dans un cadre attractif et moderne, afin d’offrir un service de qualité aux clients. Les fonds alloués à la construction de ces complexes étaient déjà soit disponibles soit déjà décaissés. Dans ces complexes, des centaines de jeunes cadres fraîchement sortis de nos universités devraient avoir la possibilité de faire leur première expérience dans l’administration publique. Encore, des rêves renvoyés à plus tard par l’obscurantisme !

La plupart des Haïtiens qui travaillent en République Dominicaine et en Floride sont engagés dans le secteur de la construction, du tourisme et de l’agriculture. Ils ont acquis de l’expérience et ont été exposés à des industries hautement performantes dans ces pays. C’est parmi eux surtout que nous aurons à recruter, au début, beaucoup des spécialités dont nous aurons besoin pour le lancement de ces programmes de construction. Ils serviront également à former les jeunes du pays pour faciliter la réalisation de plusieurs programmes simultanément. Un programme de retour au pays natal sera d’autant plus possible que le secteur de construction est au ralenti et aux Etats-Unis et en République Dominicaine.

En effet, comme cela s’est passé avec la République Dominicaine qui a attiré de nombreux talents de notre pays en lançant son secteur de la construction, si nous avions une vision et une volonté de construire notre pays, nous avons là un contexte idéal pour attirer des talents dans le secteur de la construction. Bien sûr, nous devrons d’abord penser à résorber le chômage et à créer de l’emploi pour les jeunes qui arrivent en masse sur le marché du travail. Mais, nous ne pouvons pas négliger que ces programmes de construction seront également attractifs pour des talents de la diaspora qui ont l’expérience et parfois le capital pour aider à dynamiser les chantiers dans le pays.

La relance du secteur de la construction aux Etats-Unis, par exemple, va prendre un peu de temps, si une solution n’est pas trouvée par le gouvernement Obama pour résoudre certains problèmes qui frappent ce secteur. Car, la liste des maisons qui sont à vendre sur le marché dépasse 5 millions d’unités, et 30% des propriétaires qui veulent vendre ont des hypothèques plus élevées que la valeur de leur maison sur le marché.

A un moment donné après la catastrophe de l’effondrement de l’école de Nérette qui coûta la vie à plus d’une centaine d’écoliers, le gouvernement parlait de déplacer les bidonvilles et de corriger les erreurs que nous avions tolérées avec le foisonnement des constructions anarchiques pendant plusieurs décennies. La question qu’il faut se poser, quand l’État a failli à sa première mission régalienne de protéger la vie des citoyens, surtout des enfants, est-il moralement dans une position d’utiliser la force pour corriger une tendance qu’il a tolérée pendant trop longtemps ? Si nous utilisons de tels moyens, nous serions très décriés. En fait, une société démocratique doit utiliser des méthodes incitatives pour atteindre ses objectifs. Si nous voulons résoudre le problème des bidonvilles, commençons par construire de nouvelles villes modernes.

La construction des villes régionales et des villages renaissances du troisième âge rencontre toutes les conditions pour créer du travail pour les jeunes du pays. Elle créera de l’emploi depuis la conception du plan d’aménagement. Car, elle va donner du travail aux architectes et ingénieurs de toutes les spécialités. Ensuite, elle va mettre à pied d’œuvre des contremaîtres, des charpentiers, de électriciens et des travailleurs dans le domaine du béton, de l’hydraulique ; des emplois pour les techniciens de la maçonnerie, de la soudure, de la ferronnerie et occuper tous les ateliers spécialisés. Les manœuvres et les apprentis, dans tous les domaines, seront en demande. Ces vastes chantiers vont attirer les jeunes qui sortent de l’université et des écoles de métiers. Les talents en herbe trouveront une opportunité pour débuter une carrière et faire leurs premiers pas.

Les industries et services connectés à la construction vont aussi en profiter. Comme les activités liées à l’industrie de l’acier, du fer, de la tôle, du ciment. Les fabricants de blocs de ciment et les briques de terre cuite et du marbre auront à desservir un marché élargi. Cela va donner un regain de travail aux fabricants de meubles et aux ateliers d’artisans qui travaillent dans le domaine de la décoration intérieure, aux entrepreneurs de la manutention et du transport de matériaux et des milliers de journaliers.

Mais, cet effort national doit avoir des objectifs clairs et des résultats mesurables afin que les ressources soient utilisées de façon efficiente.

