jeudi 5 février 2009

5-2 La mobilisation des jeunes sera rentable pour le pays

Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère
La réalisation des programmes visant la construction des nouvelles villes régionales va dépendre, au premier chef de la mobilisation des jeunes qui doivent s’engager pour leur avenir. Mais les secteurs organisés du pays devront intervenir également. C’est le cas pour le secteur privé des affaires et les associations patronales, les associations de travailleurs et les syndicats ; l’Université d’Etat d’Haiti en tant qu’entité responsable de la formation académique universitaire, les associations municipales et les mairies ; les parlementaires et le parlement qui devront passer les lois en rapport à la mise en place de ces vastes projets. Donc, tous les secteurs qui veulent s’engager pour la stabilité et le développement du pays auront un rôle dans ces programmes. Car, l’impact de la crise économique internationale, ajoutée au chômage de la majorité de la population, représentent un danger pour tout le monde si la situation explose.

Les activités liées au développement régional représenteront une source importante de création d’emplois, spécialement pour les jeunes. Elles ont la capacité de fournir plus que les 150,000 occupations qui seront définies dans les objectifs, soit une moyenne de 15,000 emplois l’an, sur une période de 10 années. Ces activités seront dominées par l’édification des trois capitales régionales, l’une dans le Grand Nord, une dans le Grand Sud et la troisième dans le Grand Centre. Parmi les principales structures qui rendront ces capitales régionales attractives, il faut citer les centres universitaires et techniques, les complexes médicaux modernes qui offriront un service international, les complexes sportifs, les parcs de service technologique, les villages de retraite pour le troisième âge, les villages touristiques et les villages de logement à prix modéré pour les enseignants et les employés du secteur public et privé qui ont des salaires modestes. Ces programmes de logement seront développés en collaboration avec l’Office National D’Assurance, pour satisfaire les besoins des employés. Il y aura aussi des programmes pour adresser les besoins de personnes venant de tous les horizons.

Ces grands programmes de construction vont contribuer à réduire la crise du logement dans le pays et à améliorer la situation de l’habitat également. Le coût du logement absorbe une partie très élevée, parfois jusqu’ à 45%, du budget des familles et malgré ce coût prohibitif, les gens sont trop souvent mal logés pour leur argent. Plusieurs facteurs, tel que le déséquilibre entre l’offre et la demande, sont responsables pour les prix élevés. Ensuite, la construction des logements est couteuse. Les intrants qui rentrent dans la construction des maisons et des bâtiments sont chers et ne sont pas disponibles sur le marché de façon rationnelle pour prendre avantage de la production d’échelle. Mais, le développement d’une industrie importante de support à la construction devrait être l’une des conséquences positives de ces grands chantiers. Dans le cadre de ces activités, le Parlement devrait envisager aussi de passer les lois sur la construction en hauteur. Car, compte tenu de la limitation et du coût élevé de l’espace foncier, dans certaines villes, la construction de complexe d’appartements et des immeubles à étage, est l’une des façons de réduire le coût du logement dans le pays qui vit actuellement une crise chronique dans ce domaine.

L’ouverture des chantiers pour la construction des capitales régionales doit se faire successivement. Ces programmes vont exiger de la planification et du temps pour mobiliser les ressources humaines, techniques et financières nécessaires à ce grand effort national. Pour débuter ces programmes, sur le plan financier, il faudra la création des fonds régionaux que j’ai décrits dans le texte suivant :

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.-

Les Villages Renaissances du Troisième Age

Cependant, les activités de construction d’immeubles importants ne devraient pas être limitées aux villes des capitales régionales uniquement. Dans chaque département, la possibilité existe de construire des villages modernes pour accueillir les Haïtiens de la diaspora qui sont à l’âge de la retraite. Les villages renaissances du troisième âge seront une façon, aussi, pour le pays de dire un grand merci à cette population qui a travaillé très dur durant de nombreuses années afin de permettre au pays de survivre. Les services offerts dans ces villages offriront des débouchés également pour nos jeunes qui se seront spécialisés dans l’assistance aux personnes âgées.

Pendant la période intérimaire, dans le cadre du programme de la Déconcentration de Port-au-Prince, nous avons inauguré la construction de 10 complexes administratifs, coûtant chacun plus de 1 million de dollars pour loger les services déconcentrés de l’État qui sont éparpillés dans chaque département. En plus de ces complexes, le programme avait supporté aussi la construction de plusieurs complexes municipaux. Ces bâtiments devaient accueillir les services locaux et déconcentrés dans un cadre attractif et moderne, afin d’offrir un service de qualité aux clients. Les fonds alloués à la construction de ces complexes étaient déjà soit disponibles soit déjà décaissés. Dans ces complexes, des centaines de jeunes cadres fraîchement sortis de nos universités devraient avoir la possibilité de faire leur première expérience dans l’administration publique. Encore, des rêves renvoyés à plus tard par l’obscurantisme !

