jeudi 19 février 2009

6-Amener le pays au 21ème Siècle

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère
Si nous montrons aux jeunes comment créer une entreprise et que l’effort laborieux, honnête et assidu amène au succès ; et nous leur inculquons, aussi, qu’un échec ne doit pas être accepté comme la défaite d’un rêve, mais seulement une étape importante qui exige le courage de se redresser et de recommencer jusqu’au but final ; l’avenir de notre pays est alors assuré et nous ne devons pas craindre les grands défis que nous aurons à relever afin de marcher sur la voie de la modernisation et du développement.

Mais, tout l’environnement administratif, politique et économique doit se moderniser afin d’attirer l’investissement. Nous devons compter sur l’investissement public et privé pour augmenter le nombre d’occupations rémunérées, créer de la richesse et réduire le taux de la pauvreté dans le pays. Donc, il est fondamental que le partenariat entre le secteur privé et le secteur public soit au centre de la stratégie qui vise à créer du travail pour les jeunes du pays.

Néanmoins, rien de cela n’est possible, si le gouvernement ne comprend pas la nature des problèmes fondamentaux que le pays traverse et n’a pas la capacité d’apporter des solutions appropriées, à temps, aux problèmes. C’est à ce genre de constat qu’on arrive quand on regarde les propositions qui rentrent dans le budget 2009-2010 basées sur des prévisions qui sont totalement irréalistes. Je pourrais citer un seul exemple qui est celui de croire que les bailleurs internationaux vont financer 60% du budget, au moment où les principaux pays donateurs sont eux-mêmes mobilisés à résoudre une crise financière internationale qui frappe leur propre pays. S’il fallait donner une preuve que ces prévissions ne sont pas fondées, on n’aurait qu’à citer le cas du Président Préval qui, récemment, a engagé le prestige de son statut dans un voyage à Washington pour aller demander 100 millions de dollars pour suppléer le déficit budgétaire. Il est revenu au pays à la cloche de bois de ce pèlerinage infructueux, avec les 2 mains vides. Je crois que les observateurs responsables ne blâment pas les bailleurs quand chaque jour le spectacle du gaspillage des deniers du trésor public est exposé au vu et au su de tout le monde. Est-ce qu’il y aurait lieu de croire que les représentants des bailleurs dans le pays sont sourds et aveugles ? Est-ce qu’il ne faut pas se demander pourquoi la Suisse parle de confier même les fonds qui sont saisis au nom du peuple haïtien, à des organisations non-gouvernementales ?

Gouverner C’est Prévoir
Ce n’est pas toujours bon d’avoir raison, surtout quand il s’agit que ce soit face à un manque de sagacité de ceux qui gouvernent notre pays. Je n’ai pas cessé d’annoncer depuis 2007 que la crise financière qui débutait avec les Subprimes aux Etats-Unis, allait avoir des impacts sur notre pays, due à la diminution du volume des transferts des membres de la diaspora. Certains membres du gouvernement disaient en privé et en public, qu’il n’y avait rien à craindre. Pourtant, il semble qu’un article paru dans le journal Le Monde, sous le titre « En Amérique latine, l'érosion des transferts de fonds se fait déjà sentir. » sous la plume du journaliste, Jean-Michel Caroit, commence maintenant à créer de la panique.

L’article dit, je cite « Comme tous les pays de la région, la République dominicaine souffre d'une décélération des "remesas", ces sommes d'argent envoyées par les émigrés, l'une des premières sources de devises et le principal amortisseur de la pauvreté. "Les remesas ont commencé à diminuer à partir d'août 2008 et la réduction risque d'être drastique au cours des prochains mois", craint Freddy Ortiz, le président de l'Association dominicaine des entreprises de transfert de fonds. L'essentiel des transferts vient des Etats-Unis (80 %) et d'Espagne (15 %), deux des pays les plus touchés par la montée du chômage. Plusieurs agences de transfert installées à New York ont même constaté un phénomène de rapatriement de fonds : pour survivre aux Etats-Unis, des émigrés commencent à puiser dans leurs économies placées dans les banques dominicaines. D'autres, sans espoir de retrouver du travail aux Etats-Unis, rentrent au pays. »

L’article continue pour dire que la situation en Haïti est pire. Bien sûr, il doit l’être. Car, avec une population à 63% au chômage et 72% vivant au dessous du seuil de la misère avec moins de $2 par jour, c’est la Diaspora qui est le souffle de vie. Avec les transferts de l’étranger qui diminuent, la population est déjà aux abois. La situation va continuer à s’empirer, car dans les pays d’accueil où les Haïtiens vivent, les gouvernements vont montrer moins de générosité. C’est le cas pour les Etats-Unis qui parlent de déporter plus de 30,000 de nos concitoyens en situation irrégulière. C’est aussi le cas pour notre voisin de l’ile, la République Dominicaine, qui se prépare à une déportation massive de nos compatriotes. Dans la première phase, tous ceux qui ont un travail vont recevoir un document d’identification et après cela, ceux qui n’ont pas de documents, pourraient être déportés.