Je vous invite à lire ma position sur le sujet en 1986, en cliquant sur le lien suivant :

CENT QUATRE VINGT TROIS ANS APRÈS


La Manie des Mauvais Choix

Malheureusement, par un manque de vision, le gouvernement n’a pas pris les mesures pour réduire ses dépenses et augmenter les investissements dans les collectivités, afin d’accroître les possibilités d’une reprise économique dans le pays. Tout au contraire, il a tenté, de préférence, d’augmenter le fardeau des membres de la diaspora qui triment dur pour tenir le pays à flot et permettre à une grande partie de la population de ne pas mourir de faim.

En effet, est-ce la seule façon que ce gouvernement a pu trouver pour augmenter ses revenus serait d’ajouter des taxes sur les appels téléphoniques payés par la diaspora et de vendre plus cher les passeports qu’achètent déjà trop cher les membres de la diaspora ? Est-ce que la diaspora est la vache laitière corvéable à merci ? Qu’est-ce que le gouvernement se propose d’offrir en retour à la diaspora qu’il veut saigner à blanc? Est-ce que ces fonds serviront à financer la Décentralisation ?

Pourtant, une fois qu’une politique consistante de décentralisation aura été mise en place, avant même qu’elle atteigne une masse critique, l’économie commencerait à se redresser à partir de ces milliers d’emplois qui seront créés à travers le pays.

Les investissements vont avoir un effet multiplicateur qui va dynamiser tous les autres secteurs. Tous ces gens qui gagnent un salaire vont pouvoir manger, boire, se vêtir, se divertir, se déplacer d’un point à un autre, et auront de quoi payer pour les services. Une fois que la demande est là, des mesures devront être prises pour accompagner les jeunes professionnels et entrepreneurs qui veulent offrir des services, en mettant à leur disposition un encadrement adéquat et un financement approprié. Car, même si les ressources financières sont importantes, elles ne serviront pas à grand chose, s’il n’existe pas, aussi, un climat d’affaires favorable et un accompagnement qui encourage la création et la réussite de nouvelles entreprises.

D’autre part, en attendant la complémentation du programme de décentralisation, il faut lancer un programme de déconcentration avec l’objectif de faciliter la décentralisation qui exige l’élection des assemblées locales qui doivent permettre le transfert graduel aux municipalités des compétences qui sont prévues par la Constitution de 1987. Le pouvoir central, dans le cadre de la déconcentration, pourra établir les bureaux de ses services dans les locaux des villes de provinces à proximité des citoyens qu’il tient à servir.

Une Hypothèse Vérifiable

Trente années et plus de cela, à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), mes camarades et moi n’étaient pas tous d’accord sur la cause de la croissance démographique rapide de la capitale. Le fait que Port-au-Prince soit une ville capitale ne pouvait expliquer, qu’en partie, pourquoi son urbanisation était aussi poussée par rapport aux autres villes et qu’elle soit, ainsi, un pôle d’attraction pour la population du pays. Mais, urbanisation était un concept très relatif dans ce cas précis, car une grande partie de la population de la capitale, vivait en marge de la ville, dans des maisons délabrées. Aucun effort non plus n’était entrepris pour trouver une solution à la croissance anarchique de ces bidonvilles qui entouraient la principale ville du pays.

En effet, la population des bidonvilles manquait à l’époque et aujourd’hui encore, même le minimum. Elle vivait en dehors de l’armature urbaine et ne bénéficiait d’aucun des réseaux de service qui agrémentent et rendent la vie urbaine confortable et agréable. Les bidonvilles ne sont pas équipés de système de voirie pour le ramassage des ordures. La population marche dans l’eau stagnante et puante, en absence d’égouts et les passants circulent dans les rues crottées en compagnie des porcs ; pas d’électricité, ni même l’eau courante… C’est un système d’abandon qui rappelle les pays qui pratiquent l’apartheid, où deux peuples de races différentes sont, par le hasard des circonstances, obligés de partager un même territoire, un pays. D’aucuns accusaient le régime des Duvalier d’avoir mené une politique populiste qui avait occasionné ce problème.

Ce qu’ils entendaient par là, c’est le fait que pour les fêtes nationales et à l’occasion de certains événements politiques, les Duvalier, (surtout le père), invitaient les paysans à venir en masse à la capitale pour manifester leur support au régime. Alors, une bonne partie de ces paysans ne repartaient pas vers la province où ils étaient venus. Mais, ceci n’était pas suffisant pour expliquer le problème et l’intensité de la croissance des bidonvilles. D’ailleurs, ce problème continue, ce qui voudrait dire qu’il existe des causes fondamentales. Elles sont encore présentes et produisent encore les mêmes effets.

Ce que je croyais à l’époque, c’est une affaire de jobs et d’opportunités que manquent les résidents des villes de province et des sections communales. Et, je crois encore la même chose. Donc, tant que la priorité sera donnée à une politique de concentration en faveur de la capitale, tant le problème va s’empirer jusqu’au jour où il sera trop tard et nous déboucherons sur une catastrophe et des grincements de dents.