La plupart des Haïtiens qui travaillent en République Dominicaine et en Floride sont engagés dans le secteur de la construction, du tourisme et de l’agriculture. Ils ont acquis de l’expérience et ont été exposés à des industries hautement performantes dans ces pays. C’est parmi eux surtout que nous aurons à recruter, au début, beaucoup des spécialités dont nous aurons besoin pour le lancement de ces programmes de construction. Ils serviront également à former les jeunes du pays pour faciliter la réalisation de plusieurs programmes simultanément. Un programme de retour au pays natal sera d’autant plus possible que le secteur de construction est au ralenti et aux Etats-Unis et en République Dominicaine.

En effet, comme cela s’est passé avec la République Dominicaine qui a attiré de nombreux talents de notre pays en lançant son secteur de la construction, si nous avions une vision et une volonté de construire notre pays, nous avons là un contexte idéal pour attirer des talents dans le secteur de la construction. Bien sûr, nous devrons d’abord penser à résorber le chômage et à créer de l’emploi pour les jeunes qui arrivent en masse sur le marché du travail. Mais, nous ne pouvons pas négliger que ces programmes de construction seront également attractifs pour des talents de la diaspora qui ont l’expérience et parfois le capital pour aider à dynamiser les chantiers dans le pays.

La relance du secteur de la construction aux Etats-Unis, par exemple, va prendre un peu de temps, si une solution n’est pas trouvée par le gouvernement Obama pour résoudre certains problèmes qui frappent ce secteur. Car, la liste des maisons qui sont à vendre sur le marché dépasse 5 millions d’unités, et 30% des propriétaires qui veulent vendre ont des hypothèques plus élevées que la valeur de leur maison sur le marché.

A un moment donné après la catastrophe de l’effondrement de l’école de Nérette qui coûta la vie à plus d’une centaine d’écoliers, le gouvernement parlait de déplacer les bidonvilles et de corriger les erreurs que nous avions tolérées avec le foisonnement des constructions anarchiques pendant plusieurs décennies. La question qu’il faut se poser, quand l’État a failli à sa première mission régalienne de protéger la vie des citoyens, surtout des enfants, est-il moralement dans une position d’utiliser la force pour corriger une tendance qu’il a tolérée pendant trop longtemps ? Si nous utilisons de tels moyens, nous serions très décriés. En fait, une société démocratique doit utiliser des méthodes incitatives pour atteindre ses objectifs. Si nous voulons résoudre le problème des bidonvilles, commençons par construire de nouvelles villes modernes.

La construction des villes régionales et des villages renaissances du troisième âge rencontre toutes les conditions pour créer du travail pour les jeunes du pays. Elle créera de l’emploi depuis la conception du plan d’aménagement. Car, elle va donner du travail aux architectes et ingénieurs de toutes les spécialités. Ensuite, elle va mettre à pied d’œuvre des contremaîtres, des charpentiers, de électriciens et des travailleurs dans le domaine du béton, de l’hydraulique ; des emplois pour les techniciens de la maçonnerie, de la soudure, de la ferronnerie et occuper tous les ateliers spécialisés. Les manœuvres et les apprentis, dans tous les domaines, seront en demande. Ces vastes chantiers vont attirer les jeunes qui sortent de l’université et des écoles de métiers. Les talents en herbe trouveront une opportunité pour débuter une carrière et faire leurs premiers pas.

Les industries et services connectés à la construction vont aussi en profiter. Comme les activités liées à l’industrie de l’acier, du fer, de la tôle, du ciment. Les fabricants de blocs de ciment et les briques de terre cuite et du marbre auront à desservir un marché élargi. Cela va donner un regain de travail aux fabricants de meubles et aux ateliers d’artisans qui travaillent dans le domaine de la décoration intérieure, aux entrepreneurs de la manutention et du transport de matériaux et des milliers de journaliers.

Mais, cet effort national doit avoir des objectifs clairs et des résultats mesurables afin que les ressources soient utilisées de façon efficiente.

Je vous invite à lire ma position sur le sujet en 1986, en cliquant sur le lien suivant :

CENT QUATRE VINGT TROIS ANS APRÈS


La Manie des Mauvais Choix

Malheureusement, par un manque de vision, le gouvernement n’a pas pris les mesures pour réduire ses dépenses et augmenter les investissements dans les collectivités, afin d’accroître les possibilités d’une reprise économique dans le pays. Tout au contraire, il a tenté, de préférence, d’augmenter le fardeau des membres de la diaspora qui triment dur pour tenir le pays à flot et permettre à une grande partie de la population de ne pas mourir de faim.