Nous parlons là, de dizaines de milliers de nos frères et sœurs, même de centaines de milliers. Car, les secteurs où travaillent les Haïtiens sont l’agriculture, la construction et le tourisme. Ces trois secteurs sont en déclin et beaucoup de travailleurs - les Haïtiens d’abord, bien sûr - sont mis à pied.

Pourtant, bien avant le mois d’août 2008 qui marque la date des premiers signes de la crise, d’après l’article de Le Monde, le 5 mai 2008 précisément, j’avais écrit ce qui suit :

« Donc, actuellement, la communauté Haïtienne est très affectée par la crise immobilière qui peut se traduire par une chute importante dans les transferts d’argent qu’ils font pour leurs parents et amis restés au pays. Ceux qui avaient acheté leurs maisons dans de bonnes conditions, le plus souvent prenaient une seconde hypothèque pour financer la construction d’une maison en Haïti, pour leur famille et leur retraite. Donc, la tendance est pour eux, aujourd’hui, de cesser ces investissements. Cela va ralentir le secteur de la construction, le plus dynamique de l’économie du pays… »

Vous pouvez voir le reste du texte en cliquant sur le lien suivant :

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.- (05/05/08)

Ainsi, il faut souhaiter que les mesures que viennent de lancer le Président des Etats-Unis, Barack Obama, pour stabiliser l’économie de son pays, freiner la chute du secteur immobilier et créer de l’emploi en investissant environ 800 milliards de dollars dans l’économie, apportera des résultats suffisamment rapide afin de ralentir les vagues de licenciement qui frappe la communauté Haïtienne aux Etats-Unis et éviter une explosion sociale au pays.


MODERNISER, AUJOURD’HUI

Si depuis le début du 19ième siècle la modernisation reposait sur l’industrialisation et la production manufacturière de masse, depuis la dernière décennie du 20ième siècle le concept représente plutôt un effort qui associe l’économie au développement et à l’utilisation des technologies de l’information et de l’utilisation de l’Internet pour l’accès à un marché mondial. Cette modernisation est essentielle maintenant dans la capacité d’un pays à produire et à échanger les biens et services nécessaires à sa population et à les rendre disponible à proximité de la clientèle à des prix abordables. A mesure qu’un État augmente sa capacité de gestion et de prise en compte des besoins de ses citoyens, il augmente aussi ses possibilités d’exister à l’échelle planétaire dans un système où le rapport d’interdépendance entre les nations est de plus en plus important pour la paix mondiale et le maintien de la souveraineté nationale. Notre pays est en train d’échouer dans ce domaine et la souveraineté de la nation est en train de souffrir le contrecoup.

Pour réussir à construire une économie moderne et prospère et reprendre en main notre souveraineté, ce n’est pas seulement ce que nous faisons qui est important, mais également la façon dont nous le faisons. Ainsi, comme je l’ai déjà dit, le gouvernement doit viser à moderniser le pays, mais aussi à chercher à se moderniser. Le premier endroit que cette volonté de modernisation doit apparaître est dans le Budget de la République, disons, qui doit montrer où sont nos priorités et quels sont les résultats que nous voulons obtenir par rapport aux fonds que nous engageons.

Par exemple, les enfants du pays ne peuvent espérer avoir accès à l’Internet demain, si aujourd’hui ils n’ont même pas accès à une formation de base. Si, finalement, nous choisissons de lancer le programme pour fournir une formation de base à tous les enfants en âge d’entrer à l’école, le budget doit clairement dire combien nous allons dépenser pour chaque enfant. Car, les objectifs à atteindre dans les secteurs prioritaires doivent être articulés et chiffrés de façon précise, tant en terme national, qu’en termes municipaux. Il faudrait commencer par définir combien d’élèves qui seront admis en classe pour l’année et que chaque programme supportant cet objectif global, définisse les procédures en fonction de la capacité de chaque commune. Il s’agira alors des programmes de construction de salle de classe par rapport au nombre d’enfants dans une commune, des programmes pour le recrutement et la formation continue des professeurs, de la quantité de nourriture à offrir aux enfants à l’école, de programme de construction de matériels scolaires, de bibliothèques etc. Si nous ne connaissons pas ces chiffres pour estimer l’investissement que nous devons faire pour atteindre des objectifs donnés, nous bluffons. Ce n’est pas de la politique moderne, mais comme dirait l’autre, du vodou-politique !