Pour voir mon argumentation sur le sujet en 1986, cliquer sur le lien suivant :

RESTRUCTURATION DE LA COMMUNAUTE RURALE ET URBAINE

Toutefois, le professeur de Géographie Economique de ma promotion à l’ENS, le coopérant français, Jean-Pierre Pirovano, nous porta à investiguer les théories établies comme des évidences sur la question du déclin des villes de province. Le professeur Pirovano avait organisé des travaux de terrain grâce à un contrat qu’il avait trouvé de la Texaco pour préparer une nouvelle carte d’Haiti.

Parmi nos sorties de recherches, nous avions été à Miragoâne pour étudier l’impact de l’opération d’exploitation de la bauxite sur la région des Nippes. Nos fiches de recherches montraient que les gens de cette région qui est devenue aujourd’hui le Département des Nippes, ne se déplaçaient pas beaucoup vers Port-au-Prince. Car, l’usine de bauxite fournissait du travail et des opportunités. Mais, en plus, il y avait un hôpital qui offrait la plupart des services que la population pouvait trouver à l’Hôpital Général à Port-au-Prince.

Les résultats des recherches que nous avions menées sur le terrain nous ont montrés que les gens de la province venaient et restaient de façon permanente à la capitale pour 3 raisons principales :

1- L’espoir de trouver du travail
2- L’absence de service dans les villes de provinces
3- Les besoins liés à la formation éducative de niveau universitaire et technique.

Bien sûr, il y a d’autres raisons. Mais, les gens se déplacent de la province, parfois là où ils vivaient plus ou moins confortablement, vers Port-au-Prince, car le gouvernement et le secteur privé aussi, mènent une politique de concentration en prenant presque toutes leurs initiatives à la capitale. Par exemple, les parcs industriels de Port-au-Prince donnent l’illusion que quelqu’un qui rentre de la province peut trouver un travail. Mais, probablement, la triste vérité est qu’une seule position serait disponible pour chaque 10 personnes qui cherchent un emploi. Donc, les 9 autres, chômeurs, vont s’agglutiner avec leur frustration dans une des bidonvilles qui ceinturent la capitale. Une recette explosive…


Pas nécessairement tout, tout de suite

Les efforts qui sont menés en faveur de la décentralisation, surtout par les chambres de commerce, sont encore trop timides et limités au secteur d’affaires pour mesurer leur impact et voir comment ils pourraient apporter un véritable changement dans les choix en application dans le pays.

Certains secteurs du parlement prônent que les priorités du gouvernement devraient être exécutées dans un cadre déconcentré où les mairies reçoivent la responsabilité d’assignation et de supervision d’une partie du budget alloué à leur commune. Dans le cas ou ces secteurs obtiendraient gain de cause pour leurs mandants de la province, ces choix devraient nécessairement refléter dans le budget.

Par exemple, si 10% du budget est consacré à une ligne prioritaire, comme l’éducation universelle des enfants, le gouvernement pourrait diviser cette ligne budgétaire en trois parties :

La première partie serait sous le contrôle direct du gouvernement central, afin de payer pour les frais relatifs à la planification, la supervision et les mesures incitatives qui récompensent les résultats atteints selon les objectifs prévus.

La deuxième partie devrait être à la disposition des maires sur une base proportionnelle à la démographie de leur commune. Les décaissements se feraient pour financer des projets définis dans un tableau de bord et selon des normes préétablies.

La troisième partie devrait former des fonds exceptionnels de réserves, pour permettre au gouvernement central d’intervenir dans les communes qui auraient atteint des résultats trop faibles et dans certains cas, pour suppléer aux imprévus.

Enfin, après mes études à l’Ecole Normale Supérieure, j’avais choisi d’aller dispenser des cours d’Histoire et de Philosophie au Lycée Pinchinat de Jacmel, dans le cadre de la réforme lancée par le Ministre Bernard pour une éducation plus moderne et ciblant un segment plus large de la population. Ensuite, j’avais lancé dans le Nord-est du pays, un projet de reforestation et de production de charbon de bois et d’arbre fruitier. Plusieurs de mes camarades avaient aussi choisi d’aller travaillé en province. Ainsi, les efforts individuels peuvent contribuer, mais ne peuvent suffire, à lancer une tendance à se déplacer de la capitale vers la province pour offrir des services. Donc, il faut une intervention suivie et déterminée de l’État pour encourager les jeunes cadres à aller en province pour offrir leurs services. C’est cela qui peut se faire dans le cadre d’une décentralisation systématique débutant avec la création des infrastructures de base.