En effet, est-ce la seule façon que ce gouvernement a pu trouver pour augmenter ses revenus serait d’ajouter des taxes sur les appels téléphoniques payés par la diaspora et de vendre plus cher les passeports qu’achètent déjà trop cher les membres de la diaspora ? Est-ce que la diaspora est la vache laitière corvéable à merci ? Qu’est-ce que le gouvernement se propose d’offrir en retour à la diaspora qu’il veut saigner à blanc? Est-ce que ces fonds serviront à financer la Décentralisation ?

Pourtant, une fois qu’une politique consistante de décentralisation aura été mise en place, avant même qu’elle atteigne une masse critique, l’économie commencerait à se redresser à partir de ces milliers d’emplois qui seront créés à travers le pays.

Les investissements vont avoir un effet multiplicateur qui va dynamiser tous les autres secteurs. Tous ces gens qui gagnent un salaire vont pouvoir manger, boire, se vêtir, se divertir, se déplacer d’un point à un autre, et auront de quoi payer pour les services. Une fois que la demande est là, des mesures devront être prises pour accompagner les jeunes professionnels et entrepreneurs qui veulent offrir des services, en mettant à leur disposition un encadrement adéquat et un financement approprié. Car, même si les ressources financières sont importantes, elles ne serviront pas à grand chose, s’il n’existe pas, aussi, un climat d’affaires favorable et un accompagnement qui encourage la création et la réussite de nouvelles entreprises.

D’autre part, en attendant la complémentation du programme de décentralisation, il faut lancer un programme de déconcentration avec l’objectif de faciliter la décentralisation qui exige l’élection des assemblées locales qui doivent permettre le transfert graduel aux municipalités des compétences qui sont prévues par la Constitution de 1987. Le pouvoir central, dans le cadre de la déconcentration, pourra établir les bureaux de ses services dans les locaux des villes de provinces à proximité des citoyens qu’il tient à servir.

Une Hypothèse Vérifiable

Trente années et plus de cela, à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), mes camarades et moi n’étaient pas tous d’accord sur la cause de la croissance démographique rapide de la capitale. Le fait que Port-au-Prince soit une ville capitale ne pouvait expliquer, qu’en partie, pourquoi son urbanisation était aussi poussée par rapport aux autres villes et qu’elle soit, ainsi, un pôle d’attraction pour la population du pays. Mais, urbanisation était un concept très relatif dans ce cas précis, car une grande partie de la population de la capitale, vivait en marge de la ville, dans des maisons délabrées. Aucun effort non plus n’était entrepris pour trouver une solution à la croissance anarchique de ces bidonvilles qui entouraient la principale ville du pays.

En effet, la population des bidonvilles manquait à l’époque et aujourd’hui encore, même le minimum. Elle vivait en dehors de l’armature urbaine et ne bénéficiait d’aucun des réseaux de service qui agrémentent et rendent la vie urbaine confortable et agréable. Les bidonvilles ne sont pas équipés de système de voirie pour le ramassage des ordures. La population marche dans l’eau stagnante et puante, en absence d’égouts et les passants circulent dans les rues crottées en compagnie des porcs ; pas d’électricité, ni même l’eau courante… C’est un système d’abandon qui rappelle les pays qui pratiquent l’apartheid, où deux peuples de races différentes sont, par le hasard des circonstances, obligés de partager un même territoire, un pays. D’aucuns accusaient le régime des Duvalier d’avoir mené une politique populiste qui avait occasionné ce problème.

Ce qu’ils entendaient par là, c’est le fait que pour les fêtes nationales et à l’occasion de certains événements politiques, les Duvalier, (surtout le père), invitaient les paysans à venir en masse à la capitale pour manifester leur support au régime. Alors, une bonne partie de ces paysans ne repartaient pas vers la province où ils étaient venus. Mais, ceci n’était pas suffisant pour expliquer le problème et l’intensité de la croissance des bidonvilles. D’ailleurs, ce problème continue, ce qui voudrait dire qu’il existe des causes fondamentales. Elles sont encore présentes et produisent encore les mêmes effets.

Ce que je croyais à l’époque, c’est une affaire de jobs et d’opportunités que manquent les résidents des villes de province et des sections communales. Et, je crois encore la même chose. Donc, tant que la priorité sera donnée à une politique de concentration en faveur de la capitale, tant le problème va s’empirer jusqu’au jour où il sera trop tard et nous déboucherons sur une catastrophe et des grincements de dents.