Si l’éducation de base devienne universelle, nous pouvons imaginer déjà le temps où les jeunes de notre pays qui maitrisent la technologie de l’informatique développeront, grâce à un environnement moderne soutenu par l’Internet, la capacité de programmer localement des produits informatisés qui seront fabriqués ensuite dans les usines du Brésil, de Chine et de l’Inde. Ces produits, alors, seront vendus en Amérique du Nord et en Europe. Car, la mondialisation veut aussi dire que nous pouvons créer un produit sur un ordinateur aux Abricots, le fabriquer à Hong-Kong et le vendre à Berlin. C’est de cette modernisation que je rêve et c’est sur l’autoroute de l’Internet, je crois, que le pays peut trouver une porte de sortie pour créer du travail de qualité pour les jeunes.

Mais, nous ne pouvons réussir un tel pari sans une volonté politique inébranlable et la détermination d’affronter l’impossible. S’il s’agit de créer des milliers d’emplois dans le pays chaque année, il faudra faciliter la création de centaines d’entreprises chaque année, également. Mais, pouvons-nous le faire dans l’état où fonctionne le Ministère du Commerce aujourd’hui, sans la modernisation de cette entité publique, par exemple?

Imaginer qu’il faudrait enregistrer 10,000 entreprises chaque année à ce ministère pour établir le statut légal des nouveaux entrepreneurs et leur donner accès aux incitations et aux financements que l’État mettrait à leur disposition dans le cadre d’un programme Bon Départ. Et bien, actuellement, à ce ministère, un entrepreneur postulant pour un nom social afin de recevoir sa patente de fonctionnement, doit aller dans cinq vieux cahiers pour vérifier si le nom qu’il a choisi n’aurait pas déjà été retenu par quelqu’un d’autre avant lui. Je dois vous dire que c’était la même méthode qui était en application en 1977 quand j’avais enregistré ma première entreprise. Quelle affaire !

J’avais écrit en 1986 dans mon texte « Prospectives pour une Renaissance Haïtienne » que l’histoire était morte dans le monde rural. Ainsi, il faut reconnaître que c’est presque la même situation dans l’administration publique Haïtienne. Car, il n’y a pas d’histoire, là où il n’y a pas de changement…

Les mesures pressantes…

Le pays connaît plusieurs situations immorales ou qui montrent que l’esprit de solidarité qui naturellement cimente une nation, n’existe pas chez nous. Une politique de justice sociale pourrait contribuer à résoudre ces problèmes. C’est le cas du salaire minimum qui, étant actuellement de 70 gourdes par jour (moins de $1.80), place un travailleur au-dessous du seuil de la misère qui est de 80 gourdes environ. Ainsi, il faut féliciter les Députés Haïtiens et tout spécialement l’Honorable Député Stevens Benoit qui a été infatigable pour obtenir le vote en faveur d’une augmentation du salaire minimum. Et, c’est presque certain que le Sénat Haïtien n’attendra pas trop pour suivre la démarche entamée par la Chambre Basse au bénéfice des travailleurs Haïtiens.

Parmi les autres situations immorales que nous devons corriger dans le pays, est celle en rapport à l’école universelle pour les enfants que recommande la Constitution. Il est temps qu’un leader du parlement se dresse pour prendre à bras le corps cette cause et défendre l’avenir des enfants du pays, surtout défendre une cause qui est juste comme l’Honorable Député Benoit vient de donner l’exemple. Conséquemment, le parlement deviendrait une institution qui nous donne de la fierté et mériterait aussi des générations futures.

Nous devons féliciter déjà ceux qui supportent et militent en faveur de cette proposition. C’est le cas pour Ray Hammerton Killick qui a déclaré dans un article publié sur le Net que, « les leaders qui auront choisi le peuple devront investir dans le peuple, dans son éducation. L'école devra être obligatoire pour tous les enfants de toutes les régions du pays. Une proposition incontournable et impérative qui ne peut attendre et qui aura d'ailleurs des retombées importantes pour l'économie du pays: création d'emplois dans la construction d'écoles primaires, secondaires, vocationnelles et techniques, cafétérias, boutiques, dispensaires; l'enseignement pour ceux de nos jeunes diplômés des facultés qui le désirent comme carrière; nécessité de développer un programme sérieux d'électrification du pays pour servir ces nouveaux édifices et les rendre fonctionnels, etc.

Le pays fournira enfin sur la longue période (10 à 20 ans) des ouvriers et cadres qui attireront le capital local et étranger. Capital financier qui recherchera ce capital social pour des avantages compétitifs sur le marché mondial. »

C’est pourquoi les Constitutionalistes avaient déclaré que l’école soit universelle pour tous les enfants du pays. Quoiqu’il en soit, la seule façon pour le pays de se relever de cette situation misérable est par l’éducation qui est la base du développement du capital humain qui rendra le pays compétitif dans la région.

Augmentation des capacités à tous les niveaux
L’augmentation du capital humain doit être une priorité pour la nation. Donc, la question des déficits de capacité dans le système éducatif doit être adressée à tous les niveaux. Actuellement, il existe une grande distorsion entre la population qui reçoit une formation académique et la capacité d’accueil de l’enseignement supérieur dans le pays. L’année 2008, par exemple, l’Université d’État Haïtien était en mesure d’accommoder seulement 3000 nouveaux postulants pour l’ensemble des 11 facultés. Quand plusieurs dizaines de milliers de bacheliers ne sont pas admis à l’UEH et ne peuvent non plus se payer une place dans les universités privées du pays ou à l’étranger, c’est autant de rêves de succès professionnels et de réussites personnelles qui sont piétinés. Personne ne veut appeler cette distorsion entre l’offre et la demande dans l’enseignement supérieur une crise, quand c’en est une. C’est autant de petites crises qui s’accumulent jusqu'un jour on débouchera sur une crise finale.

Pourquoi donc ne pas former une commission mixte pour trouver une réponse à ce problème, tant que nous sommes presque certains que la réponse envisagée serait la construction de trois campus universitaires dans les girons des trois nouvelles villes qui seraient construites dans le Grand-Nord, dans le Grand-Sud et dans le Grand-Centre du pays, comme prévus par les initiatives que nous préconisons.

La croissance économique doit se préparer depuis l’école. Ainsi, un élève qui sort de la classe terminale, doit connaitre les éléments de base de l’économie, surtout de l’économie de sa localité et de la région là où il ou elle habite. Ainsi, nous devons revoir les curricula pour encourager les élèves et étudiants à être plus créatifs. Nous pouvons mettre en place tous les mécanismes pour faciliter que nos jeunes entrepreneurs lancent des entreprises, mais ils ne pourront pas réussir si la créativité et l’imagination ne sont pas des facteurs importants cultivés par leur entreprise.

La création des universités modernes doit être accompagnée de programme de financement pour la formation universitaire et des programmes de subvention d’au moins un tiers du coût de la formation offerte par l’université à partir de certains critères et le complément pourrait être obtenu en emprunt par l’étudiant qui serait engagé à rembourser cette dette sur le long terme, à la fin des études, ou en s’engageant dans le service civile. Ce financement devrait être offert directement aux étudiants à travers une institution d’état créée à cet effet.

Ce système est déjà en application presque partout dans la région et depuis si longtemps qu’il faudrait se demander pourquoi il n’est pas adopté dans le pays. Cet investissement de la nation dans les jeunes sera la meilleure façon de préparer l’avenir. Si le système est réalisé sans le népotisme coutumier, l’étudiant sentira le devoir de démontrer par son assiduité à l’étude et sa détermination à réussir qu’il mérite jusqu’au dernier centime que l’état a investi dans son éducation. En fait, je refuse de croire que l’obstacle le plus important qui se dresse sur la route d’un tel projet serait les petits intérêts de quelques suzerains du pays dans les universités privées. Si c’est le cas, c’est une tragédie !

En réalité, de quelle éducation parlons-nous ?
Le système éducatif ne consiste pas à, uniquement, mettre en œuvre les moyens propres à assurer la formation et le développement des élèves et étudiants sur le plan intellectuel, moral et physique, mais, aussi, à les équiper pour que, il ou elle puisse contribuer à son propre succès et à son épanouissement personnel par la réalisation de son potentiel, et sur le plan humain afin de contribuer pleinement et sans complexe, au progrès de sa famille, de sa communauté, de son pays et de l’humanité. L’éducation doit être humaniste. L’éducation doit préparer un individu capable, un citoyen patriote et un être qui est conscient des grands défis que confronte notre monde. Car, dans la vie chacun de nous est appelé à faire des choses plus grandes que soi-même.
Mais, la première valeur humaniste de l’éducation est qu’elle soit disponible à tous les membres d’une société. Quand plus de 50% des enfants qui naissent dans une société n’ont pas accès à une éducation même de base, c’est une forme de barbarie.

Si nous ne créons pas suffisamment d’opportunité pour nos jeunes au chômage, ils vont continuer à quitter ce beau pays pour aller chercher la vie ailleurs. Et en vérité, nous n’aurons que nous même à blâmer, car nous pouvons aujourd’hui commencer à changer le cours des choses avant qu’il soit trop tard ! C’est impossible pour un pays de maintenir la stabilité pendant longtemps quand plus de 72% de la population vit dans la misère.

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Merci,

Paul G Magloire

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