Pour voir mon argumentation sur le sujet en 1986, cliquer sur le lien suivant :

RESTRUCTURATION DE LA COMMUNAUTE RURALE ET URBAINE

Toutefois, le professeur de Géographie Economique de ma promotion à l’ENS, le coopérant français, Jean-Pierre Pirovano, nous porta à investiguer les théories établies comme des évidences sur la question du déclin des villes de province. Le professeur Pirovano avait organisé des travaux de terrain grâce à un contrat qu’il avait trouvé de la Texaco pour préparer une nouvelle carte d’Haiti.

Parmi nos sorties de recherches, nous avions été à Miragoâne pour étudier l’impact de l’opération d’exploitation de la bauxite sur la région des Nippes. Nos fiches de recherches montraient que les gens de cette région qui est devenue aujourd’hui le Département des Nippes, ne se déplaçaient pas beaucoup vers Port-au-Prince. Car, l’usine de bauxite fournissait du travail et des opportunités. Mais, en plus, il y avait un hôpital qui offrait la plupart des services que la population pouvait trouver à l’Hôpital Général à Port-au-Prince.

Les résultats des recherches que nous avions menées sur le terrain nous ont montrés que les gens de la province venaient et restaient de façon permanente à la capitale pour 3 raisons principales :

1- L’espoir de trouver du travail
2- L’absence de service dans les villes de provinces
3- Les besoins liés à la formation éducative de niveau universitaire et technique.

Bien sûr, il y a d’autres raisons. Mais, les gens se déplacent de la province, parfois là où ils vivaient plus ou moins confortablement, vers Port-au-Prince, car le gouvernement et le secteur privé aussi, mènent une politique de concentration en prenant presque toutes leurs initiatives à la capitale. Par exemple, les parcs industriels de Port-au-Prince donnent l’illusion que quelqu’un qui rentre de la province peut trouver un travail. Mais, probablement, la triste vérité est qu’une seule position serait disponible pour chaque 10 personnes qui cherchent un emploi. Donc, les 9 autres, chômeurs, vont s’agglutiner avec leur frustration dans une des bidonvilles qui ceinturent la capitale. Une recette explosive…


Pas nécessairement tout, tout de suite

Les efforts qui sont menés en faveur de la décentralisation, surtout par les chambres de commerce, sont encore trop timides et limités au secteur d’affaires pour mesurer leur impact et voir comment ils pourraient apporter un véritable changement dans les choix en application dans le pays.

Certains secteurs du parlement prônent que les priorités du gouvernement devraient être exécutées dans un cadre déconcentré où les mairies reçoivent la responsabilité d’assignation et de supervision d’une partie du budget alloué à leur commune. Dans le cas ou ces secteurs obtiendraient gain de cause pour leurs mandants de la province, ces choix devraient nécessairement refléter dans le budget.

Par exemple, si 10% du budget est consacré à une ligne prioritaire, comme l’éducation universelle des enfants, le gouvernement pourrait diviser cette ligne budgétaire en trois parties :

La première partie serait sous le contrôle direct du gouvernement central, afin de payer pour les frais relatifs à la planification, la supervision et les mesures incitatives qui récompensent les résultats atteints selon les objectifs prévus.

La deuxième partie devrait être à la disposition des maires sur une base proportionnelle à la démographie de leur commune. Les décaissements se feraient pour financer des projets définis dans un tableau de bord et selon des normes préétablies.

La troisième partie devrait former des fonds exceptionnels de réserves, pour permettre au gouvernement central d’intervenir dans les communes qui auraient atteint des résultats trop faibles et dans certains cas, pour suppléer aux imprévus.

Enfin, après mes études à l’Ecole Normale Supérieure, j’avais choisi d’aller dispenser des cours d’Histoire et de Philosophie au Lycée Pinchinat de Jacmel, dans le cadre de la réforme lancée par le Ministre Bernard pour une éducation plus moderne et ciblant un segment plus large de la population. Ensuite, j’avais lancé dans le Nord-est du pays, un projet de reforestation et de production de charbon de bois et d’arbre fruitier. Plusieurs de mes camarades avaient aussi choisi d’aller travaillé en province. Ainsi, les efforts individuels peuvent contribuer, mais ne peuvent suffire, à lancer une tendance à se déplacer de la capitale vers la province pour offrir des services. Donc, il faut une intervention suivie et déterminée de l’État pour encourager les jeunes cadres à aller en province pour offrir leurs services. C’est cela qui peut se faire dans le cadre d’une décentralisation systématique débutant avec la création des infrastructures de base.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire